Menu
Libération
CheckNews
Vos questions, nos réponses
CheckNews

«JLM 1 PB» : ce petit message de Nathalie Saint-Cricq qui relance l’ire de LFI contre la journaliste

L’éditorialiste de France Télévisions a été filmée en train de suggérer par écrit aux journalistes présents en plateau une question sur le problème que Jean-Luc Mélenchon pourrait poser en vue d’une union de la gauche. Elle défend «un échange banal».
Nathalie Saint-Cricq sur France Télévisions. (DR)
publié le 13 juin 2024 à 20h12

La séquence fait bouillir les insoumis. Dimanche soir, alors qu’elle est en plateau aux côtés de Mathilde Panot (LFI), Olivier Faure (PS) et Sandrine Rousseau (les Ecologistes), l’éditorialiste de France Télévisions Nathalie Saint-Cricq glisse discrètement un mot à ses collègues Anne-Sophie Lapix et Laurent Delahousse. Au feutre, elle a écrit «JLM 1 PB», sur une feuille blanche. Soit une invitation à interroger les responsables politiques présents sur l’éventuel problème que la figure de Jean-Luc Mélenchon peut poser dans les négociations en vue d’une union de la gauche pour les législatives à venir. Anne-Sophie Lapix et Laurent Delahousse ne rebondissent pas sur la relance suggérée, et le débat passe à d’autres sujets. Ce qui n’empêche pas l’extrait, depuis, de susciter des réactions outragées dans les rangs insoumis.

L’extrait polémique a d’abord été mis en lumière par le journaliste Mourad Guichard dans sa chronique pour le Media, le site d’actualités créé par des proches de La France insoumise (dont Sophia Chikirou, proche de Jean-Luc Mélenchon, qui en claquera la porte en 2018). Selon notre confrère, Nathalie Saint-Cricq «a cherché, cherché, cherché. Personne ne parlait de Jean-Luc Mélenchon. Et donc, elle s’est jetée à l’eau. Et regardez, elle ne pensait pas être à l’antenne. Voilà ce qu’elle a fait, le geste est magnifique».

«Journalisme de cour»

Traitée avec un certain amusement par le Média, la séquence a ensuite été reprise avec beaucoup de sérieux (et de colère) par différents cadres insoumis. La plus virulente, Sophia Chikirou, s’est fendue d’un message sur le réseau social X, où elle s’attaque à «l’audiovisuel d’Etat avec des télégraphistes médiocres ! La haine de Nathalie Saint-Cricq contre La France Insoumise et Jean-Luc Mélenchon devrait obliger France Télévisions à l’écarter de tous les sujets politiques. Le journalisme de cour n’est pas du journalisme».

Contactée par CheckNews, Nathalie Saint-Cricq défend son geste en plateau. «Anne-Sophie Lapix et Laurent Delahousse ayant fort à faire avec la gestion de la soirée, et pouvant donc rater un “échange”, il m’arrive depuis toujours de leur passer, à eux ou aux autres, une feuille pour suggérer une question, une relance. Je l’ai fait ce soir-là, vu le contexte.» Et d’insister sur le fait que cette question du caractère éventuellement repoussoir de Jean-Luc Mélenchon dans l’union de la gauche est présente dans toute la presse et continue d’être posée dans les négociations au sein du nouveau Front populaire. «Je vous rappelle que Glucksmann a déclaré que Jean-Luc Mélenchon était un problème», souligne l’éditorialiste. De nombreux médias (dont Libé) ont, de fait, traité du sujet, et du souhait revendiqué de certains responsables de gauche d’afficher une figure plus fédératrice que celle du leader insoumis.

Relation tumultueuse

La journaliste de France 2 ajoute également que «ce genre d’échange est banal entre collègues dans des émissions. J’ai dû le faire également pour Copé, non que les présentateurs aient spécialement besoin de moi, mais comme ils reçoivent beaucoup d’informations sur les duplex, et les déclarations, je fais cet accompagnement pour tous les intervenants, et ils sont preneurs».

Et de citer comme exemple, le fait que «concernant deux autres participants au débat, Jean-Philippe Tanguy et Sarah Knafo, qui tendaient la main au RN, j’ai suggéré à voix basse et par une feuille, d’insister pour qu’ils répondent et comme ils ne le faisaient pas, je leur ai demandé moi-même». Cette séquence, comme on peut le voir, a bien eu lieu à 21 h 46.

Ce nouvel accès de colère de LFI vis-à-vis de Nathalie Saint-Cricq s’inscrit dans une relation tumultueuse entre le mouvement et la journaliste. Peu avant cette séquence du «petit mot», Mathilde Panot avait invité Nathalie Saint-Cricq, dans un débat sur la constitutionnalisation de l’IVG, à «faire taire sa haine» contre LFI.

Lors de la campagne, les insoumis avaient nommément ciblé Nathalie Saint-Cricq en publiant un visuel alarmant leurs électeurs sur le fait que la journaliste de France 2 votait, tout comme, les racistes, les riches, Manuel Valls ou encore Pascal Praud. Cette campagne (qui devait inciter les électeurs aux urnes) avait valu à La France insoumise une condamnation à verser 500 euros de dommages-intérêts à Nathalie Saint-Cricq, pour réparation de «l’atteinte portée à son droit à l’image».