Question posée par F. B. le 12 juillet 2024
Vendredi 12 juillet, alors qu’une conférence de presse était organisée pour officialiser le lancement de l’Après (Association pour une République écologique et sociale), constituée par plusieurs dissidents de La France insoumise, Adrien Quatennens a publié un tweet comprenant un extrait du Journal officiel.
Il met en avant la date de déclaration de l’association, qui remonterait au 21 mai 2024. Soit bien avant la «purge» dénoncée par les frondeurs (à la mi-juin, plusieurs députés sortants comme Alexis Corbière, Danielle Simonnet ou Raquel Garrido n’avaient pas été investis par LFI pour ces législatives anticipées).
Date de déclaration : 21 mai
— Adrien Quatennens (@AQuatennens) July 12, 2024
« L’après » c’était déjà avant. https://t.co/tas0lvW4yR pic.twitter.com/yJQRtLtr9c
Par ce tweet, Adrien Quatennens, fidèle de Jean-Luc Mélenchon, sous-entend que les dissidents, loin d’avoir été «purgés», avaient en réalité le projet de se mettre en marge du mouvement (voire de le quitter) quoi qu’il en soit.
«Espace associant les insoumis attachés au rassemblement des gauches et des écologistes»
Auprès de CheckNews, Pierre-Yves Legras, proche de Corbière et responsable de publication du site l’Après, nous confirme avoir déposé les statuts de l’association dès le mois de mai, au moment de la campagne des européennes. «Il n’y a aucune difficulté là-dessus, explique-t-il. A partir du printemps, on a convenu qu’il fallait se doter d’un outil, d’une asso de type laboratoire politique. Cela a été pensé sur le modèle du PRS.»
Une référence à l’association Pour la République sociale, présidée par Jean-Luc Mélenchon, alors membre du Parti socialiste, et créée après la victoire du «non» au référendum sur le Traité constitutionnel européen de 2005. Cette structure avait alors été pensée par le sénateur de l’Essonne et ses proches pour agréger des soutiens rencontrés dans la campagne du «non» de gauche mais qui ne voulaient pas entrer au PS. Un appui structurel et financier, aussi, lorsque Jean-Luc Mélenchon et ses proches ont quitté le PS en 2008 pour créer le Parti de gauche. A l’époque, PRS comptait dans son bureau national des personnes comme Danielle Simonnet, Alexis Corbière et Raquel Garrido… les mêmes qui ont lancé l’Après ce vendredi.
De son côté, Clémentine Autain, qui avait été investie mais avait dénoncé une «purge» au sein de LFI, reconnaît également auprès de CheckNews : «On avait déjà prévu de créer une association car on avait des désaccords, on était mis à l’écart de tout ! Vu l’ambiance des européennes, les insultes qui fusaient contre les partenaires d’aujourd’hui : oui, nous avions déjà en tête qu’il fallait un espace associant les insoumis attachés au rassemblement des gauches et des écologistes, condition pour gagner. Mais il est évident que maintenant, l’objet de notre rassemblement prend une tout autre tournure et vise davantage à devenir une nouvelle force politique.»
Elle précise encore : «Il ne s’agissait pas à l’époque de partir de LFI. Il n’est pas interdit de s’associer à La France Insoumise, tout en faisant partie de LFI.»
«Il n’y a pas et il n’y aura pas de courant à LFI»
Cette question s’est déjà posée pour Clémentine Autain. En mai 2023, le micro-parti la Gauche écosocialiste, proche de la députée qui a toujours été dans de petites boutiques de la gauche radicale (la Fase, Ensemble…), tient son congrès fondateur. Ses membres veulent alors créer un «courant» au sein de La France insoumise, dont ils critiquent le manque de démocratie interne, comme le rapportait le Parisien. Parmi eux, on retrouvait notamment Hendrik Davi, récemment écarté aux législatives par LFI (mais réélu député malgré tout et qui figure parmi les membres de l’Après).
Le rappel à l’ordre avait alors été immédiat : «Il n’y a pas et il n’y aura pas de courant à LFI», leur avait répondu, dans une lettre, le coordinateur national de LFI, Manuel Bompard. Reprenant à son compte une ligne édictée par Jean-Luc Mélenchon. «Pas de fraction chez moi», répète-t-il souvent.
Bompard précise au passage que LFI «accueille en son sein des membres d’organisations politiques» comme Picardie Debout de François Ruffin (qui a depuis rompu avec le mouvement) : «On peut donc tout à fait être militant d’une de ces organisations tout en militant au sein de La France insoumise. [Mais] la Gauche écosocialiste ne peut pas se constituer en courant au sein de La France insoumise.» Le coordinateur de LFI s’appuyait sur le document des «principes de La France insoumise» qui indique que «les compétitions internes, les conflits de personnes et les affrontements de courants n’y ont pas leur place» et que «les prises de décisions au consensus sont privilégiées afin d’éviter les écueils liés aux clivages et aux mises en minorité». Le microparti avait finalement rétropédalé, indiquant vouloir simplement se constituer en tant que «groupe de militants au sein de LFI» et non comme courant.