Alors que le 11 juin est tombée la nouvelle du licenciement de l’humoriste Guillaume Meurice par Radio France, le député sortant insoumis François Ruffin, artisan du nouveau Front populaire créé la veille au soir, s’est fendu d’une réaction. Dans une publication sur X (anciennement Twitter), en réaction à un article de Libé sur le licenciement de l’humoriste, il écrit, soulignant l’opposition frontale entre le Rassemblement national et la nouvelle alliance politique réunissant les principaux partis de gauche : «Première mesure du Front populaire : la réintégration de Guillaume Meurice à France Inter. Première mesure du Rassemblement national : livrer tout le service public à Bolloré.» Une allusion aux déclarations du député RN Sébastien Chenu promettant en cas de victoire la privatisation de l’audiovisuel public.
Première mesure du Front populaire : la réintégration de Guillaume Meurice à France Inter.
— François Ruffin (@Francois_Ruffin) June 11, 2024
Première mesure du Rassemblement national : livrer tout le service public à Bolloré.#frontpopulaire https://t.co/mxKAqS2a8O
Dans la soirée, le sujet est remis sur la table par François Piquemal, député sortant LFI de Haute-Garonne. Ce dernier assure : «Oui Guillaume Meurice réintégrera Radio France si le nouveau Front populaire arrive au pouvoir ! En tout cas, on lui proposera.» Le tout assorti d’un emoji clin d’œil.
«Liberté à la presse»
Ce tweet accompagne une séquence tournée sur le plateau de BFM TV, où Piquemal était invité. On l’entend d’abord dire son soutien à Guillaume Meurice avant que le journaliste Olivier Truchot ne lui demande de rebondir sur la «proposition» de François Ruffin : «Si vous arrivez au pouvoir, vous le réintégrez à Radio France ?» Réponse du député, dans un demi-sourire : «Bah bien sûr… en tout cas on lui propose !» Truchot réenchérit : «Un député va faire la grille du service public.» Et François Piquemal de répondre : «Je lui proposerais, mais effectivement vous avez bien noté que je n’étais pas à la tête de Radio France.»
Ces déclarations (surtout celle de Ruffin) ont fait réagir de nombreux internautes, dont beaucoup ont pris très au sérieux la proposition. Dans un tweet vu près de 280 000 fois, l’humoriste Sophia Aram, chroniqueuse de France Inter, dénonce les paradoxes du camp insoumis en matière de liberté de la presse, et écrit : «Novembre : “Ouin-ouin Meurice, décision pôlitchique, libertay de la preïsse toussa toussa.” Juin : Première décision politique du «Front populaire», (re)nommer les humoristes ! Le problème c’est qu’ils sont à la fois populistes ET crétins…»
Novembre : "Ouin-oui Meurice, décision pôlitchique, libertay de la preïsse toussa toussa".
— sophia aram (@SophiaAram) June 11, 2024
Juin : Première décision politique du "Front-populaire", (re)nommer les humoristes !
Le problème c'est qu'ils sont à la fois populistes ET crétins... pic.twitter.com/Ek4wMq44cV
Elle y ajoute la capture d’écran d’un tweet du député sortant LFI Louis Boyard, qui affiche son soutien à l’humoriste et assure : «Dans trois semaines, le Front populaire rendra sa liberté à la presse.» Mais ne propose en rien de le réintégrer Guillaume Meurice ou d’intervenir dans une politique de recrutement.
«Trait d’humour»
De la même manière, une «note Twitter» (permettant aux utilisateurs de corriger des informations qu’ils estiment erronées) a été ajoutée au tweet initial de François Ruffin, lui opposant le fait que Radio France n’est pas une «radio d’Etat» et que «le législateur ou l’exécutif n’a pas le pouvoir de réintégrer directement Guillaume Meurice à son ancien poste». Preuve que certains internautes ont pris cette proposition au premier degré. En réponse au tweet de François Ruffin, ils sont d’ailleurs nombreux à le désigner comme étant «hors sol» et à dénoncer un potentiel futur interventionnisme dans les médias : «Vous êtes donc aussi totalitaire et faf que le camp d’en face» peut-on lire.
Sollicités par CheckNews, les deux députés LFI plaident l’humour. François Piquemal assure ainsi qu’il s’agit d’un «trait d’humour», reprenant ensuite l’argumentaire qu’il a déployé sur BFM TV : «Ce n’est pas les députés qui prendront la décision, on peut juste le proposer.» Quant à François Ruffin, il nous explique : «De l’humour pour un humoriste, bien sûr. Malgré la gravité du moment, de la joie dans tout ça !»