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La cartographie des massacres perpétrés par le Hamas en Israël

Guerre au Proche-Orientdossier
Plus de 1 200 personnes ont été tuées en Israël par les hommes du Hamas. Dans certaines localités, les attaques ont été particulièrement meurtrières, faisant des dizaines voire des centaines de morts.
Des soldats israéliens portant le corps d'une victime à Kfar Aza, dans le sud d'Israël, mardi 10 octobre. (Ronen Zvulun/REUTERS)
publié le 12 octobre 2023 à 19h02

En Israël, plus de 1 200 personnes ont été tuées lors de l’attaque lancée samedi 7 octobre par le Hamas. Ce bilan, qui reste provisoire, est le dernier communiqué par l’armée israélienne, mercredi 11 octobre. Selon les estimations, entre 1 500 et 2 000 hommes du Hamas, lourdement armés, se sont infiltrés samedi matin dans l’Etat hébreu depuis la bande de Gaza. Les assaillants ont investi plus d’une vingtaine de communes et kibboutz, tuant des centaines de civils, dont des femmes et des enfants, et capturant des dizaines d’autres – le Hamas retiendrait quelque 150 personnes en otage.

Les combats dans certaines collectivités ont duré plusieurs jours, les responsables israéliens ne confirmant que mardi qu’ils avaient «plus ou moins» repris le contrôle. Parmi les localités où l’armée israélienne a mené des opérations d’évacuation des populations et de lutte contre les membres du Hamas, au nombre de 26 d’après les listes consultées par CheckNews, certaines ont essuyé des attaques particulièrement meurtrières. Depuis que les forces israéliennes ont débarrassé ces villes et villages de leurs occupants palestiniens, elles y découvrent les corps des victimes qui jonchent les rues et les habitations.

C’est du côté des civils qu’on déplore le plus grand nombre de décès. Ainsi, le quotidien The Jerusalem Post rapporte ce jeudi que 854 corps de civils et de policiers israéliens sont arrivés au centre d’identification des victimes. 361 d’entre eux ont été identifiés et leurs familles ont été informées, tandis que 264 ont déjà été enterrés. S’agissant des pertes militaires, les familles de 222 soldats ont à ce jour été informées de leur décès, 138 ont été enterrés.

Les tueries sont, petit à petit, documentées grâce aux images filmées par des caméras de vidéosurveillance, celles tournées par des habitants, mais aussi aux témoignages de survivants. Et le bilan risque de s’alourdir, les corps étant encore en cours de récupération et d’identification.

Près de Réïm, plus de 250 festivaliers massacrés

A l’aube samedi, après avoir franchi le «mur de fer» qui sépare Gaza du territoire israélien, les hommes du Hamas ont traversé les terres agricoles de la zone frontalière, certains d’entre eux atteignant ainsi le festival Tribe of Nova organisé près du kibboutz Réïm. Lors de ce qui fait désormais figure d’attaque la plus meurtrière contre des civils dans l’histoire d’Israël, environ 270 festivaliers ont été abattus ou brûlés dans leur voiture par des tireurs du Hamas, dans le désert du Néguev. Le bilan provient là aussi de l’organisation humanitaire Zaka, qui plus tôt avait évoqué 260 corps découverts dans la zone entourant le festival.

Sur ce site, les assaillants ont également enlevé un nombre encore indéterminé de personnes. De nombreux participants au festival sont toujours portés disparus, tandis que d’autres ont été identifiés dans des vidéos d’otages emmenés dans la bande de Gaza.

La plupart des victimes sont des jeunes qui s’étaient habillés pour faire la fête et avaient dansé toute la nuit. Quelque 3 500 festivaliers s’étaient rassemblés pour célébrer la fin de la fête juive de Souccot. Certains étaient sous l’influence de l’alcool ou de substances hallucinogènes lorsque le festival a été attaqué depuis les airs et au sol, ce qui a compliqué leur fuite, ont relaté des survivants.

A Be’eri, plus d’une centaine de corps retrouvés

Des hommes du Hamas ont pénétré dans le kibboutz Be’eri sur les coups de 6 heures du matin samedi, d’après les images de vidéosurveillance partagées sur le canal Telegram South First Responders. Sur cette vidéo, est-il écrit dans le message qui l’accompagne, «on peut voir les premiers instants où les terroristes du Hamas s’approchent de la porte principale du kibboutz. Après avoir échoué à entrer, ils attendent qu’un véhicule civil ouvre la porte, tendent une embuscade et tuent l’occupant».

Des vidéos prises après la libération du kibboutz montrent qu’une fois à l’intérieur, les hommes armés se sont déplacés de maison en maison, ont tiré sur des habitants et incendié une grande partie des bâtiments. Les assaillants ont occupé les lieux pendant une quinzaine d’heures. «Environ 70 terroristes se sont infiltrés dans le kibboutz Beeri», a déclaré le porte-parole de l’armée, Daniel Hagari, ajoutant que «la plupart d’entre eux ont été tués à la suite d’échanges de tirs».

Dans ce kibboutz qui compte environ 1 200 habitants, les secouristes israéliens ont récupéré les corps de plus de 100 personnes, a indiqué Moti Bukjin, porte-parole de l’organisation humanitaire israélienne Zaka, qui dirige les opérations d’extraction des corps. Moti Bukjin a précisé que «des enfants ont été tués là-bas», et que les secouristes ont également trouvé des dizaines d’hommes armés morts dans le village.

A Kfar Aza, des dizaines de civils tués

Des représentants de l’armée et des secouristes ont fait savoir que des dizaines de civils, dont des enfants en bas âge, ont été tués lorsque des membres du Hamas ont pris d’assaut Kfar Aza, collectivité agricole de 400 habitants. Les assaillants ont incendié des maisons et des voitures. Certaines familles auraient été décapitées, d’après les informations données par les médias autorisés à pénétrer dans le village libéré. En revanche, le chiffre de «40 bébés assassinés» également donné à cette occasion n’a pas été confirmé.

Un commandant des forces israéliennes qui était présent sur les lieux, Itai Veruv, a indiqué que 70 Palestiniens armés avaient pris part au raid. «Ce n’est pas une guerre ou un champ de bataille, c’est un massacre. C’est quelque chose que je n’ai jamais vu de ma vie, quelque chose qui ressemble plus à un pogrom de l’époque de nos grands-parents», a-t-il déclaré aux journalistes venus sur place.

A Nir Oz, une cinquantaine de résidents assassinés

Sur les près de 400 habitants que comptait le kibboutz Nir Oz avant l’attaque, une centaine manque à l’appel. Un représentant local, cité par les médias israéliens, a expliqué que la collectivité a perdu une cinquantaine de résidents, dont des enfants, et qu’une cinquantaine d’autres seraient détenus par le Hamas.

Parmi les civils tués par les hommes armés, sept ont été exécutés dans un bâtiment situé dans le sud du kibboutz, comme le révèle une enquête de CheckNews.

A Sdérot, au moins 20 civils abattus

La ville de Sdérot, qui comptait plus de 27 000 habitants au jour de l’attaque, est la commune la plus peuplée attaquée par les hommes du Hamas. D’après des témoins oculaires, les assaillants se déplaçaient à bord d’au moins deux camionnettes, et étaient équipés d’armes lourdes (notamment d’une mitrailleuse). Des civils ont été abattus alors qu’ils déambulaient à pied ou au volant de leur voiture. Sept ont été retrouvés morts à côté de l’arrêt de bus où ils patientaient. Pendant une partie du week-end, les combattants ont pris possession du commissariat de la ville.

Pour une enquête vidéo retraçant le déroulé de cette attaque meurtrière, le New York Times a collecté des images filmées par des civils résidant à Sdérot. Le quotidien américain y expose ses conclusions : «Une analyse des images dont nous disposons permet d’estimer qu’au moins 20 civils ont été tués dans de nombreux endroits [de la ville] − un bilan qui pourrait augmenter. Les autorités affirment qu’une douzaine de soldats, de pompiers et de policiers israéliens ont aussi été tués [à Sdérot].»

Ailleurs, des bilans encore très incertains

Des attaques de moindre envergure ont visé d’autres collectivités frontalières, d’après les remontées des médias et autorités locaux. Sur les 15 000 citoyens que compte la région d’Eshkol – une partie du territoire qui borde la bande de Gaza, dans le sud d’Israël – la mort d’une cinquantaine de personnes a déjà été confirmée, d’après un bilan provisoire émanant du conseil régional. Parmi ces décès, figurent ceux d’onze habitants du kibboutz Holit et deux travailleurs étrangers présents sur place.

Des journalistes de l’AFP ont rapporté avoir vu les corps criblés de balles de civils à Gevim et sur la plage de Zikim, près de la frontière au nord de Gaza. Des photos prises à Alumim montrent une douzaine de sacs mortuaires alignés à l’extérieur d’un bâtiment, sans que l’on sache exactement qui sont les victimes. Aucun bilan n’a encore été communiqué pour ces zones.