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Gaza : l’ampleur des destructions, quartier par quartier, après cinq jours de frappes israéliennes

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Ciblée depuis samedi par l’armée israélienne, l’enclave palestinienne a subi de nombreux dommages, notamment dans le nord du territoire. Retour, quartier par quartier, sur les bombardements et leurs conséquences.
Les dommages sont très lourds dans l'enclave palestinienne bombardée depuis samedi. (DR; Armée israélienne)
publié le 12 octobre 2023 à 17h34

L’opération a été baptisée «Epées de fer». Depuis samedi matin, dans la foulée de l’attaque du territoire israélien par la milice armée du Hamas, les avions de Tsahal bombardent la bande de Gaza. Une langue de terre grande comme trois fois Paris, coincée entre la Méditerranée et l’Etat hébreu, et peuplée d’un peu plus de 2 millions d’habitants.

Jeudi 12 octobre en milieu de journée, le bilan de ces raids s’élevait, selon le ministère de la Santé de l’enclave, à 1 417 morts, dont 332 enfants, et 6 268 blessés. L’ONU, qui déplore douze décès parmi ses employés dans les bombardements, indique que 340 000 personnes ont été contraintes de fuir leur habitation. Parmi elles, 220 000 ont trouvé refuge dans les 92 écoles de l’organisation. Et d’annoncer, sur la foi des informations fournies par les autorités locales, la destruction d’un millier de logements et des dommages lourds pour 560 autres. Tsahal, de son côté, affirmait, ce jeudi midi, avoir «détruit» 2 687 cibles depuis samedi, via 4000 tonnes de bombes.

En croisant différentes données en sources ouvertes (photos et vidéos amateurs géolocalisées, notamment par le site Geoconfirmed, communiqués de l’armée de l’air israélienne, photos AFP, images satellites…), CheckNews a pu dresser une carte – non exhaustive – des principaux lieux et bâtiments touchés par les frappes, essentiellement au nord de la bande de Gaza.

Quartier Rimal et alentours

Un des quartiers les plus touchés est celui de Rimal, situé dans l’ouest du centre-ville de Gaza. Dès samedi 7 octobre, de nombreuses vidéos montrent des frappes revendiquées par l’Etat hébreu (ici et ) sur des immeubles de la zone, que Tsahal estime «utilisée par des membres de haut rang de l’organisation terroriste Hamas pour commettre des actes terroristes». La tour Palestine, un bâtiment de 14 étages, est bombardée en plein duplex des journalistes d’Al-Jezira. Elle sera achevée un peu plus tard par une autre frappe. La Banque nationale islamique est également détruite, et le port, donnant sur la Méditerranée, frappé par au moins une bombe.

C’est le début d’une campagne massive de raids, qui s’intensifie jusqu’au 9 octobre en milieu de journée, quand le porte-parole arabophone de l’armée israélienne demande aux populations civiles «d’évacuer [leurs] lieux de résidence et [de se] rendre immédiatement dans des refuges ou dans la zone au sud de la ville de Gaza». Des centaines de frappes sont alors effectuées dans ce quartier décrit comme aisé, où sont situés les sièges des médias, les ONG et les ministères du Hamas. Un pan entier de la zone est purement et simplement rasé, comme le montrent les photos amateurs et les photographes présents sur place. L’armée de l’air israélienne, tout comme différents porte-parole de Tsahal, diffusent eux aussi des vidéos et des photos de la destruction du quartier.

La destruction autour de la mosquée Al-Yarmouk a notamment été authentifiée sur ces images, ainsi que, sur ces photos, celle de l’immeuble de la compagnie Palestine communications.

Une photo satellite prise le 10 octobre par un satellite de l’entreprise Maxar (ci-dessous à droite) permet également de constater l’ampleur des ravages dans ce quartier, avec des pâtés d’immeubles réduits à néant.

Ces bombardements ne se sont pas pour autant arrêtés dans la zone. Un peu plus au sud mercredi 11 octobre, l’armée israélienne vise l’université islamique, estimant qu’il s’agissait d’un «centre de formation majeur pour les ingénieurs du Hamas, [un] centre de pouvoir politique et militaire pour l’organisation terroriste Hamas dans la bande de Gaza et un établissement de formation pour le développement et la production d’armes».

Quartier Zeitoun

Dans le quartier de Zeitoun, au sud de Rimal, Tsahal revendique la destruction d’une mosquée, considérant qu’elle abritait «un quartier général opérationnel de l’organisation terroriste du Jihad islamique»

Camp de réfugiés d’Al-Sati

D’après différentes sources officielles, journalistiques, et des vidéos authentifiées, plusieurs frappes ont touché ce camp de réfugiés collé à la mer, dès l’après-midi du lundi 9 octobre, piégeant des personnes dans les décombres de plusieurs mosquées ciblées. Notamment Al-Gharbi, comme le montrent une image satellite de Maxar (ci-dessous) et une vidéo de la frappe, mais aussi la mosquée Ahmed-Yassine, dont les alentours ont été rasés. La mosquée Al-Soussi et ses environs, dans le sud de cette zone, ont également été détruits. Le bilan humain de toutes ces frappes reste flou.

Quartier Tel al-Hawa

Plus au sud encore, dans le quartier Tel al-Hawa, l’hôpital ophtalmologique international a été partiellement détruit. Non loin, un immeuble a été totalement rasé.

Quartier Shejaïya

Dans l’est de la ville de Gaza, dans le quartier Shejaïya, près de la frontière avec Israël, l’armée se vantait, le 9 mars au matin, d’avoir déversé en une heure et demie «100 tonnes de munitions sur environ 120 cibles». Un «nid terroriste du Hamas, d’où sont menées de nombreuses activités contre Israël», selon Tsahal.

Camp de réfugiés de Jabalia

Le camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, a été lui aussi particulièrement ciblé par les frappes israéliennes depuis samedi, comme on peut le voir ici ou , avec de multiples immeubles effondrés, et, semble-t-il, de nombreuses victimes civiles. En témoigne cette frappe opérée en fin de matinée lundi 9 octobre, rapportée par le compte Middle East Eye et différentes vidéos authentifiées, qui aurait causé la mort de 60 personnes, selon le New York Times.

D’après l’ONG humanitaire Defense for Children International Palestine (DCIP), qui vérifie l’identité des victimes de frappes, le bombardement de Jabalia a eu lieu dans une zone résidentielle très densément peuplée. Toujours selon cette dernière, au moins 15 de ces victimes (potentiellement 17) seraient des enfants. Toujours d’après l’ONG, sept civils palestiniens, dont trois enfants, ont été tués dans une autre frappe le 9 octobre à 18h45.

Plus tôt dans la journée du 9 octobre, l’armée israélienne annonçait avoir ciblé dans ce camp «trois lance-roquettes visant le territoire de l’État d’Israël et une mosquée à partir de laquelle se déroulaient les combats». Mardi matin encore, le quartier faisait l’objet de raids de Tsahal.

Quartier Al-Furkan

Dans le quartier Al-Furkan, au nord de Jabalia, que Tsahal considère aussi comme un «nid terroriste du Hamas et d’où sont menées de nombreuses activités contre Israël», l’armée israélienne affirme avoir visé plusieurs centaines de cibles ces derniers jours.

Quartier Beit Hanoun

Dimanche 8 octobre, Tsahal aurait, selon ses propres dires, déversé «des centaines de tonnes de munitions sur 120 cibles», dans cette ville du nord de la bande de Gaza.

Deux jours plus tard, dans la nuit du 10 au 11 octobre, l’armée de l’air israélienne assurait avoir frappé «plus de 80 cibles» sur ce territoire, dont deux succursales bancaires «utilisées par le Hamas pour financer le terrorisme à Gaza, un tunnel et deux centres de commandement opérationnels utilisés par le Hamas pour diriger des activités terroristes contre Israël.» Mardi 10 octobre, le quartier paraissait largement détruit, selon le compte Twitter Osint Aleph.

Khan Younès

Dans le sud de la bande de Gaza, Tsahal a revendiqué, le 10 octobre, avoir «touché des centaines de cibles à Khan Younès [comme on peut le voir sur cette vidéo], notamment des infrastructures de renseignement, des appartements opérationnels, des maisons de membres des organisations terroristes dans la bande de Gaza et des points de rassemblement des terroristes.» Ainsi qu’une mosquée, considérée comme un «entrepôt d’armes utilisées par le Hamas». Une succursale de la banque Intaj a également été détruite. Des frappes ont aussi eu lieu à l’est de Khan Younès, à Abasan al-Kabira, comme le montrent ces images géolocalisées par Geoconfirmed.

Rafah

A l’extrême sud de la bande de Gaza, à la frontière avec l’Egypte, l’armée de l’air israélienne a reconnu, le 10 octobre, avoir frappé plusieurs cibles, dont, selon ses dires, «un tunnel souterrain destiné à la contrebande d’équipement et de munitions». Sur cette vidéo, on peut observer un bombardement à quelques mètres seulement du point de passage avec l’Egypte, à proximité même de la foule amassée dans la zone de contrôle.