Question posée par Zimdim le 26/06/2023.
Ces derniers jours, divers tweets abondamment partagés crient au scandale : après des mois d’un supposé déni, l’Agence nationale de sécurité du médicament aurait enfin reconnu que les myocardites et les péricardites peuvent être une réaction indésirable du vaccin Cominraty de Pfizer (identifiée comme « très rare », c’est à dire avec une fréquence inférieure à un cas pour dix mille). « L’ANSM sentant le vent du boulet arriver affiche enfin clairement les myocardites et péricardites », s’exclame un message dépassant les 1 100 retweets, illustré d’une fiche à destination des professionnels de santé intitulée «Effets indésirables du vaccin Cominraty de Pfizer/Biontech».
1/2. Effets secondaires PFIZER /BIONTECH !
— Jean-Yves CAPO (@JeanYvesCAPO) June 25, 2023
IMPORTANT @PascalPraud
L'@ansm contredit les mensonges d'Etat d'Olivier Véran et des télétoubibs de plateaux TV.
L' @ansm sentant le vent du boulet arriver affiche enfin clairement les myocardites et péricardites.
⏬ pic.twitter.com/lAnCDd7sbQ
Sur ce document, on trouve effectivement mention de la myocardite et de la péricardite dans les «réactions très rares». Mais cette information n’a absolument rien d’une nouveauté. Quelques clics sur le site de l’ANSM permettent de confirmer que myocardites et péricardites étaient mentionnées de manière strictement identique dans la version de la fiche publiée en décembre 2021, soit… il y a dix-huit mois. Mais l’agence informait déjà sur ce risque bien avant cette date.
Ainsi, dans la version antérieure du documenté, daté de novembre 2021, péricardites et myocardites sont déjà mentionnées dans le même tableau listant les effets secondaires. Seule différence : la fréquence à laquelle ces événements cardiaques peuvent survenir n’est pas encore précisée, faute de recul suffisant pour établir une statistique correcte. Il est ainsi mentionné que «des réactions anaphylactiques et des myocardites/péricardites ont été rapportées avec une fréquence indéterminée (ne peut être estimée sur la base des données disponibles)». Quelques jours avant la parution de cette fiche, une étude française avait confirmé un risque, «peu fréquent et d’évolution favorable», d’inflammations cardiaques post-vaccinales.
L’ANSM n’a toutefois pas attendu fin 2021 pour alerter du risque de myocardite ou de péricardite lié à ce vaccin remonté par la pharmacovigilance. Dans un point de situation daté de mi-juillet, on peut ainsi lire : «Le comité rappelle que le signal de myocardite et péricardite est confirmé, également au niveau européen, mais reste sous surveillance spécifique. Ces effets indésirables rares ne remettent pas en cause le rapport bénéfice/risque du vaccin.» La seconde semaine de juin 2021, l’ANSM précisait que son comité de suivi «[retenait] l’hypothèse d’un rôle possible du vaccin Comirnaty dans la survenue des myocardites». Le mois précédent, l’agence précisait déjà que le comité de pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne des médicaments (EMA) avait «commencé à évaluer un risque potentiel de myocardite et de péricardite pour les vaccins Comirnaty et Moderna».