C’est l’image qui a marqué la sixième journée du Salon de l’agriculture 2024. Jeudi 29 février, alors qu’elle déambulait dans les allées, la candidate Reconquête Marion Maréchal a été aspergée de bière. Dans la foulée, l’entourage de Marion Maréchal a expliqué à l’AFP qu’«il s’agissait d’un homme manifestement ivre qui a voulu se rendre intéressant». Un homme soupçonné d’avoir agressé la candidate a été interpellé, selon les informations du Parisien. A ce stade, on ne sait rien de son identité, ni de ses intentions ni de son éventuelle appartenance à un mouvement politique.
🇫🇷 FLASH - Marion Maréchal a été aspergée de bière au Salon de l’Agriculture. (via @ElodieHuchard) pic.twitter.com/7Oys4zpKNc
— Mediavenir (@Mediavenir) February 29, 2024
Ce qui n’a pas empêché Marine Le Pen, tante de Marion Maréchal et cheffe de file des députés Rassemblement national, de réagir dans un tweet interrogatif : «Pourquoi les responsables politiques d’extrême gauche ne sont jamais chahutés, agressés, bousculés ? Leurs meetings jamais perturbés, leurs permanences jamais dégradées ?» Réponse dans le tweet suivant : «Parce qu’il n’y a que leurs militants qui osent se comporter comme cela avec leurs adversaires. Et cela fait des années que ça dure en toute impunité.» Le député de La France insoumise Antoine Léaument a rétorqué dans les commentaires : «Ils le sont. Et par vos amis».
Pourquoi les responsables politiques d’extrême-gauche ne sont jamais chahutés, agressés, bousculés ? Leurs meetings jamais perturbés, leurs permanences jamais dégradées ? #MarionMaréchal
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) February 29, 2024
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De fait, les agressions d’élus et de dirigeants de partis classés à l’extrême gauche de l’échiquier politique ont été nombreuses ces dernières années. Et souvent par des individus se revendiquant des idées de l’extrême droite.
Parmi les responsables politiques visés figure le chef de file historique des insoumis. En juin 2021, au départ d’une manifestation contre l’extrême droite à Paris, Jean-Luc Mélenchon a reçu un jet de farine. Son «enfarineur» s’est révélé être un youtubeur souverainiste.
Croix celtiques
En mars 2022, deux hommes se sont introduits dans un meeting de Philippe Poutou, alors candidat du Nouveau parti anticapitaliste à l’élection présidentielle, à Besançon (Doubs). L’un d’eux a été interpellé après avoir donné un coup de poing à un sympathisant du NPA, puis condamné à huit mois de prison. Ce jour-là, il était vêtu d’un pull portant les armoiries de Vandal de Besak, un groupe nationaliste d’extrême droite, tandis qu’un brassard affichant une croix gammée a été retrouvé par la police à son domicile.
En décembre 2022, une vingtaine de personnes, certaines armées de barres de fer ou de matraques, ont tenté de pénétrer dans l’amphithéâtre où se tenait une conférence des députés LFI Louis Boyard et Carlos Martens Bilongo, au sein l’Université Bordeaux-Montaigne. Bloqué par le service de sécurité des députés, le groupe proférait des slogans racistes.
Toujours du côté de La France insoumise, le maire de Grabels (Hérault) a rapporté avoir été agressé à son retour d’une manifestation à Montpellier, en septembre 2023. René Revol s’approchait de son domicile lorsque «deux individus l’ont bloqué contre un mur» et l’ont traité d’«ami des Arabes», selon son récit. Une agression déjà précédée de menaces de mort reçues durant l’été de la même année, et pour lesquelles l’élu a porté plainte.
S’agissant des permanences, celle du député LFI Loïc Prud’homme a été dégradée en mars 2023, à Villenave-d’Ornon, dans la métropole bordelaise. L’un des tags peints sur le local mentionnait le groupe d’ultradroite «Action directe identitaire», assortissant cette référence d’une croix de Lorraine, un symbole gaulliste parfois récupéré par l’extrême droite. Cette même permanence a de nouveau été vandalisée en juin 2023. Dans les tags figurant sur la façade, les lettres «o» étaient remplacées par des croix celtiques, autre symbole récupéré par l’extrême droite.
Autres exemples survenus en mars et avril 2022 : les devantures des locaux du Parti communiste français à Vitry-sur-Seine et à Gentilly (Val-de-Marne) ont été dégradées. S’y ajoute la façade du siège du PCF à Bordeaux (Gironde), qui a connu le même sort en octobre 2023. Chaque fois, le parti a attribué ces actes de vandalisme à l’extrême droite, accusée d’alimenter «cette haine comme cet acharnement anticommuniste».