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Des drones «Predator» ont survolé Los Angeles pour surveiller les manifestants

D’après des sites permettant de suivre les aéronefs et l’écoute du trafic aérien, au moins deux drones ont été utilisés par la Sécurité intérieure américaine pour suivre les protestations en Californie.
Un drone MQ-9 effectuant une mission d'entraînement dans le Nevada, aux Etats-Unis, en 2019. (William Rio Rosado/Anadolu. AFP)
publié le 11 juin 2025 à 17h12

Les manifestants de Los Angeles ne le savaient probablement pas. Deux drones Reaper, modèle parmi les plus puissants, ont survolé la ville californienne le week-end des 7 et 8 juin dernier, lors des manifestations organisées contre la politique migratoire de Donald Trump et les raids de la police fédérale de l’immigration contre des personnes en situation irrégulière. La garde nationale a été déployée face aux protestataires, mais le gouvernement fédéral a aussi eu recours à des drones «Predator» de type MQ-9, probablement issus de la flotte du département de la Sécurité intérieure.

Plusieurs journalistes ainsi que des passionnés d’aviation ont signalé dès le 9 juin les trajectoires étonnantes observées sur le site ADSB Exchange, qui permet de suivre en temps réel les trajectoires de (presque) tous les aéronefs dans le monde. En l’occurrence, un appareil non identifié dessinait des trajets en forme d’hexagone, avant de retourner survoler la frontière mexicaine. L’internaute «Aeroscout», lui, est parvenu à retrouver des échanges radio du trafic aérien sur des sites spécialisés, faisant mention d’au moins deux drones de type MQ-9. L’information a ensuite été corroborée par le site d’information 404 Media, qui suppose que ces drones appartiennent aux services des douanes et de la protection des frontières, sous tutelle du département de la Sécurité intérieure.

Le drone MQ-9, construit par l’américain General Atomics, est un imposant aéronef de 11 mètres de long, de 20 mètres d’envergure et pouvant peser jusqu’à 4,8 tonnes. Multi-missions, il est dédié à l’ISR, pour «intelligence, surveillance, reconnaissance», et peut effectuer des vols de plus de vingt-quatre heures sans escale. Equipé de très nombreux capteurs, il dispose de caméras optiques et infrarouges et d’un radar. Il est aussi connu pour être un appareil de combat largement utilisé au Moyen-Orient depuis les années 2000.

Utilisés lors des JO de Paris

Les services des douanes et de protection des frontières disposent de plusieurs de ces drones de surveillance. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que ceux-ci survolent des manifestations, à l’image des mouvements de 2020 à Minneapolis, lors des protestations contre les violences policières faisant suite à la mort de George Floyd.

Contactés, le département de la Sécurité intérieure ainsi que les services des douanes et de protection des frontières n’ont pas répondu à CheckNews pour confirmer l’information. Du reste, le week-end des 7 et 8 juin, le ciel de Los Angeles était également parcouru par de nombreux autres aéronefs surveillant la zone : hélicoptères de la police de Los Angeles, de la protection des frontières, avion appartenant à la patrouille des autoroutes de Californie…

La France dispose aussi de ce genre d’appareil. Au-delà des opérations extérieures, notamment au Sahel, les drones Reaper tricolores sont utilisés occasionnellement pour sécuriser l’espace aérien dans le cadre d’événements tels que les sommets internationaux, le défilé du 14 juillet ou lors des célébrations entourant les Jeux olympiques de Paris, en juillet 2024. La surveillance de manifestations, elle, est davantage réalisée par des drones appartenant à la police, de plus petits gabarits, mais également équipés de caméras.