A une semaine du premier tour des élections législatives, Christophe Castaner semble tout particulièrement appliqué à démonter le programme de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). Le président du groupe de députés macronistes a notamment critiqué les penchants «soviétiques» du programme commun établi par La France insoumise (LFI), Europe Ecologie-les Verts (EE-LV), le Parti socialiste (PS) et le Parti communiste français (PCF). «La France insoumise veut tout interdire – on trouve le mot 35 fois dans le programme ! – : couper du bois chez soi, la publicité, l’agriculture près des villes, la formation professionnelle dans un organisme privé…» a-t-il déclaré dans un entretien au Journal du dimanche. «Il nous propose une société ou soit tout interdit tout autorisé. On ne pourra même plus couper son bois dans sa propre propriété», a-t-il répété lundi matin sur France 2.
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Contacté, Christophe Castaner explique qu’il fait référence à la proposition de la Nupes d’interdire les «coupes rases, sauf en cas d’impasse sanitaire avérée» pour «défendre la forêt».
Alors de quoi s’agit-il ? «Concrètement, il s’agit d’une technique de coupe particulière [qui] laisse le sol à découvert et s’effectue grâce à des machines lourdes. Il ne s’agit donc pas d’interdire aux particuliers de couper du bois mais d’encadrer cette pratique spécifique», explique Côme Delanery, membre de l’équipe du programme de l’alliance de gauche. «Notre proposition est d’interdire ces coupes rases au-delà de 2 hectares, sauf en cas d’impasse sanitaire avérée», détaille-t-il.
«La coupe rase doit être une décision de dernier recours»
Cette revendication avait déjà été portée à l’Assemblée nationale par La France insoumise en 2020, par le dépôt d’une proposition de loi sur le sujet. «Cet encadrement s’appliquerait aux forêts publiques comme privées. L’objectif étant d’éviter la conversion des forêts feuillues en bonne santé en monoculture résineux, comme le dénoncent de nombreuses associations écologistes et de collectifs citoyens», ajoute le militant.
Pour l’Office national des forêts qui gère les forêts publiques, «la coupe rase [doit être] une décision de dernier recours», en cas de maladie, de sécheresse, «lorsque l’essence en place n’est pas adaptée au changement climatique», ou pour favoriser le renouvellement de «certaines essences, comme le pin sylvestre ou le pin maritime». «Les coupes rases sont pratiquées aussi bien dans les forêts publiques que dans les forêts privées [qui représentent 75 % du couvert forestier français, d’après le centre national de la propriété forestière (CNPF), ndlr]. Nous constatons toutefois que cette pratique est plus fréquente dans les forêts privées où la gestion et l’exploitation sont confiées à des coopératives forestières», d’après l’association écologiste Canopée.
Autrement dit, si la proposition de la Nupes concerne notamment la gestion d’espaces privés, elle ne revient pas à interdire de «couper du bois chez soi». «La caricature de notre proposition est d’autant plus risible qu’elle avait été reprise dans un rapport de 2020 par la députée LREM Anne-Laure Cattelot, missionnée par le gouvernement», commente Côme Delanery.
Dans ce rapport, la députée recommandait effectivement de «limiter la taille des coupes rases à 2 hectares maximum, hors cause sanitaire» notamment en raison «des incertitudes environnementales», puisque «la diversité des essences [est] un facteur de résilience de la forêt et de la ressource bois».