Députée La France insoumise (LFI) de la 9e circonscription de Seine-Saint-Denis, Aurélie Trouvé s’est indigné, le 5 août sur X (anciennement Twitter), qu’«un enfant sur 2 ne [sache] pas nager en 6e». Une affirmation qui a fait sursauter la ministre des Sports. Dénonçant l’utilisation d’«un faux chiffre», Amélie Oudéa-Castéra a assuré, dès le lendemain, et sur la même plateforme, que «plus de 4 élèves sur 5 savent nager à l’issue de la 6e». Alors que de nombreuses études circulent à ce sujet, CheckNews fait le point.
Chiffre faux, manque de respect pour nos athlètes, nos éducateurs et nos clubs, récupération des Jeux pour créer de fausses polémiques : la médaille olympique de la mauvaise foi ! 🥇
— Amélie Oudéa-Castéra (@AOC1978) August 6, 2024
❌ Contrairement à ce que vous écrivez, plus de 4 élèves sur 5 savent nager à l’issue de la… https://t.co/pSppLT1ZTX
Contacté par CheckNews, le cabinet d’Amélie Oudéa-Castéra explique que la statistique mise en avant par l’actuelle ministre, à savoir que seuls 20 % d’élèves de 6e ne savent pas nager, et non pas 50 %, provient d’une étude menée par la Direction générale de l’enseignement scolaire (Degesco). Réalisée en 2023, cette enquête rapporte en effet que le taux d’élèves nageurs, à l’issue de la 6e, sur la période 2022-2023, est de 82,9 %.
Cette enquête, qui demeure à ce jour la plus récente sur le sujet, repose sur un questionnaire rempli par 4 506 établissements, soit 64,5 % des collèges en France. Plusieurs académies n’ont ainsi pas, ou peu, fait remonter de données, comme celle de Strasbourg, où le taux de réponse est de 0 %, ou les académies de Paris et Mayotte, avec une faible proportion de réponses, respectivement 30,5 % et 36,4 %.
Egalement contactée sur l’origine du chiffre qu’elle utilise, la députée Aurélie Trouvé ne nous avait pas répondu à l’heure où nous bouclons cet article. Mais le chiffre qu’elle cite correspond à celui avancé, en 2019, par Roxana Maracineanu, l’ancienne ministre des Sports. Dans un entretien accordé au Parisien, la prédécesseuse d’Amélie Oudéa-Castéra avait déclaré qu’il était «inacceptable» que «la moitié des collégiens, en fin de 6e, ne [sachent] pas bien nager».
Disparités locales et sociales
Si le chiffre le plus récent semble donc donner raison à Amélie Oudéa-Castéra, avec 4 élèves sur 5 en fin de 6e sachant nager au plan national, de fortes inégalités persistent. D’après une étude menée par l’académie de Créteil sur la période 2020-2021, des disparités sont particulièrement observables en Seine-Saint-Denis. Dans ce département francilien, 51 % des élèves qui sortent de 6e sont non-nageurs. Et près de 3 sur 4 élèves ne savent pas nager au début de cette première année de collège.
D’après l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep), la maîtrise de la natation «demeure très inégale selon les milieux sociaux». Selon une de leurs études, datant de 2021, «61 % des enfants d’ouvriers non qualifiés sont de bons nageurs contre 86 % des enfants de cadres». Les chercheurs évoquent notamment l’impact des vacances scolaires, «très liées» à la maîtrise de la natation.