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La fake news de l’ambassade chinoise sur le pont ayant «résisté au tremblement de terre» en Turquie

Séismes en Turquie et en Syriedossier
L’ambassade de Chine en France s’est félicitée sur Twitter du fait que «le pont construit par la Chine en Turquie a résisté au tremblement de terre». Le pont en question, situé à 1 000 kilomètres de l’épicentre, a été bâti par un consortium turco-coréen.
Le pont du détroit des Dardanelles. (DR)
publié le 14 février 2023 à 16h32

Après le séisme ayant fait plus de 30 000 morts et provoqué l’effondrement de nombreux bâtiments dans le sud de la Turquie, l’ambassade de Chine en France ne voulait pas manquer cette occasion de vanter la «China tech». Lundi matin, une semaine après la catastrophe, elle a ainsi affirmé sur Twitter que «le pont construit par la Chine en Turquie a résisté au tremblement de terre». Les images accompagnant le tweet montrent différentes étapes de la construction du «Çanakkale Boğaz Köprüsü», ou pont du détroit des Dardanelles. Inauguré le 18 mars 2022, le pont détient depuis le record mondial de la plus longue portée principale (qui correspond à la distance entre les deux pylônes).

Si le tweet de l’ambassade de Chine a été supprimé ce mardi matin (on en retrouve une dernière occurrence sur les coups de 6 heures), un site d’information chinois indique toujours, dans sa version française, que «construit en partenariat avec la société chinoise Sichuan Lu Qiao, le pont suspendu 1915 Canakkale, qui se situe dans la province de Canakkan, tout près de l’épicentre du séisme dans l’ouest de la Turquie, a pu résister à cette rude épreuve grâce à sa conception anti-séismique [sic] ainsi qu’à sa qualité de construction».

Ce pont, qui traverse donc le détroit des Dardanelles, pouvait en réalité difficilement être touché par les séismes, dont les épicentres se situent du côté de la ville turque de Gaziantep, située à l’est du pays, à quelque 1 000 kilomètres de là (à vol d’oiseau).

Par ailleurs, il est faux de dire que l’ouvrage est de construction chinoise. Sa conception a été assurée par l’entreprise danoise Cowi, connue pour sa maîtrise des systèmes de suspension, et son édification par un consortium composé de quatre entreprises : les sud-coréens Daelim et SK ecoplant, ainsi que les Turcs Limak et Yapi Merkezi. Au point que Kim Boo-kyum, Premier ministre de la Corée du Sud au moment de l’ouverture du pont, s’était rendu sur place pour assister à son inauguration, rapportait l’agence de presse locale Yonhap.

Le groupe chinois Sichuan Road and Bridge Construction Group a, quant à lui, joué un rôle mineur dans cette construction, après avoir remporté l’appel d’offres pour la fabrication des poutres-caissons en acier (éléments porteurs intégrés au tablier du pont).

Mise à jour : Le 15 février à 15 h 48, précision sur la participation du groupe chinois Sichuan.