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«Complément d’enquête» : l’équipe du film attaque Yann Moix et Gérard Depardieu pour «faux» et «usage de faux»

Dans le cadre de la procédure judiciaire qui oppose l’équipe du film à l’écrivain et à l’acteur après la diffusion de l’émission de France 2, les deux personnalités sont citées devant le tribunal correctionnel de Paris.
A Paris, le 30 août 2020. Les avocats de la boîte de production lilloise Hikari ont fait parvenir une citation directe à la défense de Yann Moix et Gérard Depardieu. (Jack Tribeca/Bestimage)
publié le 20 mars 2025 à 16h31

Guerre des rushs, nouvel épisode. Dans le contexte du violent litige qui entoure la diffusion, fin 2023, du Complément d’enquête consacré à Gérard Depardieu, une nouvelle procédure vient d’être engagée. D’après nos informations, ce jeudi 20 mars, les avocats des auteurs du film ont fait parvenir une citation directe à la défense de Yann Moix et Gérard Depardieu, respectivement attaqués pour «fausse attestation», «complicité de tentative d’escroquerie au jugement» et «utilisation de fausse attestation», «tentative d’escroquerie au jugement» et «dénonciation calomnieuse».

Le reportage, intitulé «La chute de l’ogre», avait suscité une intense polémique. Il comportait notamment une séquence tournée dans un haras, en Corée du Nord, en septembre 2018. Gérard Depardieu y tenait, d’après Complément d’enquête, des propos obscènes à l’adresse d’une fillette. Ce que l’acteur conteste formellement, raison pour laquelle il a porté plainte pour «montage illicite». Dans la foulée de la diffusion, Depardieu et Moix ont également attaqué conjointement France Télévisions et la boîte de production Hikari – à l’origine du montage de cette séquence fourni au magazine d’investigation – pour «abus de confiance» et «travail dissimulé». L’affaire doit être plaidée le 6 mai, au tribunal correctionnel de Paris. En outre, leur défense a porté plainte contre plusieurs médias, dont Libération, pour un article écrit en novembre 2024. Cet article revenait en détail sur la scène du haras, en expliquant que la fillette était bien présente devant Gérard Depardieu à chaque fois que l’acteur tenait des propos obscènes, mais sans se prononcer sur la destinataire des propos.

Un nouvel axe de défense pour Moix

C’est précisément dans le contexte du débat autour de cette scène que s’inscrit la nouvelle procédure. Les avocats des auteurs de Complément d’enquête Emmanuel Tordjman et Joséphine Sennelier, se fondent sur une pièce versée à la procédure engagée pour «montage illicite», en l’occurrence un mail rédigé par Yann Moix à l’adresse de son avocat Jérémie Assous, en janvier 2024. Dans ce texte, envoyé postérieurement à la diffusion du Complément d’enquête, Yann Moix décrit comment le film 70, tiré du voyage de Depardieu en Corée du Nord, relève d’une fiction dans laquelle l’acteur et lui-même jouent leur propre rôle – une rhétorique qui tranche avec ses précédentes déclarations (décrivant parfois le projet comme un documentaire) et qui correspond à son nouvel axe de défense.

Surtout, dans ce mail, Yann Moix revient sur la fameuse scène du haras et assure que les propos obscènes de Depardieu ne sont pas tenus à l’adresse d’une enfant mais d’une femme d’une trentaine d’années. Et donc, que le montage proposé dans l’émission de France Télévisions serait frauduleux.

Audience le 6 mai

Pour les avocats de l’équipe du film, l’utilisation de cette affirmation devant un tribunal pourrait relever d’une «tentative d’escroquerie au jugement» de la part de Gérard Depardieu (et de «complicité de tentative d’escroquerie au jugement» de la part de Yann Moix), dans la mesure où il l’utilise dans le cadre de sa plainte pour «montage illicite». «Or, ce paragraphe est faux, selon Me Tordjman. Car nous savons que Yann Moix n’était pas présent au moment des propos tenus.»

Cette citation directe doit mener à une audience de consignation (où sera examinée sa recevabilité) également fixée au 6 mai prochain, devant la même chambre du tribunal correctionnel de Paris où doivent également être plaidés les griefs de Yann Moix et de Gérard Depardieu. La plaidoirie sur le fond se tiendra ultérieurement.

Auprès de l’AFP, Jérémie Assous a jugé «cette initiative ridicule». Selon lui, les précédentes étapes judiciaires ont d’ores et déjà montré que les actions de ses clients sont «considérées comme légitimes».