Plus de 50 % des circonscriptions pour La France insoumise, 17 % pour le PS, même chose pour les Ecolos, et 5 % pour les autres partis de gauche, dont Place publique : c’est la répartition présumée, en vue des prochaines législatives, entre les différents partis fondateurs du nouveau Front populaire, qui circulait activement depuis quelques heures sur les réseaux sociaux. Et qui a été reprise, concernant la France insoumise, par le président de la République lui-même, mercredi lors de sa conférence de presse : «L’accord qui a été négocié, c’est 300 circonscriptions pour LFI», a-t-il assuré à trois reprises lors de cette rencontre avec les journalistes.
A l’origine de ces chiffres, un message posté sur X mardi soir à 21h42, publié par un dénommé Christophe Chassaigne, qui se présente dans sa bio comme journaliste «né dans le Périgord». Un tweet suivi d’un second avec ce texte : «Zéro programme, zéro éthique, zéro intérêt pour les territoires ou les citoyens représentés. Juste des plats de lentilles cuisinées par Mélenchon et servis par Faure… Beurk !» Interrogé par CheckNews, l’ex-journaliste affirme que ses informations, correspondant à «une base de négociation» mardi soir, venaient de «négociateurs de l’accord», qu’il précise ne pas avoir eu «directement ».
300 circonscriptions pour La @FranceInsoumise, 100 circonscriptions pour le @partisocialiste, 100 circonscriptions pour @EELV, 50 circonscriptions pour le @particommuniste et quelques miettes pour @PPublique, @Gauche_RS @larrouturou, @NPA_officiel @MRC... Et voilà 577 candidats !
— Christophe Chassaigne (@ChrisChassaigne) June 11, 2024
Ce qui est sûr, c’est qu’à l’heure où le message était posté, les arbitrages étaient encore loin d’avoir été rendus. Tout au plus savait-on, au détour d’un article de Libé (publié vers 21h), que LFI demandait 300 circonscriptions à l’entame des négociations. Ce qui n’est pas la même chose que de les obtenir.
Dans la soirée de mardi, et la matinée de mercredi, les chiffres ont pourtant été largement relayés comme le résultat d’un accord, sans aucune vérification et souvent sans source, par de nombreux internautes, dont un journaliste de Valeurs Actuelles, ou encore le député européen Renew Pascal Canfin.
Plusieurs responsables politiques de gauche les ont ensuite démentis, comme la sénatrice PS Marie-Pierre de La Gontrie.
Ces chiffres ne sont pas exacts https://t.co/6SdcAV1pUR
— mpdelagontrie (@mpdelagontrie) June 12, 2024
De fait, ces chiffres sont faux. Selon le député Paul Vannier, négociateur LFI pour cet accord, la quasi-totalité des 577 circonscriptions ont été réparties de la manière suivante, rapportait l’AFP mercredi en fin de matinée : les Insoumis présenteraient 230 candidats, les socialistes 170, les Ecologistes aux alentours de 90 et les communistes 50. Manquent 37 circonscriptions, celles des Outre-mer et de la Corse ne faisant pas encore partie de cet accord.
En 2022, 328 circonscriptions pour LFI, 70 pour le PS
Le PS, de son côté, a confirmé des chiffres proches auprès de CheckNews. Son négociateur, Pierre Jouvet, nous a fait suivre le courrier aux adhérents, où il est indiqué que «pour parvenir à cette répartition, [ils ont] appliqué la proportionnelle du score de chacun des partis dans le total gauche aux Européennes sur le reste des circonscriptions non sortantes». LFI obtiendrait ainsi 229 candidatures, le PS 175, les Ecologistes 92 et le PCF 50. «Nous entrons désormais dans le travail de partage et de fléchage des circonscriptions. Ce travail peut encore durer un peu», indique le Drômois.
Ces chiffres sont donc assez éloignés de ceux qui ont circulé jusqu’à maintenant, puisque LFI bénéficierait de 70 circonscriptions de moins que ce qui a été annoncé. Selon une «source socialiste» citée par l’AFP, ces chiffres ne seraient cependant «pas stabilisés». Un communiste précise, toujours auprès de l’agence de presse, qu’il y aura des «réajustements», selon la force la plus à même de l’emporter dans chaque circonscription.
«Toutes les circonscriptions des députés sortants» seraient également sanctuarisées, indique le négociateur LFI. «Le principe retenu a été [celui] de la préservation des sortants des quatre partis, confirme Pierre Jouvet. Même si certains cas particuliers continuent de nous poser problème».
Pour rappel, au moment de l’alliance Nupes constituée pour les législatives de 2022 (Jean-Luc Mélenchon avait obtenu 22 % à la présidentielle), LFI avait présenté 328 candidats, EE-LV 100, le PS 70 et le PCF 50.