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«Forbes» a-t-il donné tort à «CheckNews» au sujet de la perte d’efficacité du vaccin contre le Covid-19?

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Plusieurs soutiens de Didier Raoult affirment qu’une étude danoise évoquée par le magazine américain démontre l’inefficacité du vaccin contre les formes graves de Covid, contredisant ainsi «CheckNews».
Un patient au service de réanimation de l'hôpital intercommunal de Créteil, le 28 décembre 2021. (STEPHANE DE SAKUTIN/AFP)
publié le 17 mai 2022 à 11h41

Dans un article publié le 12 mai, nous expliquions, sur la base de nombreuses études internationales, que contrairement aux déclarations du professeur Didier Raoult, de l’IHU de Marseille, la protection des vaccins contre les formes graves du Covid-19 avait bien une durée supérieure à un mois et demi.

Depuis, plusieurs internautes ont brandi un article du magazine économique américain Forbes, en défense du professeur marseillais. Parmi eux, Nicolas Dupont-Aignan, candidat malheureux à la présidentielle, avec 2,06 % au premier tour, et qui assumait en mars 2022 de ne pas s’être fait vacciner contre le Covid-19. Qualifiant Libération de «torchon», il félicite «Forbes de remettre la vérité dans leur article». Pour Corinne Reverbel, militante antivax très présente sur le réseau social Twitter, le magazine nous «met une grosse claque, ben c’est jouissif !»

Publié le 12 mai 2022, l’article de Forbes est titré : «Selon une étude, la protection du vaccin Covid de Pfizer contre omicron s’estompe quelques semaines après la deuxième et la troisième dose» (en anglais : «Pfizer’s Covid Vaccine Protection Against Omicron Fades Just Weeks After Second And Third Doses, Study Finds»).

Il présente les résultats d’une étude publiée dans le Journal of the American Medical Association par le Statens Serum Institut (SSI), l’organisme chargé par le ministère de la Santé danois du suivi de la pandémie. Le magazine économique résume les résultats en expliquant que «l’immunité contre le variant omicron du coronavirus s’affaiblit rapidement après une deuxième et une troisième dose du vaccin Covid-19 de Pfizer et BioNTech, selon une étude évaluée par des pairs et publiée vendredi dans JAMA Network Open. Une conclusion qui pourrait justifier le déploiement de rappels supplémentaires pour les personnes vulnérables alors que le variant [omicron] entraîne une augmentation des nouveaux cas dans le pays».

L’étude citée ne contredit pas «CheckNews»

Cette étude contredit-elle les conclusions de CheckNews à propos de l’affirmation de Didier Raoult ? Non. Le service de presse du Statens Serum Institut explique en effet à CheckNews que son étude citée par Forbes «n’étudie pas l’efficacité des vaccins contre les formes graves. Elle ne porte que sur l’une des nombreuses réponses immunitaires qui contribuent à la protection contre l’infection et la maladie grave. Nous avons comparé des résultats à propos de l’efficacité du vaccin contre les symptômes. Ce n’est pas la même chose que l’efficacité du vaccin contre les formes graves de la maladie, qui reste élevée comme vous le dites dans votre article.»

Revenant sur la déclaration de Didier Raoult, l’institut danois donne également raison à CheckNews en expliquant que «[son] affirmation est incorrecte : la protection vaccinale contre la maladie grave reste supérieure à 50 % après trois mois, selon plusieurs études, auxquelles vous avez déjà fait référence dans votre article».

Sur les résultats de la publication présentée par Forbes, l’institut danois explique que «le but de l’étude était de mesurer la capacité des anticorps à bloquer l’entrée du variant omicron dans les cellules après la vaccination. Notre étude montre qu’immédiatement après deux doses (soit quatre semaines), il existe en effet des anticorps qui bloquent le variant omicron, mais ils disparaissent rapidement. Après trois doses, les anticorps neutralisants augmentent de manière significative, beaucoup plus qu’après seulement deux doses. Ces anticorps commencent également à diminuer après quelques semaines».