Question posée le 4 décembre.
Dans un article publié mardi 3 décembre, CNN rapporte que la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban) a recensé «environ 100» violations israéliennes depuis le début de la trêve. Le cessez-le-feu signé entre Israël et le Hezbollah a pris effet le 27 novembre, sans pour autant faire taire les armes. De nombreuses violations de l’accord ont en effet été recensées depuis son premier jour d’application. Conduisant les chancelleries occidentales à multiplier les avertissements adressés à l’Etat hébreu, qui continue de bombarder l’ensemble du Liban, tandis qu’Israël affirme répondre aux agissements du Hezbollah et agite la menace d’une reprise des combats.
Les violations ont commencé dès les premières heures du cessez-le-feu quand l’agence de presse nationale libanaise a rapporté des tirs israéliens sur un groupe de journalistes, blessant deux d’entre eux à Al-Khiyam, dans le sud. Durant sa conférence de presse, en fin de journée, le porte-parole de l’armée israélienne a mentionné des actions entreprises par les forces de Tsahal au Liban, présentées comme une riposte à des déplacements du Hezbollah qui auraient eux-mêmes violé le cessez-le-feu : «Au fil de la journée, nos forces ont travaillé pour faire appliquer l’accord, identifiant des suspects s’approchant des zones interdites, les arrêtant et tirant pour les faire fuir. Nous avons également tué des terroristes aujourd’hui.» La ville de Tayr Harfa, dans le sud-ouest du pays, est mentionnée.
Le matin du 28 novembre, l’armée israélienne a revendiqué une frappe, toujours dans les mêmes termes : «Au cours de la dernière heure, l’arrivée de suspects, certains avec des véhicules, dans plusieurs zones du sud du Liban a été détectée, ce qui constitue une violation [du cessez-le-feu]. Les forces de Tsahal leur ont tiré dessus. L’armée israélienne est déployée dans le sud du Liban et fait respecter toute violation de l’accord de cessez-le-feu.» En début d’après midi, un deuxième bombardement est revendiqué, cette fois-ci sur des lance-roquettes du Hezbollah, et encore dans le sud du Liban. Toujours accompagné de l’affirmation selon laquelle l’armée israélienne entend faire respecter l’accord.
Inquiétudes de la diplomatie française
Le samedi 30 novembre, l’armée israélienne revendique quatre autres frappes, vidéos à l’appui. Une première sur la frontière entre le Liban et la Syrie, arguant avoir ciblé un site «utilisé activement» par le Hezbollah pour acheminer des armes, ce que l’armée de l’Etat hébreu décrit là aussi comme une réaction à des violations de l’accord de cessez-le-feu par le groupe armé. Et trois autres bombardements, tous dans le sud du Liban, sur un véhicule où des hommes armés chargeaient des armes et des munitions, sur un site du Hezbollah qui aurait contenu des lance-roquettes, et une dernière «au plus profond du Liban» ciblant un «véhicule militaire» opérant dans un site de production de missile du Hezbollah.
צה״ל פעל במהלך היום נגד פעולות בלבנון שהיוו איום על מדינת ישראל תוך הפרת הבנות הפסקת האש:
— Israeli Air Force (@IAFsite) November 30, 2024
צה"ל פעל במהלך היום בעקבות מספר פעולות בלבנון שהיוו איום על מדינת ישראל, תוך הפרת הבנות הסכם הפסקת האש.
במסגרת פעולות אלו, זוהתה מוקדם יותר היום הגעה של חמושים למרחב דרום לבנון. החמושים… pic.twitter.com/iYjhugbvPt
Les justifications de ces tirs répétés, systématiquement désignés par l’armée israélienne comme des réponses à des «violations du cessez-le-feu», ne semblent pas avoir convaincu les chancelleries occidentales qui ont participé à la négociation de l’accord. Dimanche, le premier site d’information israélien Ynet rapportait l’inquiétude de la diplomatie française, qui aurait recensé à cette date 52 violations israéliennes du cessez-le-feu, causant la mort de trois civils libanais. Rejoint par une mise en garde américaine le lendemain, Washington accusant également Israël de violations, notamment avec la présence de drones dans le ciel de Beyrouth.
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Toujours d’après Ynet, Israël a répondu à la France qu’il ne violait pas le cessez-le-feu, mais le faisait appliquer face aux violations du Hezbollah, qui nécessite, d’après son ministre des Affaires étrangères, des «réponses en temps réel». Selon le site d’information, Paris aurait opposé qu’Israël n’avait pas signalé les violations du Hezbollah à la commission internationale et avait utilisé des moyens létaux entraînant la mort de civils.
29 cibles touchées lundi
Lundi, un premier tir du Hezbollah sur le territoire israélien a été rapporté par Tsahal, avec deux projectiles qui auraient été tirés vers le mont Dov pour les Israéliens, les fermes de Shebaa pour les Libanais, dans des territoires occupés par Israël depuis 1967 mais que les deux pays revendiquent. Comme le rapporte le New York Times, le groupe armé libanais justifie ses tirs par des «violations répétées de l’accord par l’ennemi israélien», et décrit cette action comme «une première réponse défensive qui sert d’avertissement».
Reportage
L’armée israélienne a communiqué avoir ciblé le lanceur à l’origine du tir, ainsi que «des terroristes, des dizaines de lanceurs et des infrastructures de l’organisation terroriste Hezbollah dans tout le Liban», tout en affirmant être «attachée aux accords conclus concernant le cessez-le-feu au Liban». Bezalel Smotrich, ministre des Finances israélien et membre du ministère de la Défense, a évoqué 29 cibles touchées ce jour-là. D’après le ministère de la Santé libanais (qui ne différencie pas les combattants des civils), dix personnes seraient mortes dans ces tirs, et trois autres blessées.
Ces violations répétées ne signifient pas nécessairement un effondrement immédiat du cessez-le-feu. Interrogé sur le sujet, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, considérait ainsi lundi : «Dans l’ensemble, le cessez-le-feu tient. Il y a eu des frappes sporadiques. Cela ne fait aucun doute. Comme l’a dit le président lorsqu’il l’a annoncé, Israël a le droit inhérent de se défendre. Je vais donc les laisser parler de ce qu’ils visent. Mais nous sommes passés de dizaines de frappes par jour à une, peut-être deux.» Des spécialistes interrogés par le New York Times nuançaient eux aussi l’importance des violations, ajoutant qu’elles ne signifiaient pas nécessairement une rupture de la trêve, tout en soulignant que les mécanismes de contrôle que pourraient utiliser la France et les Etats-Unis face aux violations restent flous.