Près d’un an après l’attaque terroriste du Hamas, et la prise d’otage de plus de 200 personnes, civiles ou militaires, une centaine d’entre elles sont encore détenus dans l’enclave. Parmi lesquels seulement une cinquantaine seraient vivantes. C’est ce qu’a déclaré dimanche 22 septembre le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, lors d’une réunion à huis clos de la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset, citée par différents médias israéliens. La déclaration selon laquelle la moitié serait encore en vie suggère, en creux, que l’autre moitié des personnes otages sont décédées. Soit un total supérieur à ce qui était admis jusqu’alors par les autorités israéliennes. Dans ses dernières communications, Tsahal faisait état de 101 otages (parmi lesquels 4 ayant été capturés avant le 7 Octobre), dont un tiers décédés. Qu’il s’agisse de personnes tuées en captivité (par leurs geôliers, des frappes israéliennes, ou faute de soin), ou de personnes tuées sur le sol israélien le 7 Octobre.
Selon le décompte réalisé au long cours par CheckNews – décompte qui, à cette heure, ne tient pas compte de la déclaration de Benyamin Nétanyahou – 267 personnes ont été considérées comme otages à un moment donné après le 7 Octobre. Parmi elles, 87 personnes étaient mortes, soit plus du tiers. Selon les informations officielles diffusées par les autorités des différents pays concernés, la majeure partie de ces 87 personnes décédées (environ une cinquantaine) n’avait pas été tuée en captivité, mais le jour des attaques.
214 otages auraient été emmenés vivants à Gaza
Ainsi, au moins 16 personnes considérées un temps comme otages (parfois pendant des semaines ou des mois) ne sont en fait jamais entrées à Gaza, leurs dépouilles ayant été enterrées par erreur avec d’autres victimes, ou identifiées tardivement par la police et l’armée israélienne. Il a fallu un long travail d’identification, réalisé à l’aide d’anthropologues légistes, et avec les renseignements militaires, pour aboutir à la conclusion qu’ils n’ont jamais été otages. A l’instar de Dolev Yehud, présumé otage pendant presque huit mois, parce que disparu, alors que son corps, identifié en juin dernier dans le kibboutz de Nir Oz, n’avait en réalité jamais quitté Israël.
Le décompte des personnes, mortes ou vivantes, dont on estime aujourd’hui qu’elles ont, elles, bien été emmenées à Gaza le 7 Octobre s’élève ainsi à 251. Sur ces 251 personnes, les investigations ont montré, plus ou moins tardivement, qu’une partie avait été tuée lors de l’attaque du 7 Octobre – sans que les familles ne soient immédiatement au courant que leurs proches étaient décédés. Selon les informations dont nous disposons aujourd’hui, 37 corps sans vie ont ainsi été emmenés à Gaza le jour des attaques par des membres des groupes palestiniens (ou des civils) pour constituer une monnaie d’échange avec Israël. Seule une partie d’entre eux – 14, selon les données rendues publiques – a été restituée à leurs familles. Les 23 autres étant toujours à Gaza.
En retranchant au nombre de 251 ces 37 otages déjà décédés le 7 Octobre, 214 otages auraient donc été emmenés vivants à Gaza. Sur ce total, 117 otages ont été libérés vivants, soit dans le cadre de l’accord avec le Hamas, soit lors d’opérations militaires. Les dépouilles de 24 personnes, décédées au cours de leur captivité, ont également été rapatriées en Israël.
A partir de ces chiffres, on estime le nombre de personnes, vivantes ou mortes, capturées le 7 Octobre et toujours otages à Gaza à 96. Jusqu’alors, en se fiant aux déclarations israéliennes, on considérait que 33 étaient décédés (dont dix morts en captivité), laissant donc 63 otages vivants.
Les dernières déclarations de Benyamin Nétanyahou suggèrent donc que le nombre de morts pourrait être plus élevé – plus d’une douzaine de personnes décédées supplémentaires parmi les otages. Contactée par CheckNews, Tsahal n’a pas commenté l’estimation communiquée par le Premier ministre.
L’annonce, le 29 août, de la découverte des corps de six otages, avait provoqué une crise en Israël, fragilisant le gouvernement Nétanyahou, et provoquant des manifestations de grande ampleur. Alors que les négociations en vue d’une trêve sont toujours à l’arrêt, Benyamin Nétanyahou est accusé par des familles d’otages, et une partie importante de l’opinion, d’abandonner les captifs à leur sort.
[mise à jour du 4 octobre : correction du nombre total d’otages et du nombre d’otages présumé vivants, un otage déjà libéré ayant été comptabilisé par erreur lors de la rédaction de l’article]