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L’extrême droite voit une promotion de la GPA derrière une vidéo de la Sécurité routière

Sur les réseaux sociaux, plusieurs comptes d’extrême droite accusent la Sécurité routière de faire la promotion de la GPA, interdite en France. Le réalisateur du clip, qui montre des hommes et leur nouveau-né, explique qu’il n’en est rien.
Capture d'écran du spot publicitaire de la Sécurité routière. (D'après /capture d'écran X)
publié le 16 janvier 2024 à 15h18

Posté le 13 janvier par la porte-parole de la gendarmerie nationale sur le réseau social X (ex-Twitter), une vidéo montrant des hommes tenir des bébés dans une salle d’accouchement a été mal reçue par plusieurs internautes proches de l’extrême droite, qui accusent le gouvernement de faire la promotion de la gestation pour autrui (GPA) alors qu’elle est interdite en France. Sur ces images, on aperçoit des pères assistant aux premiers instants de vie de leur enfant après un accouchement dans un hôpital français.

«On peut savoir pourquoi la gendarmerie nationale fait la promotion de la GPA qui est interdite en France ?» a lancé sur X l’Action française, mouvement politique français nationaliste et royaliste d’extrême droite. «Ce clip promeut la GPA. La maman est complètement effacée, l’enfant est livrée à deux hommes. Atroce. Comme cette pratique immonde mais appréciée par Gabriel Attal», dénonce le journaliste Baudouin Wisselmann (viré de Valeurs Actuelles pour un clip en compagnie de l’influenceur Papacito et passé par Radio Courtoisie). «Avec un spot du gouvernement (nos impôts) portant théoriquement sur la sécurité routière, on en profite pour te vendre le vivre ensemble et la GPA-deux-papas», renchérit le journaliste fétiche de l’extrême droite Laurent Obertone.

«La gestation pour autrui (GPA) est interdite en France. La loi sur la bioéthique de 2021 et les débats qui l’ont accompagnée n’ont pas remis en cause cette interdiction», indique clairement le site Vie publique, géré par la Direction de l’information légale et administrative qui dépend de Matignon. «En revanche, la question de la reconnaissance dans le droit français des enfants nés à l’étranger par une GPA a évolué ces dernières années», précise le même site.

Une masculinité non «viriliste»

A travers ce clip, la Sécurité routière fait-elle la «promotion» de la GPA ? La vidéo a initialement été diffusée par la Sécurité routière en février 2023. Dans le dossier de presse qui accompagne cette campagne, on peut lire que cette publicité (portant sur le sujet de la masculinité puisque les hommes meurent plus souvent dans les accidents de la route) «bénéficie des images rares et délicates extraites d’un documentaire de Rémi Bezançon. Le réalisateur a immortalisé en salle d’accouchement et en maternité, les premiers instants entre des pères et leur fils. Une première rencontre qui s’accompagne d’un texte lu par Pio Marmaï, doux manifeste à se réaliser soi-même pour échapper aux édifications stéréotypées si dangereuses sur la route».

Sur les images du clip de sensibilisation à la sécurité routière, on peut voir trois hommes différents (un brun tatoué, un chauve à lunettes et un brun en chemise) tenir des nouveau-nés. On aperçoit également deux femmes différentes (une brune et une autre avec des reflets blonds). A aucun moment, les images ne montrent deux pères dans la même scène tenant ensemble un bébé, et rien n’indique que le clip montre des familles homoparentales.

Contacté par CheckNews, Rémi Bezançon assure que sa vidéo ne montre «absolument pas» de naissances par GPA. « On avait fait un casting de parents qui allaient bientôt accoucher et on a pris les trois premiers couples», indique le réalisateur surpris par l’interprétation de son clip.

Une interprétation qui s’explique, peut-être, par le commentaire du clip, dessinant une masculinité non «viriliste» (c’est précisément le propos du spot), peut-être éloignée des standards de certains commentateurs de l’extrême droite. Une voix off lit un texte adressé à son fils, à qui il dit : «T’as pas à suivre ce qu’attendent les gens d’un homme. C’est de toi que ça dépend. De tes 49 centimètres, écris l’homme que tu veux être. Un homme sensible, un homme qui pleure, un homme qui sait avoir du cœur. Peins-toi les ongles, dessine-toi le corps, mon fils, qu’importe, moi je t’aime si fort.»