Menu
Libération
CheckNews
Vos questions, nos réponses
CheckNews

«Les Russes n’ont pas marché sur Kyiv» : polémique autour des déclarations de Manon Aubry

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
La candidate LFI est accusée de remettre en cause l’agression russe sur l’Ukraine. Manon Aubry précise à «CheckNews» avoir voulu dire que Moscou n’avait pas «réussi à prendre le contrôle de la ville».
Des véhicules blindés russes brûlés dans la banlieue de Kyiv, le 1er avril 2022, lors de l'invasion de l'Ukraine. (Ronaldo Schemidt/AFP)
publié le 14 mai 2024 à 17h21

Dimanche 12 mai, la tête de liste de La France insoumise aux élections européennes, Manon Aubry, était interrogée sur le conflit ukrainien à l’antenne de LCI. Quand le journaliste François Lenglet lui demande si elle considère que la menace russe sur l’Ukraine est «existentielle pour l’Europe et pour la France», la députée européenne répond : «Il y a une menace russe qui est évidente, après je pense qu’il faut savoir raison garder. La Russie n’a pas envahi la Pologne et tous les Etats voisins de l’Ukraine, et ils n’ont pas marché sur Kyiv.»

La dernière partie de cette déclaration, selon laquelle les Russes n’auraient pas «marché sur Kyiv» ni «envahi» les pays voisins de l’Ukraine a fait l’objet de violentes critiques, accusant la candidate LFI de minimiser la gravité de l’agression de Moscou. De fait, si les forces russes n’ont pas réussi à prendre Kyiv en février 2022, elles ont bien «marché» sur la capitale ukrainienne, en tentant d’en prendre le contrôle. Et la réussite de cet assaut ne s’est pas jouée à grand-chose, comme l’ont déjà raconté différents médias, dont CheckNews.

Assaut éclair de la capitale

Lorsque le 24 février 2022 le Kremlin lance son invasion de l’Ukraine, ses troupes attaquent l’ensemble du front, avançant dans différentes régions de l’Ukraine, de Kherson, à une centaine de kilomètres de la Crimée, à Kharkiv, au nord-est du pays. Mais dès le premier jour, la Russie tente en parallèle un assaut éclair de la capitale ukrainienne en envoyant des dizaines d’hélicoptères bourrés de troupes de choc vers l’un des aéroports de la capitale ukrainienne, à Hostomel. L’État-major russe cherche alors à capturer Kyiv en quelques jours et décapiter le pouvoir ukrainien. Notamment grâce à cet aéroport d’où il compte acheminer des forces par avion, pariant sur la fulgurance, avant que les renforts ukrainiens n’arrivent du Donbass ou que la communauté internationale ne réagisse.

Les forces ukrainiennes ayant réussi à empêcher l’atterrissage des avions russes à Hostomel dans la nuit du 24 au 25 février, les gigantesques colonnes de blindés de Moscou arrivent finalement par les routes pour tenter de prendre la capitale. L’avancée russe s’enlise face à la résistance ukrainienne (qui a notamment mobilisé le matériel et les élèves de ses écoles d’artillerie tout en ramenant à la hâte des renforts du Donbass) dans la banlieue directe de Kyiv, à Irpin et Boutcha, situées à une vingtaine de kilomètres du palais présidentiel ukrainien. Des villes où des centaines de civils ont été massacrés par les troupes du Kremlin, comme l’ont documenté différentes enquêtes.

Des points de friction au sein de la gauche

Contactée, Manon Aubry modifie quelque peu sa formulation, suggérant qu’elle voulait dire que Moscou avait échoué à prendre Kyiv : «J’ai en effet dit que la Russie n’a pas marché sur la capitale Kyiv et réussi à prendre le contrôle de la ville, puis envahi les pays voisins comme la Pologne contrairement à ce que Poutine avait annoncé au début de la guerre. Les crimes de guerre commis par l’armée russe, notamment à Boutcha, n’en demeurent pas moins abjects et l’attaque de la Russie sur l’Ukraine une menace et si vous écoutez l’ensemble de l’émission comme dans cet extrait vous pourrez voir que j’ai défendu l’accélération du soutien financier et militaire à l’Ukraine pour que Poutine ne gagne pas la guerre», renvoyant vers un autre extrait de l’interview dans lequel elle appelle à «l’ouverture de canaux diplomatiques».

Cette dernière position de condamnation de l’agression russe et de soutien au peuple ukrainien, tout en appelant à «trouver une issue» au conflit par des voies diplomatiques (aux contours flous) est un des points de friction au sein de la gauche comme le rapportait Libération et plus largement entre LFI et le camp «pro ukrainien».

Dans sa réponse, Manon Aubry explique que Vladimir Poutine aurait annoncé au début de la guerre son intention d’envahir la Pologne et les Etats voisins de l’Ukraine. CheckNews n’a retrouvé aucune trace publique d’une telle déclaration du président russe, même si les pays proches s’étaient inquiétés de l’offensive russe après son lancement.