Question posée par Lena le 14 mars 2022,
Bonjour,
Vous nous interrogez au sujet de la France face à la guerre, émission organisée lundi soir par TF1 et qui a vu «défiler les huit principaux candidats à la présidentielle», comme l’avait annoncé la chaîne. Ainsi, Anne Hidalgo (PS), Yannick Jadot (EELV), Marine Le Pen (RN), Emmanuel Macron (LREM, président sortant), Jean-Luc Mélenchon (LFI), Valérie Pécresse (LR), Fabien Roussel (PCF) et Eric Zemmour (Reconquête !) se sont exprimés tour à tour, sans confrontation directe, dans un ordre déterminé par tirage au sort.
A lire aussi
En revanche, quatre candidats en lice pour le premier tour n’avaient pas été conviés : Nathalie Arthaud (LO), Nicolas Dupont-Aignan (DLF), Jean Lassalle (Résistons !) et Philippe Poutou (NPA). Vous nous demandez si TF1 se verra, par conséquent, obligée de rééquilibrer le temps de parole à leur avantage sur ses antennes.
Représentativité et contribution au débat
Rapidement après l’annonce de leur absence dans l’émission, les quatre candidats en question avaient vivement critiqué cette décision. Sur France 5, dès jeudi dernier, s’agissant de Nicolas Dupont-Aignan : «Trouvez-vous normal que TF1 organise un débat en excluant certains candidats ? Il n’y a pas de grands ou de petits candidats, comme il n’y a pas de petits ou de grands Français.» Sur le réseau social Twitter, vendredi, en ce qui concerne les réactions de Philippe Poutou et Nathalie Arthaud : «Le débat démocratique c’est bien, mais c’est pas pour tout le monde», a protesté le porte-parole du NPA. «Pour être candidat, il faut passer l’obstacle des 500 parrainages. Mais pour participer au débat présidentiel sur TF1, il faut en plus passer l’obstacle de Bouygues [groupe propriétaire de la chaîne, ndlr]. C’est comme dans les entreprises, c’est le patron qui décide !» a renchéri la candidate de LO. Enfin, Jean Lassalle a exprimé son mécontentement sur CNews, samedi : «Ils me considèrent comme un candidat de merde. Je ne regarderais plus jamais de ma vie TF1.»
Pour autant, TF1 était parfaitement en droit de ne sélectionner pour son émission que certains des douze candidats à l’élection présidentielle. En effet, s’applique pour l’instant le principe «d’équité» des temps de parole. Durant toute la période qui s’est ouverte il y a une semaine pile, et s’achèvera le 27 mars, les passages des candidats ainsi que leurs soutiens à l’antenne des télévisions et radios doivent être répartis équitablement – et «dans des conditions de programmation comparables», autrement dit dans les mêmes tranches horaires (matin, journée, soirée et nuit).
Une équité appréciée en fonction de critères très précis fixés par l’Arcom, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ex-CSA). Est avant tout prise en compte la «représentativité du candidat» (résultats aux précédentes élections, nombre d’élus du parti, poids dans les sondages, etc.). Mais la «contribution à l’animation du débat» (meetings nombreux, multiplication des déplacements, présence sur les réseaux sociaux notamment) compte également aux yeux du gendarme de l’audiovisuel. Ce qui expliquerait par exemple que la prétendante à l’Elysée et maire de Paris, Anne Hidalgo, bénéficie, en raison de la forte représentation de son parti au niveau local, et malgré ses faibles scores dans les intentions de votes, d’un temps de parole plus important que les absents à l’émission la France face à la guerre.
Egalité stricte à partir du 28 mars
«On applique vraiment la lettre et l’esprit des règles de l’Arcom», assure Adrien Gindre, chef du service politique du groupe TF1. Précisant au site web Puremédias : «Lundi, nous avons invité les candidats qui ont le droit aux crédits de temps de parole les plus importants au regard des critères» fixés par l’autorité. Quant à Arthaud, Dupont-Aignan, Lassalle et Poutou, eux aussi «auront accès à l’antenne de TF1 en proportion du temps [de parole] dont ils disposent en application des règles de l’équité».
«Il ne faut pas croire qu’il y ait une volonté de la part de TF1 de maltraiter ces candidats», et la chaîne n’est «pas pour ou contre certains candidats», insiste Adrien Gindre. Nicolas Dupont-Aignan est d’ailleurs l’invité du journal de 20 Heures ce mardi soir. «Les autres candidats auront ces prochains jours droit à des reportages dans le 20 Heures», précise à Puremédias le chef du service politique de la Une. Ce qui leur garantit aussi, d’après lui, «une très forte exposition».
A compter du lundi 28 mars, et jusqu’au premier tour qui se tiendra le dimanche 10 avril, les règles changeront en faveur du principe «d’égalité stricte». Pendant deux semaines, les candidats bénéficieront alors de temps de parole parfaitement égaux. A cet effet, TF1 prévoit de tous les convier à s’exprimer à l’occasion d’une interview sur le plateau de son 20 Heures.