A l’occasion de l’annonce, jeudi soir sur TF1, d’une «indemnité inflation» de 100 euros par personne pour compenser la hausse des tarifs de l’énergie, le Premier ministre a de nouveau défendu le bilan d’Emmanuel Macron sur le pouvoir d’achat : «Le président de la République, c’est le président du pouvoir d’achat. […] Le pouvoir d’achat, sous le président Macron, a augmenté deux fois plus que sous les quinquennats précédents : baisse de la taxe d’habitation, revalorisation de la prime d’activité, baisse de l’impôt sur le revenu, notamment sur les classes moyennes et les classes les plus défavorisées…»
Le pouvoir d'achat a augmenté deux fois plus durant ce quinquennat que sur les précédents : nous le devons à la politique menée par Emmanuel Macron. pic.twitter.com/emkpAVDTQS
— Jean Castex (@JeanCASTEX) October 21, 2021
Rappelons avant tout que l’évolution du pouvoir d’achat ne se limite pas seules aux mesures prises par un gouvernement (hausses ou baisses d’impôts ou de prestations sociales), mais intègre aussi les effets de la conjoncture (dont l’évolution de l’emploi).
Composition des ménages
Reste que dans le Rapport économique, social et financier 2022 (RESF), qui accompagne le projet de loi de finances pour l’année prochaine, le Trésor explique effectivement que le pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages (RDB, ensemble des revenus et prestations sociales, dont on déduit les impôts et cotisations) aura progressé de 8% sous le quinquennat Macron, contre 4% sous Hollande et 3,5% sous Sarkozy. Soit environ deux fois plus sous ce quinquennat que sous les deux précédents.
Ce RDB global est cependant peu parlant, car il ne prend pas en compte l’augmentation du nombre de ménages sur les périodes considérées ni leur composition (pour apprécier les économies d’échelle).
Quand on intègre ces deux derniers paramètres, qui permettent de ramener le RDB au niveau individuel, on parle alors de niveau de vie (revenu disponible par unité de consommation (1)).
L’évolution du pouvoir d’achat par niveau de vie aura ainsi été de +4% sous Macron (de 2017 à 2022, prévisions du Trésor), de 0% sous Hollande (de 2012 à 2017, chiffres Insee) et de +1,4% sous Sarkozy (de 2007 à 2012, chiffres Insee).
Selon l’OFCE, qui présente ses données en moyenne annuelle, et dont la méthodologie est un peu différente, le pouvoir d’achat par unité de consommation aura progressé de +1% par an sous Macron, de +0,2% par an sous Hollande et de 0% par an sous Sarkozy, d’après des travaux publiés le 13 octobre.
Qu’il s’agisse des données de niveaux de vie de l’Insee ou des travaux de l’OFCE, le pouvoir d’achat par unité de consommation aura donc bien, là aussi, progressé davantage sous Macron que sous les deux quinquennats précédents, marqués par la forte crise de 2008 et les mesures d’austérité qui s’en sont suivies, quand celui du président actuel aura été impacté par les crises sanitaire et économique de 2021. Et bien qu’un peu différentes, ces deux présentations sont encore plus favorables à Emmanuel Macron que les chiffres cités par Castex.
S’attarder sur les plus modestes
A qui, cependant, ces hausses ont-elles surtout profité ? Pour apprécier l’évolution globale (conjoncture comprise) des niveaux de vie par dixièmes de revenu (hors inflation), il faut s’en remettre aux chiffres de l’Insee. Problème : ceux-ci ne sont disponibles que jusqu’en 2019. Le calcul concernant le quinquennat Macron ne pourra donc se faire que sur les deux premières années pleines de son mandat (2).
Ainsi, entre 2017 et 2019, le niveau de vie des 10% les plus modestes a progressé de +0,7%, contre +2,2% pour les 10% les plus aisés. Sous le quinquennat Hollande, les plus modestes ont connu une hausse de 4,7%, tandis que les plus aisés accusaient une baisse de 4,3%. Sous le quinquennat Sarkozy, les plus modestes ont subi une perte de 4,7%, quand les plus aisés profitaient d’une hausse de 5,7%.
En conclusion, si la progression du niveau de vie des Français dans leur ensemble (+4%) devrait effectivement être plus forte sous Macron que sous les deux quinquennats précédents, il pourrait en être autrement quand on s’attarde sur les plus modestes.
Pour l’heure, l’évolution par dixièmes de niveaux de vie n’est pas connue pour le quinquennat actuel. Mais quoi qu’il en soit, les 10% les plus modestes sous Hollande ont d’ores et déjà connu une hausse de leur niveau de vie (+4,7 %) supérieure à celle attendue pour l’ensemble de la population sous Macron (+4%). Ce qui ne fut pas le cas, en revanche, sous Sarkozy, puisqu’ils avaient subi une perte de 4,7 %.
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