Des internautes déplorant le faible recours aux énergies renouvelables en France ont abondamment partagé, sur les réseaux sociaux, une carte censée illustrer leur propos. Sur cette image, alors que l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie ou l’Angleterre, apparaissent couvertes de plages de couleur tirant sur le rouge – supposées refléter la densité de panneaux photovoltaïques installés – d’autres pays, comme la France ou le Portugal, apparaissent étonnamment vides.
D’où provient cette carte ? Elle est tirée d’un article scientifique paru en novembre 2020 dans la revue Scientific Data portant sur la cartographie du réseau photovoltaïque du Royaume-Uni. L’image ne représente pas la capacité installée en Europe, mais liste uniquement «les panneaux solaires photovoltaïques signalés explicitement, en mai 2020, dans OpenStreetMap», un projet collaboratif de cartographie en ligne. «Notez la variation substantielle entre les pays, souvent due à des initiatives de cartographie spécifiques dans les communautés nationales : par exemple, la densité relativement faible en France ne reflète pas la capacité installée de ce pays», soulignent ainsi les chercheurs.
Dès lors, cette carte ne saurait renseigner sur la réalité de l’état du réseau de panneaux solaires photovoltaïques en France.
Les auteurs de l’étude notent que, de manière générale, «les sources officielles et publiques [sur l’implantation des panneaux photovoltaïques] présentent des déficiences notables : imprécision spatiale, lacunes dans la couverture et manque de métadonnées cruciales, en particulier pour les installations de panneaux solaires photovoltaïques à petite échelle».
Leur article présente donc les résultats d’une campagne de cartographie participative au Royaume-Uni «visant à créer des données géographiques ouvertes pour plus de 260 000 installations photovoltaïques au Royaume-Uni, couvrant ainsi 86 % de la capacité du pays». Ils se concentrent sur «la production solaire photovoltaïque domestique à petite échelle, qui représente une fraction significative de la production, mais qui était jusqu’à présent très peu documentée». Les auteurs estiment la capacité du réseau au Royaume-Uni à 13,93 GW en novembre 2020. Toutefois, des erreurs méthodologiques potentielles ont été relevées par des internautes, comme l’extrapolation de la puissance de l’installation d’après la surface du terrain où sont implantés les panneaux, quand bien même les panneaux ne couvrent pas l’ensemble du terrain.
En France, selon les statistiques du ministère du Développement durable, la puissance du parc solaire photovoltaïque raccordé au réseau atteignait 10,9 GW fin décembre 2020 (voir carte ci-dessous), et 11,5 GW fin mars 2021. Cette puissance théorique ne préjuge cependant pas de la quantité d’électricité réellement produite qui dépend, bien évidemment, de l’ensoleillement.
Réaliser une carte de la densité des installations en Europe, sur le modèle de celle tirée de l’étude de Scientific Data, se heurte à plusieurs difficultés. Tout d’abord, dans un pays comme la France, les données publiques ne recensent pas de façon précise la localisation des plus petites installations. Il s’agit ensuite de déterminer à partir de quels seuils de production les installations apparaissent sur la carte (et la façon dont une multiplicité de petites installations domestiques se distinguent clairement, ou non, d’installations plus importantes et plus productives).