Bonjour,
Vous nous avez interrogés sur l’avancée de la campagne de la quatrième dose en Israël, qui a été l’objet d’annonces parfois contradictoires. Face à l’arrivée du variant omicron, dont la progression inquiétante était observée à l’étranger, Israël a fait le choix de dégainer rapidement une quatrième dose de vaccin pour les plus de 60 ans, les immunodéprimés et les soignants. Si le gouvernement israélien affiche un nombre de 500 000 personnes ayant reçu une dose de rappel, sa stratégie empressée est marquée d’annonces pleines d’espoir, mais aussi d’hésitations et à présent de doutes puisque les premiers résultats d’une étude israélienne indiquent que la quatrième dose «n’est que partiellement efficace contre le variant omicron». CheckNews a compilé un mois de rebondissements sur cette démarche.
Le mardi 14 décembre, Israël, craignant d’être submergé par le variant détecté en Afrique du Sud, annonce le lancement d’une étude clinique menée sur 200 soignants volontaires du centre médical Chaim Sheba, le plus grand hôpital du pays.
Are we on our way to a 4th vaccine?
— Israel Pandemic Info Center (@PandemicInfoIL) December 14, 2021
Israel’s Sheba Medical Center will be conducting an unprecedented study to examine the effects of a 4th “booster” vaccine on the level of antibodies in 200 volunteers.
This will be the first such study in the world 🌎
«Nous continuons à faire œuvre de pionnier»
Une semaine plus tard, le 21 décembre, son Premier ministre, Naftali Bennett se réjouit de la «merveilleuse nouvelle qui va nous aider à traverser la vague omicron qui engloutit le monde». Le jour même, les experts médicaux des comités consultatifs du contrôle de l’épidémie et de la vaccination recommandent une quatrième dose de vaccin pour les plus de 60 ans, les immunodéprimés et le personnel médical. «L’Etat d’Israël continue d’être à l’avant-garde de l’effort mondial pour faire face à la pandémie. Les citoyens d’Israël ont été les premiers au monde à recevoir la troisième dose du vaccin contre le Covid-19 et nous continuons à faire œuvre de pionnier avec la quatrième dose également», déclare alors le dirigeant.
BREAKING: Israel will become the first country in the world to administer the 4th COVID-19 vaccine. The first group eligible will be people age 60+ & medical personnel.
— Israel Pandemic Info Center (@PandemicInfoIL) December 21, 2021
Selon l’avis des experts israéliens, les publics concernés peuvent recevoir la nouvelle dose de rappel quatre mois après la troisième vaccination et le lancement de la campagne est prévu «en toute hâte, tout en examinant les données dans les prochains jours». Le quotidien israélien Haaretz indique que le panel d’experts s’est appuyé sur les données d’une analyse préliminaire menée par des chercheurs du ministère de la Santé, de l’Institut Weizmann, du Technion, de l’université hébraïque et de l’Institut Gertner. Cette étude indique que la protection fournie par la troisième dose décline après trois mois chez les personnes de plus de 60 ans. D’où la recommandation par les experts médicaux d’injecter une quatrième dose. Plusieurs titres de presse israéliens évoquent un lancement de campagne prévu pour le dimanche 26 décembre.
Mais deux jours plus tard, le 23 décembre, la suspension de la campagne de quatrième dose est évoquée par les médias israéliens et internationaux. En cause : la possible moindre gravité du variant omicron. Selon la chaîne de télévision Channel 13, le directeur général du ministère de la Santé, le professeur Nachman Ash souhaite d’abord consulter les résultats d’une analyse du 23 décembre de l’agence de sécurité sanitaire britannique (UKHSA) qui indique prudemment que les personnes contaminées par omicron ont entre 50 et 70% moins de chances d’être hospitalisées que celles infectées par delta.
Citant le travail de Channel 13, le journal anglophone The Times of Israel explique que si d’autres données signalant la faible dangerosité d’omicron s’accumulent, «M. Ash pourrait ne pas soutenir la recommandation» des comités rendue le 21 décembre «et renvoyer la question à une nouvelle délibération». Même si le Premier ministre s’est félicité de la quatrième dose, «Ash a le dernier mot sur le sujet» insiste le Times of Israel.
«Le nombre d’anticorps multiplié par cinq»
Finalement, le 31 décembre, le directeur général du ministère de la Santé donne son feu vert pour la quatrième dose de vaccination des immunodéprimés, suivie le 2 janvier par celle concernant les plus de 60 ans et le personnel médical. Le 4 janvier, deux jours après le lancement, le Premier ministre déclare, en s’appuyant les résultats préliminaires d’une étude du centre médical Sheba, qu’«une semaine après l’administration de la quatrième dose, nous savons avec un degré de certitude plus élevé que la quatrième dose est sûre» et surtout que «le nombre d’anticorps est multiplié par cinq chez la personne vaccinée».
How effective is a 4th shot?
— Israel Pandemic Info Center (@PandemicInfoIL) January 4, 2022
Antibodies increase fivefold in the first week, according to the preliminary results of an Israeli study.
Israel began administering a 4th dose of the COVID-19 vaccine last week (to people 60+) — making it the first country in the world to do so.
Tandis que les photos des Israéliens quadruplement vaccinés se multiplient dans la presse, Nachman Ash, à qui revenait la haute responsabilité d’autoriser cette seconde dose de rappel, reconnaît avoir eu «des appréhensions au sujet de la quatrième dose», mais soutient qu’il est «certain» que la mesure destinée, pour le moment, aux plus de 60 ans, aux immunodéprimés et aux soignants, aidera le pays faire face à la pandémie.
Le 10 janvier, une déclaration du PDG de Pfizer vient toutefois troubler la stratégie israélienne. Sur la chaîne américaine CNBC, Albert Bourla déclare qu’il ne sait pas «si une quatrième dose est nécessaire, c’est quelque chose qui doit être testé». Au fait de la situation en Israël, «qui a déjà commencé certaines expériences», Bourla indique que son groupe pharmaceutique va «également mener certaines expériences pour nous assurer que si nécessaire, nous l’utiliserons». Il ajoute, semant un peu plus de doutes, que Pfizer est en train d’élaborer un vaccin pour lutter plus efficacement contre le variant omicron.
Pfizer CEO Albert Bourla says a vaccine that targets the omicron variant will be ready in March. “I don’t know if we will need it. I don’t know how it will be used. But it will be ready.” https://t.co/hMjE86D1M1 pic.twitter.com/GBKZVUcAGa
— CNBC (@CNBC) January 10, 2022
L’initiative israélienne inspire cependant le Chili, qui préconise une quatrième dose à partir du 10 janvier pour les personnes immunodéprimées et à partir de février pour les plus de 55 ans. En France, le ministre de la Santé, Olivier Véran indique le 11 janvier qu’«il est encore trop prématuré pour se prononcer sur le sujet» et que la question d’une quatrième dose est étudiée par le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale ainsi que par la Haute autorité de santé.
La quatrième dose «partiellement efficace» face à omicron
Ce lundi 17 janvier, le centre médical Chaim Sheba a publié un communiqué de presse indiquant les premiers résultats, plutôt décevants, de son étude commencée le 14 décembre sur son personnel soignant. «Le vaccin, qui était très efficace contre les variants précédents, est moins efficace contre le variant souche omicron», observe la directrice de l’unité de prévention et de contrôle des infections Gili Regev-Yochay, qui détaille que «compte tenu des données exclusives du centre médical Sheba sur la maladie omicron parmi ses employés participant à la grande étude sérologique, nous comprenons que malgré l’augmentation significative des anticorps après le quatrième vaccin, cette protection n’est que partiellement efficace contre le variant omicron, qui est relativement résistant au vaccin».
Rapportant ces éléments, le Times of Israel écrit que la médecin «a ajouté que c’est probablement une bonne idée de donner une quatrième dose aux personnes à haut risque, mais elle laisse entendre que la campagne actuelle, qui offre également le vaccin aux plus de 60 ans, devrait peut-être être modifiée pour n’inclure que les groupes encore plus âgés». Sans donner plus de détails ou présenter les résultats bruts de l’étude.
Plus de 500 000 personnes ont reçu une quatrième dose de vaccin Pfizer, selon un chiffre communiqué le 13 janvier par le ministère de la Santé.