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Délinquants sexuels : vingt ans après, Sarkozy continue de croire qu’il a créé le fichier des empreintes génétiques

Violences sexuellesdossier
Réagissant à l’affaire Philippine lundi 30 septembre au micro d’Europe 1, l’ex-président a ressorti un de ses fameux bobards au sujet du Fichier national des empreintes génétiques.
Nicolas Sarkozy était invité d'Europe 1 lundi 30 septembre. (Capture d'écran Europe 1)
publié le 1er octobre 2024 à 15h56

Lundi 30 septembre, Nicolas Sarkozy faisait son retour, au micro d’Europe 1 Avec sa nouvelle posture de sage de la droite, et ses inénarrables mensonges. Toujours les mêmes à travers les années. Au micro de Sonia Mabrouk, il déclare ainsi, à propos de l’affaire Philippine, brocardant le laxisme de la gauche : «Lorsque en 2004, je crée le fichier des délinquants sexuels, c’est les empreintes. Dès que quelqu’un fait un délit sexuel, pas un viol, j’avais demandé qu’il soit dans le fichier. Les syndicats de la magistrature, toute la gauche, Mme Royal, ont hurlé à la liberté individuelle et ont demandé le démantèlement de [celui-ci].» On peut retrouver, quasiment au mot près, des déclarations semblables de l’ancien président de la République. Par exemple en mai 2011 : «Quand, avec Claude Guéant en 2003, nous avons mis en place le fichier sur les empreintes pour les délinquants sexuels, j’ai fait face à une polémique.» La rubrique Désintox, ancêtre de CheckNews, avait déjà corrigé de nombreuses fois Sarkozy le fanfaron (ici par exemple).

Car ce n’est pas Nicolas Sarkozy – pas plus que son fidèle lieutenant Claude Guéant – qui a créé le fichier des empreintes génétiques pour les délinquants sexuels (FNAEG). C’est en 1998 que ce fichier a été mis en place. Et il concernait alors exclusivement les délinquants sexuels (mais pas uniquement les auteurs de viols). En 2001, c’est sous Daniel Vaillant, ministre de l’Intérieur, qu’il a été étendu aux condamnés pour des crimes graves – homicides volontaires, actes de terrorisme et attaques à main armée.

En 2003, Nicolas Sarkozy, alors place Beauvau, intervient bien sur le fichier – dans le cadre de la loi sur la sécurité intérieure –, mais pour l’élargir à tous les auteurs d’atteintes aux personnes et aux biens. Surtout, la loi de mars 2003 permet aussi de ficher, outre les condamnés, les personnes mises en cause (à savoir «à l’encontre desquelles il existe des indices graves ou concordants rendant vraisemblable qu’elles aient commis» des infractions).

Il n’était donc pas question d’intégrer dans le FNAEG les auteurs de «délit sexuel», comme Nicolas Sarkozy se le rappelle (mal) aujourd’hui, mais d’y ficher aussi et surtout des personnes non condamnées, simplement mises en cause dans des affaires n’ayant parfois (le plus souvent) rien à voir avec la délinquance sexuelle. Ce qui a effectivement suscité des protestations à gauche. Et ce qui a expliqué l’inflation des profils recensés : alors qu’il ne comportait en 2002 que quelques milliers de profils, le FNAEG est passé à plusieurs millions d’empreintes (en très grande majorité des personnes non condamnées).