Question posée par Dil le 25 novembre 2021,
L’Assemblée générale d’Interpol, réunie à Istanbul, a élu un nouveau président jeudi : Ahmed Nasser Al-Raisi. Cet inspecteur général du ministère de l’Intérieur des Emirats arabes unis est accusé de torture dans plusieurs affaires. Une mauvaise blague pour certains élus, qui militaient depuis plusieurs semaines contre sa candidature. Le nouveau chef de l’organisation est notamment visé par une plainte, déposée en France, pour la détention et les «actes de barbarie» infligés à Ahmad Mansoor, poète et blogueur émirati, militant pour les droits humains, arrêté en 2017 et condamné à dix années de réclusion pour «atteinte à la réputation de l’Etat». Comme le rappelle Libération dans cet article, le nouveau président d’Interpol est aussi considéré comme responsable de l’arrestation en novembre 2018 du jeune chercheur britannique Matthew Hedges, venu à Dubaï pour un voyage d’études et accusé d’espionnage par les autorités émiraties, condamné à la prison à vie et torturé puis finalement relâché.
Un vote secret
Selon le Statut de l’Organisation internationale de police criminelle, qui fait office de règlement légal, «le président est élu à la majorité des deux tiers. Après deux tours de scrutin sans résultat, la majorité simple seulement est requise». Toutes les candidatures n’étaient pas rendues publiques, les deux autres concurrents connus pour le poste étaient l’actuelle vice-présidente d’Interpol, la Slovaque Sarka Havrankova, et le Nigérian Adamu A. Mohammed. L’émirati Ahmed Nasser Al-Raisi a été désigné vainqueur à l’issue d’un troisième scrutin, où il a obtenu 68,9 % des voix, comme indiqué dans le communiqué.
Qui vote ? Toujours selon le communiqué, «le président est élu par l’assemblée générale d’Interpol suivant le principe “un pays, une voix”, selon lequel chaque voix a un poids égal». L’assemblée générale est composée de représentants de chacun des 195 pays membres, généralement des chefs de police et des hauts fonctionnaires ministériels. Le texte précise que l’autorité gouvernementale de chaque pays membre désigne un chef de délégation parmi ses représentants, qui vote en son nom. Interrogé par CheckNews pour savoir quel chef de délégation, et par conséquent quel pays avait voté pour Ahmed Nasser Al-Raisi, Interpol répond qu’il «s’agit d’un vote secret, donc on ne sait pas comment les pays ont voté». La France n’a pas donné de position officielle sur les résultats de cette élection.
«Le rôle du président, dont la fonction est exercée à temps partiel et qui n’est pas rémunérée, consiste à présider chaque année l’assemblée générale et les trois sessions du comité exécutif», explique Interpol. Son rôle est donc relativement honorifique, pendant que les plus hautes fonctions sont occupées par le secrétaire général d’Interpol, M. Jürgen Stock, qui supervise à temps complet la gestion quotidienne de l’organisation.