C’est «le tank israélien qui impressionne les armées européennes». Dans un sujet d’une minute et demie, diffusé sur I24News mardi 16 mai, et supprimé depuis, la chaîne franco-israélienne loue les mérites d’un nouveau produit utilisé par Tsahal. Problème : ce véhicule n’a rien d’un tank et aucune caractéristique révolutionnaire susceptible d’«impressionner» les autres armées.
Techniquement, il s’agit d’un «canon automoteur», une pièce d’artillerie mobile. Et plus précisément d’un Atmos, fabriqué par la société israélienne Elbit Systems. Ce canon automoteur, contrairement à un tank, n’est pas fait pour les rencontres, et n’a donc pas vocation à mener des confrontations directes sur le champ de bataille.
Autre erreur dans le reportage : le mode de chargement. Alors que la journaliste explique en voix off que «ce qui a séduit les pays européens […], c’est son canon automatique, il ne doit pas être rechargé par les soldats», on aperçoit sur les images des soldats… charger manuellement le canon. Cette pièce d’artillerie possède en effet une «assistance au chargement», qui en fait une arme «semi-automatique», et non pas «automatique».
La voix off explique également que «le tank israélien se déplace sur des roues et non sur des chaînes». Problème de traduction ? On parlerait dans ce cas de chenilles, et non de chaînes. Autre interrogation : la portée des obus, annoncée dans la vidéo comme pouvant atteindre «80 kilomètres». Selon Yohann Michel, analyste de recherche à l’International Institute for Strategic Studies, la distance maximale serait plutôt de 40 kilomètres, pour une cadence de tir de 8 coups par minute.
Sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes se sont moqués de ces imprécisions, reprochant aux journalistes de considérer comme des tanks la plupart des véhicules militaires.
D’autres n’ont pas manqué de rapprocher cette pièce de son équivalent français, le canon Caesar, en service depuis le début des années 2000 dans les Forces armées françaises, et exporté depuis dans plusieurs pays. Tout comme le canon aperçu sur la vidéo de i24NEWS, il repose sur un système de tir indirect et n’est pas fait, lui non plus, pour les rencontres sur le champ de bataille. A quelques caractéristiques techniques près, ils ont donc des fonctionnements similaires.
«Ce système n’est ni nouveau ni révolutionnaire, et ne représente pas nécessairement le meilleur équipement sur le marché, conclut Yohann Michel. Il y a dans cette vidéo, soit une profonde méconnaissance du sujet, soit un but de désinformation.»
Quant aux Etats présentés comme intéressés par cette arme, dont le Royaume-Uni, Yohann Michel rappelle que ce pays a déjà misé sur 14 obusiers suédois «Archer», et lorgne également des Caesar français.