Trois mois après, les familles des victimes veulent savoir. Si leurs proches sont morts sous le feu de Tsahal. Et pourquoi l’armée israélienne a fait le choix de tirer, délibérément, y compris avec un char, sur une maison où elle savait que le Hamas détenait des otages.
Dans l’après-midi du 7 octobre, à Be’eri, alors que les combats faisaient encore rage dans le kibboutz, la police et l’armée israéliennes se sont retrouvées face à une quarantaine d’hommes du Hamas, retranchés dans une maison, avec quatorze otages utilisés comme boucliers humains. Après des échanges de tirs d’une grande intensité, l’armée a fini par prendre la décision de tirer au tank sur l’habitation. L’affrontement, qui a duré plusieurs heures, entrecoupé de vaines négociations, a abouti à la destruction quasi totale de la maison, qui a en partie brûlé. Tous les terroristes (sauf un, qui s’est rendu) ont été tués, ainsi que douze des otages, dont deux adolescents âgés de douze ans. Certains corps ont mis des semaines à être identifiés. On ne sait précisément, parmi les civils tués, combien ont été victimes de tirs israéliens.
Depuis, l’épisode dramatique a été largement instrumentalisé par les soutiens du Hamas, avides d’exploiter toute histoire pouvant servir à nier ou minimiser la responsabilité du mouvement dans la mort de civils. Mais il suscite aussi des questions lancinantes en Israël sur les décisions prises ce jour-là par l’armée. Mi-décembre, Noa Limone, une journaliste du Haaretz a posé la q