Lundi 13 mai sur France Inter, André Chassaigne, député communiste et président du groupe Gauche démocrate et républicaine de l’Assemblée nationale, s’exprimait sur le projet de loi sur la fin de vie, dont le texte sera débattu à partir du 27 mai à la Chambre basse. Pour rappel, ce texte propose l’instauration d’un accompagnement à la fin de vie des patients atteints d’une affection grave et incurable. Un projet qui fait débat au sein de l’hémicycle, entre opinions éthiques, morales, voire religieuses pour certains députés. A gauche, les oppositions sont plus rares, même si certains mettent notamment en avant les possibles dérives libérales du texte.
Entretien exclusif
Les dépenses augmentent au fur et à mesure de la vie
Lors d’un sujet de France Inter, la journaliste évoque les arguments d’André Chassaigne, député PCF : «André Chassaigne craint aussi pour les patients les plus modestes, ceux qui n’ont pas beaucoup de moyens pourraient préférer écourter leur vie.» Suit cette déclaration du député : «50 % des dépenses de santé se font durant la dernière année de [la] vie, c’est ça les chiffres. La crainte que l’on peut avoir, [avec ce texte qui prévoit également une aide à mourir, ndlr], c’est que cela soit une solution qui permette d’aboutir à des économies sur les dépenses de santé.»
Le passage, peu clair, peut s’entendre de deux manières. André Chassaigne ne précise pas s’il parle des dépenses de santé pour la collectivité, ou des dépenses de santé à la charge des bénéficiaires de soin (soit le reste à charge), comme le suggère le lancement de la journaliste de France Inter. Mais dans les deux cas, le propos est erroné.
Décryptage
Si on considère les dépenses de santé pour la collectivité, il est exact qu’elles augmentent au fur et à mesure de la vie. Mais pas dans les proportions évoquées par le député. Ainsi, d’après les chiffres de la Drees, entre 6-10 ans et plus de 85 ans, les dépenses annuelles de santé sont multipliées par onze en moyenne, passant de 800 à 8 800 euros. Il est donc inexact d’affirmer que les dépenses de santé sur la dernière année de vie représentent l’équivalent des dépenses sur toutes les années précédentes.
Reste à charge de 1 000 euros après 85 ans
Si on décide de regarder le reste à charge, c’est-à-dire ce qui reste à payer après le remboursement de l’assurance maladie obligatoire (mais avant la mutuelle), la progression est moindre, et les chiffres en valeur absolue bien inférieurs. Le reste à charge moyen entre 6 et 10 ans est de 200 euros, il passe à 1 000 euros au-delà de 85 ans. Là encore, il est inexact d’affirmer que le reste à charge sur la dernière année de vie représente l’équivalent des dépenses sur toutes les années précédentes.
Contactée par CheckNews, une collaboratrice du député communiste explique qu’«il y a manifestement eu une erreur de [leur] côté». Deux jours après son interview, et après avoir été contacté par CheckNews, André Chassaigne est revenu sur ses propos lors d’une conférence de presse auprès de l’Association des journalistes parlementaires : «J’ai commis une erreur en répondant à une question d’une journaliste […], une grave erreur, parce qu’un collaborateur m’avait donné ce renseignement […]. J’ai fait confiance à celui qui m’avait donné ce chiffre qui ne tenait pas la route et je le regrette. […].»
Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat avec le CFPJ pour le journal d’application de la promotion 66