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Cyclone Chido à Mayotte : la Croix-Rouge a renoué le contact avec plus de la moitié des 200 membres jusqu’ici injoignables

Cyclone Chidodossier
Cinq jours après le passage du cyclone, le directeur de l’urgence et des opérations de la Croix-Rouge française indique à «CheckNews» qu’une centaine de ses bénévoles et salariés mahorais sont toujours injoignables.
Dans le bidonville de Kawéni à Mayotte, le 19 décembre. (Ludovic Marin/AFP)
publié le 19 décembre 2024 à 15h32

Depuis le passage du cyclone Chido à Mayotte, samedi 14 décembre, les autorités françaises ont du mal à communiquer un bilan précis du nombre de morts et de disparus. Mercredi, le bilan officiel s’élevait à 31 morts, dont 22 décès à l’hôpital et 9 recensés par les communes, tandis que le préfet disait craindre, lundi, plusieurs centaines, voire milliers de morts.

Cette difficulté à établir un bilan, même provisoire, a également été rencontrée par la Croix-Rouge à Mayotte. Mardi 17 décembre, le porte-parole de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge, Tommaso Della Longa, indiquait à la BBC avoir «actuellement perdu le contact avec plus de 200 de [ses] volontaires de la Croix-Rouge sur place». L’information a été rapidement reprise par plusieurs médias français. Certains comme Nice Matin écrivaient que «plus de 200 volontaires de la Croix-Rouge pourraient avoir disparu».

Joint par CheckNews ce jeudi, Florent Vallée, directeur de l’urgence et des opérations à la Croix-Rouge française, indique qu’«il nous reste encore une petite centaine de personnes, moins de 100, qu’on n’avait pas réussi à joindre au bout du téléphone hier soir». Il s’agit surtout de bénévoles mais aussi de salariés.

Il insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas encore de disparus, mais de personnes pour l’instant injoignables. «C’est tout à fait logique puisqu’il n’y a pas de réseau téléphonique, il y a des problèmes de circulation. Ça avance au fur et à mesure, mais il ne faut pas oublier qu’on est à J + 5 après le cyclone. Il faut rester raisonnable dans ce qu’on arrive à faire», explique notre interlocuteur.

Pour retrouver la trace de ses membres, dont elle n’avait plus de nouvelles, la Croix-Rouge a demandé à ses bénévoles et salariés de se signaler sur un numéro de téléphone, en appelant ou par texto. L’organisation humanitaire a pu compter sur le maillage de son réseau à Mayotte : «En fait, en ayant une personne, on arrive parfois à avoir des nouvelles de dix personnes. Elles sont habituées à avoir une chaîne d’alerte comme on faisait il y a vingt ans en métropole et un fonctionnement par quartier, avec un référent du quartier donc on arrive comme ça à avoir des nouvelles de nos membres».

Initiatives propres aux salariés

Florent Vallée raconte également avoir eu des retours de situations positivement surprenantes. «Dans le sud de l’île, hier, on a eu des contacts avec des salariés, qui avaient repris le travail potentiel d’eux-mêmes. Ils s’étaient autonomisés, sans forcément prévenir : ils menaient des actions, notamment dans un service de soins, ils faisaient des tournées. Ils étaient passés voir des patients, mais ils n’avaient pas réussi à nous contacter.»

Ces initiatives propres aux salariés et bénévoles sont jugées «rassurantes» par le directeur des urgences de la Croix-Rouge française : «C’est ce qu’on essaie de prôner dans les formations de gestion de crise, et c’est très bien que ça se passe de manière réflexe. C’est essentiel.»

Concernant l’évolution du bilan provisoire du nombre de morts, Florent Vallée estime qu’il pourrait prendre des mois et finalement demeurer incomplet. Auprès de l’AFP, un membre du personnel judiciaire du tribunal de Mamoudzou a signalé que dans les bidonvilles de Mayotte, «ça enterre à tour de bras, donc on n’aura jamais de décompte. Que ce soient des gens en situation régulière ou irrégulière, peu importe, on ne saura jamais».