L’info (sic) offre un joli coup de pub au prochain long métrage, déjà très attendu, de Greta Gerwig. A l’occasion de la sortie prochaine du film Barbie, prévue en juillet 2023, plusieurs titres de presse ont relayé une anecdote pour le moins étonnante : le film aurait «entraîné une pénurie de peinture rose dans le monde !» indiquent ainsi le site MCE TV, partenaire de Ouest-France, ou encore Première. De son côté, le Journal de Montréal écrit : «Pénurie de peinture rose : le film Barbie à blâmer pour s’être emparé des dernières gouttes.»
La réalité est évidemment bien moins sensationnelle. A l’origine, l’information provient d’une interview de la production designer du film, Sarah Greenwood, dans le magazine Architectural Digest. On y apprend que le souhait de la réalisatrice était de viser une «artificialité authentique» – comprendre : utiliser des décors recréés de toutes pièces, plutôt que recourir à des effets spéciaux, afin de recréer le monde de la poupée culte : «Je voulais des roses très éclatants, que ce soit presque too much», déclare ainsi Greta Gerwig. En conséquence, explique Sarah Greenwood : «La construction des décors a provoqué une chasse internationale à la teinte rose fluo de la marque Rosco.» L’article chute ainsi : «Le monde, dit-elle en riant, a manqué de rose.»
Une boutade qui est loin de signifier que l’humanité entière s’est retrouvée à court de peinture rose à cause du tournage d’un seul film – contrairement à ce que suggèrent plusieurs titres de presse. Et de fait, cette pénurie n’a donc concerné, comme l’explique la production designer, que la marque Rosco, ultraspécialisée dans la mise en couleur de décors de cinéma.
Auprès de CheckNews, Lauren Proud, porte-parole de la marque, confirme : «Le film a provoqué une pénurie pour Rosco – ils ont utilisé tout notre stock. Je ne peux pas dire si cela a impacté d’autres entreprises.»
La peinture Rosco, pensée pour les studios de télévision et de cinéma, n’est pas destinée à être vendue auprès du grand public. A titre d’exemple, la société Leroy Merlin confirme à CheckNews qu’elle n’en vend pas… et qu’aucun mouvement particulier n’a été constaté sur ses propres stocks de peinture rose.
Par ailleurs, et c’est une précision importante : Lauren Proud explique également que la production du film est intervenue dans une période où les stocks de Rosco étaient déjà fragilisés, notamment par le Covid. Elle précise ainsi : «Les décors ont été pensés et construits à un moment où nous connaissions des problèmes globaux d’approvisionnement. Mais on a fourni tout ce qu’on a pu : ils ont tout pris.» Et d’ajouter : «Nous sommes ravis d’annoncer que la couleur rose fluo est désormais de retour dans les stocks, pour tous ceux qui veulent créer leur propre maison de Barbie !»