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L’incendie dans l’Aude est-il le plus grand feu des soixante-quinze dernières années ?

Les feux ravageurs de Gironde en 2022, ou les vagues d’incendies dans le Var en 1990 et 2003, figurent parmi les plus importants des décennies passées. Mais aucun n’a brûlé autant d’hectares à partir d’un seul foyer que celui en cours dans l’Aude.
En août 1949, un incendie a ravagé 50 000 hectares dans les Landes de Gascogne. (AFP)
publié le 6 août 2025 à 22h03

«Incendie d’une ampleur exceptionnelle», «d’une rare intensité», «le plus important de l’été»… Les superlatifs ne manquent pas pour définir le feu qui ravage le massif des Corbières, dans l’Aude. Débuté le 5 août vers 16 h 15 sur la commune de Ribaute, le feu a englouti en moins de vingt-quatre heures plus de 16 000 hectares de végétation (une fois et demie la taille de Paris).

On peut effectivement parler d’incendie «exceptionnel», puisqu’il a franchi le seuil symbolique de 10 000 hectares au-delà duquel les pompiers emploient ce qualificatif. C’est ainsi la plus grande superficie détruite – en un seul feu – depuis le début des relevés en 1973. Et même depuis 1949.

Mis à part le gigantesque incendie de 1949, rares sont en effet les feux à avoir détruit plus de 10 000 hectares à partir d’un seul foyer. En 1990, 11 800 hectares ont brûlé à Vidauban et 9 300 à Collobrières (Var). En 2003, toujours à Vidauban, 6 800 hectares sont partis en fumée le 17 juillet, puis 5 600 autres le 28 juillet. En 2022, tandis que 5 100 hectares ont été atteints à la Teste-de-Buch (Gironde), 13 800 hectares ont été détruits du côté de Landiras en juillet, et de nouveau 7 100 dans un second incendie en août.

Même si la systématisation des relevés ne date que de 1973, on dispose, pour les décennies précédentes, d’estimations des surfaces brûlées. De quoi établir un «classement» à partir du milieu du siècle dernier, sans tenir compte uniquement des feux isolés comme celui de l’Aude, mais en l’élargissant aux zones qui ont été en proie à des vagues d’incendies concentrés sur quelques jours ou quelques semaines.

1949, Landes de Gascogne : 50 000 hectares

L’incendie le plus massif qu’ait connu la France au XXe siècle est celui des Landes de Gascogne en 1949, surnommé «le grand feu» ou «le feu du siècle». Si les moyens de l’époque n’ont pas permis de mesurer précisément sa surface, elle est évaluée à environ 50 000 hectares. Parti le 19 août 1949 d’une scierie à Saucats, au sud de Bordeaux, le feu a détruit en quelques jours des milliers d’arbres de la pinède située entre la Gironde et les Landes. Cet incendie reste aussi l’un des plus meurtriers dans l’histoire française, puisque 82 personnes ont péri dans les flammes, principalement en tentant de les combattre (pompiers, militaires, agents des Eaux et forêts…).

2022, Gironde : 30 000 hectares

A l’été 2022, la Gironde est en proie aux «mégafeux», dont deux principaux : celui de La Teste-de-Buch, dans le bassin d’Arcachon, et celui dans le secteur de Landiras et Hostens, au sud de Bordeaux. Au bilan, le département comptabilisera, pendant près d’un mois, près de 600 départs de feu, 48 000 personnes évacuées et quelque 30 000 hectares de forêts détruites. A l’échelle nationale, entre fortes chaleurs et sécheresse persistante, 2022 reste l’une des années les plus destructrices, avec des incendies inédits – comme le feu de Vescles dans le Jura – et un total de près de 72 000 hectares partis en fumée.

1990, Var : 27 000 hectares

Après un hiver et un printemps particulièrement secs, l’été 1990 voit plusieurs feux s’enchaîner dans le sud-est de la France. Le massif des Maures, dans le Var, en fait particulièrement les frais. Deux très gros incendies s’y succèdent : celui de Collobrières fin août, puis celui de Vidauban un mois plus tard. Ce sont au total près de 27 000 hectares de forêt, de maquis et de garrigue qui ont brûlé entre Marseille et Nice sur la période. Et plus de 70 000 hectares sur l’ensemble du territoire métropolitain.

2003, Var : 20 000 hectares

L’été 2003 est marqué par une canicule historique. Des fortes chaleurs favorisant la propagation du feu. Le Var est, là encore, le département le plus touché. Fin juillet, le massif des Maures est ravagé par des incendies d’origine criminelle, tuant quatre personnes et entraînant l’évacuation de 6 000 vacanciers et résidents. Un mois plus tard, à Cogolin, trois pompiers périssent dans leur camion cerné par les flammes. En tout, plus de 20 000 hectares sont détruits dans les Maures et l’Estérel, soit 20 % de la surface des deux massifs. Le même été, la Corse subit trois grands feux, brûlant au total plus de 13 000 hectares.

2017, Sud-Est : 7 000 hectares

A la fin du mois de juillet, en l’espace de quelques heures, une série d’incendies se déclarent à la fois en Haute-Corse, dans le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône et le Var. Attisés par des vents violents, ces feux réduisent en cendres plus de 7 000 hectares. Dans le Var, en particulier, la station balnéaire de Bormes-les-Mimosas se retrouve léchée par les flammes, forçant l’évacuation de 10 000 personnes.

2021, Var : 6 800 hectares

De nouveau, le massif des Maures, dans le Var, se retrouve en proie aux flammes. Le 16 août, un départ de feu est signalé à proximité de l’aire d’autoroute de Gonfaron, à cause d’un jet de cigarette. L’incendie prend rapidement de l’ampleur, à la faveur d’une végétation très sèche et d’un vent tourbillonnant. Actif pendant trois jours, le feu brûle 6 800 hectares dans l’arrière-pays de Saint-Tropez. Deux corps calcinés sont retrouvés dans une maison isolée, 7 500 personnes doivent évacuer, et un camping est détruit.

1976, Pyrénées-Orientales : 6 600 hectares

Cette année-là se distingue par une sécheresse exceptionnellement longue, sur la façade ouest du pays notamment, dont il va résulter de grands incendies dans une zone habituellement moins touchée. A la fin du mois de juin, 4 000 hectares partent en fumée dans le Morbihan. Le plus gros incendie de l’été frappe les Pyrénées-Orientales, Corbère-les-Cabanes, fin juillet. Les flammes dévorent alors 6 600 hectares de végétation. Mais les esprits sont surtout marqués par le feu survenu en Charente-Maritime où, au cœur du mois d’août, le geste d’un pyromane transforme la forêt de La Palmyre en un brasier géant. Au pic de la saison touristique, des centaines de vacanciers sont contraints d’être évacués sur des bateaux.

1976 détient toujours le record en nombre de surfaces incendiées : près de 90 000 hectares ont brûlé un peu partout sur le territoire français, selon les statistiques de l’Office national des forêts. Ce qui lui vaut le surnom d’«année noire».

2009, Corse : 5 300 hectares

Fin juillet 2009, la Corse est frappée par plusieurs incendies, qui se déclarent presque simultanément dans la vallée de la Gravona, au nord d’Ajaccio, et dans les régions de Sartène et Aullène. La sécheresse accélère leur propagation, et plus de 5 300 hectares partent en tout en fumée. Une dizaine de maisons sont entièrement détruites.

1989, Bouches-du-Rhône : 5 000 hectares

Avant 1990, l’année 1989 se caractérisait déjà par une sécheresse hivernale et estivale exceptionnelle. Le 20 juillet, un premier incendie gigantesque réduit en cendres presque 4 000 hectares de pins près de l’étang de Lacanau, en Gironde. Mais cet été-là, le plus grand feu se déclare dans les Bouches-du-Rhône, à Saint-Marc-Jaumegarde, le 28 août. Attisées par un violent mistral, les flammes parviennent jusqu’aux abords de Marseille. Le feu embrase la montagne Sainte-Victoire et ravage 5 000 hectares de végétation, en seulement trois jours.

2016, Bouches-du-Rhône : 3 300 hectares

Début août, différents incendies se déclarent dans des communes des Bouches-du-Rhône, notamment vers Vitrolles et Les Pennes-Mirabeau. Attisés par le fort mistral, les feux se propagent jusqu’au nord de Marseille, mais s’arrêtent finalement aux portes de la deuxième ville de France. Le coût de cet incendie a été chiffré à 63 millions d’euros : 3 300 hectares de végétation sont brûlés, 33 personnes blessées, 25 immeubles, un groupe scolaire et un lycée détruits. Sur l’été 2016, les Bouches-du-Rhône enregistrent au total près de 335 départs de feu.