Ce mercredi 29 novembre en début d’après-midi sont apparues sur les réseaux sociaux plusieurs vidéos violentes montrant deux jeunes garçons touchés par des balles. La plupart des commentaires évoquent deux enfants, tués par Tsahal dans les rues de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie. Comme le rapporte Middle East Eye, les forces israéliennes ont lancé ce mercredi un assaut généralisé sur le camp de réfugiés de la ville, qui est l’un des épicentres des groupes armés palestiniens, et a été le lieu d’affrontements répétés, en particulier depuis le 7 octobre. Dès les premières heures du matin, de nombreuses images diffusées sur les canaux Telegram locaux montraient des soldats de Tsahal, des blindés légers et des bulldozers militaires opérer dans le camp. Les vidéos des meurtres des enfants, elles, ont été relayées peu avant 12 h 30 heure française, sur les mêmes canaux du réseau Telegram.

Les images montrant les tirs sur les enfants sont issues de caméras de surveillance. On lit qu’elles ont été filmées à 14 h 39 mais leur diffusion autour de 13 h 23 heure locale démontre un mauvais réglage de l’heure sur les appareils. Deux caméras distinctes filment la même scène, que CheckNews a géolocalisée dans la rue Al-Yasmine, dans le nord de la ville. L’une est filmée depuis l’embouchure de la voie, l’autre quelques mètres plus haut, de l’autre côté de la rue. Sur ces images, on voit plusieurs jeunes regarder vers le sud, dans ce qui pourrait être une confrontation avec des véhicules de l’armée israélienne sans qu’il soit possible d’être affirmatif, ces derniers étant hors champ.

Certains garçons courent, d’autres reculent doucement. Au premier plan de la première vidéo, un jeune semble tenter d’allumer un projectile de petite taille dans sa main. Quelques secondes plus tard, on observe ce qui serait des balles ricochant sur les murs et sur le sol, alors que le jeune s’effondre et que d’autres partent en courant. L’adolescent visiblement touché bouge encore quelques instants, jette le petit objet (trop petit pour être une grenade ou un cocktail Molotov, hypothétiquement un pétard sans qu’il soit possible d’être affirmatif) qu’il tenait encore avant de s’immobiliser, sans qu’on puisse savoir s’il a été touché une nouvelle fois.

Presque simultanément (la synchronisation des vidéos est réalisable grâce au mouvement d’un jeune qui prend la fuite), un autre garçon est également touché, derrière une voiture blanche, par la même salve de balles. Il s’immobilise rapidement tandis qu’un de ses camarades le tire à l’abri derrière le véhicule, laissant une traînée de sang au sol et faisant signe pour appeler de l’aide. D’autres images prises plus tard montrent des personnes leur porter secours, et l’arrivée de secours sur les lieux.

Comme le rapporte l’AFP, le ministère palestinien de la Santé a annoncé la mort des «deux enfants Adam al-Ghoul, 8 ans, et Bassem Abou el-Wafa, 15 ans, tués par des balles de l’occupant». L’agence de presse s’est entretenue avec un responsable du Croissant-Rouge palestinien et précise que la zone dans laquelle ont eu lieu les tirs est «théoriquement interdite à l’armée israélienne car sous contrôle de la seule Autorité palestinienne». CheckNews a eu accès à des images de l’hôpital, diffusées peu après les faits dans les mêmes canaux Telegram du camp de réfugiés, où l’on reconnaît les corps inertes de l’enfant et de l’adolescent. Ce dernier est ensuite visible dans la morgue de l’hôpital.

Sollicitée par CheckNews, l’armée israélienne a revendiqué les tirs, expliquant : «Plus tôt dans la journée, durant une activité de l’armée israélienne dans le camp de Jénine, plusieurs suspects ont lancé des engins explosifs vers les soldats. Ils ont répliqué en faisant feu vers les suspects et les cibles [touchées] ont été identifiées.» Si, comme évoqué plus haut, on peut effectivement déceler un projectile dans la main de l’adolescent le plus au sud, rien ne corrobore que le second, le plus jeune, en tenait un.

Tsahal a également fait état auprès de l’AFP d’un raid nocturne dans le camp de réfugiés de Jénine, au cours duquel l’armée aurait «tué deux terroristes de haut rang». De leur côté, des sources palestiniennes déplorent la mort de quatre personnes, parmi lesquels deux hommes adultes et les deux enfants tués rue Al-Yasmine.