A partir de ce vendredi 24 novembre, l’accord de trêve entre Israël et le Hamas prévoyant la libération de 50 otages en échange de 150 prisonniers palestiniens devrait entrer en vigueur. D’après Reporters sans frontières, «les forces israéliennes ont tué près de 50 journalistes en quarante-cinq jours à Gaza, dont onze dans le cadre de leurs fonctions : l’un des bilans les plus meurtriers de ce siècle». La majorité des journalistes, des Palestiniens, «ont été tués avec des membres de leur famille lors de frappes qui ont touché leurs domiciles», précise l’ONG. Mis à part quelques reportages embarqués avec l’armée israélienne, «les journalistes internationaux ont interdiction d’y entrer», déplore RSF. Mercredi, Tsahal a emmené plusieurs médias voir les tunnels sous l’hôpital Al-Shifa, soupçonnés d’être le QG du Hamas. Mais les journalistes sur place n’ont pas eu accès au reste du bâtiment et «les photos, vidéos et interviews publiées par les médias présents sur place ont toutes été soumises à la censure militaire», indique l’AFP. Contactée, l’agence explique : «Dans une démarche commune avec d’autres médias, [nous avons] sollicité dès le début des hostilités de pouvoir envoyer des journalistes dans Gaza, en vain à ce stade.»
«Je ne peux pas me prononcer sur la manière dont l’armée israélienne envisage de faciliter l’accès des médias à la bande de Gaza» lors de la trêve, a répondu Eylon Levy, porte-parole du gouvernement israélien, à la BBC. Interrogée par CheckNews sur le même sujet, ajoutant également la question de l’accès des ONG, Tsahal a répondu que «pour l’instant, on ne sait toujours pas si cela sera possible». Le sujet d’un accès libre des médias à Gaza a été mis en lumière après la publication d’un article de Politico affirmant que l’administration de Joe Biden s’inquiéterait «d’une conséquence inattendue de cette pause» dans les combats : «L’élargissement de l’accès des journalistes à Gaza et l’occasion d’éclairer davantage la destruction de la région et de retourner l’opinion publique contre Israël.»
«Aucun n’a été autorisé à quitter le territoire»
Selon RSF, «l’accès des journalistes internationaux n’est pas prévu dans l’accord de trêve» mais l’ONG «continue de travailler sur la question pour arriver à ce but». De son côté, le bureau à Jérusalem de l’AFP «n’est pas informé pour le moment d’une quelconque possibilité en ce sens qui serait offerte à l’occasion de la trêve, hormis les [reportages embarqués] déjà proposés par l’armée israélienne», nous indique l’agence. Ce n’est pas faute d’effectif : «L’AFP dispose de neuf employés gazaouis, dont sept journalistes, qui ont dû quitter leur bureau dans la ville de Gaza le 13 octobre à la suite des mises en garde de l’armée israélienne. Nos collègues sont réfugiés dans le sud du territoire, et aucun n’a pour le moment été autorisé à quitter le territoire», nous précise-t-on.
Par un collectif de journalistes
Par ailleurs, «des observateurs indépendants, y compris des membres du personnel du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, de la commission d’enquête pour Israël et le Territoire palestinien occupé, du rapporteur spécial des Nations unies sur les territoires palestiniens occupés, de la Cour pénale internationale et d’organisations de défense des droits de l’homme telles qu’Amnesty International, devraient avoir accès à la bande de Gaza pour mener des enquêtes sur la situation sur le terrain, y compris les frappes aériennes et terrestres aveugles et disproportionnées et d’autres violations du droit international humanitaire par toutes les parties», appelle Amnesty International. L’ONG (qui travaille avec un consultant à Gaza) n’a pas pu se rendre sur place «depuis fin 2012, faute d’autorisation».
«Visite étroitement contrôlée»
La semaine précédant la visite des tunnels sous Al-Shifa, le mercredi 16 novembre, des équipes de Fox News et de la BBC avaient eu accès à une partie de l’hôpital prise par l’armée israélienne. Lors de cette excursion, les soldats avaient présenté aux journalistes des armes, de l’équipement militaire et des pamphlets qui prouveraient la présence du Hamas dans l’hôpital les jours précédents. Des ordinateurs contenant des photos et des vidéos des otages auraient aussi été découverts sur place, selon l’armée.
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Mais les équipes de Fox News et de la BBC indiquent ne pas avoir eu accès au contenu des ordinateurs en question. «Notre visite était étroitement contrôlée ; nous avions très peu de temps sur le terrain et ne pouvions pas parler aux médecins ou aux patients sur place», explique la BBC, dans son reportage. Le 17 novembre, Tsahal a publié une vidéo dans laquelle un lieutenant-colonel arpente des salles de l’hôpital où l’on peut voir le même type de matériel supposément abandonné sur place par le Hamas. Problème, la comparaison entre les différentes images laisse à penser que des armes ont été déplacées avant l’arrivée des journalistes, comme le racontait CheckNews. D’après Tsahal qui s’est justifié auprès de la BBC, de nouvelles armes auraient été découvertes par l’armée après le passage des journalistes.