«Vague de froid polaire» (Franceinfo), «froid sibérien» (BFM) : plusieurs médias n’ont pas hésité ces derniers jours à qualifier de façon extrême la baisse des températures prévue pour cette semaine. Météo France a en effet placé, lundi 8 janvier, 40 départements du nord-est du pays en alerte jaune «grand froid», tandis que certaines préfectures, notamment à Paris, ont annoncé la mise en place de leur plan lui aussi nommé «grand froid».
Selon les prévisions de Météo France publiées le 5 janvier, les températures devaient passer en dessous des normales de saison dimanche 7 janvier. Et cette semaine, les gelées sont censées «concerner quasiment tout le pays», avec des températures minimales inférieures ou égales à -5 °C. Dans ses prévisions, Météo France ajoutait : «L’indicateur thermique national (moyenne quotidienne de la température moyenne de l’air relevée dans 30 stations météorologiques représentatives du territoire) pourrait passer en dessous de 0 °C mardi, la journée vraisemblablement la plus froide de l’épisode, ce qui ne s’est pas produit depuis près de 6 ans (février 2018).» C’est sur cet indicateur que Météo France et les météorologues analysent les tendances.
Dynamiques de réchauffement climatique
Comment a évolué cet indicateur thermique national ces derniers jours et a-t-on atteint une «vague de froid» ? Sur la semaine en cours et au niveau national, les températures sont plus basses que l’année dernière à la même époque (6 au 9 janvier). Mais elles ne sont pas aussi basses que lors des deux dernières vraies vagues de froid : 2018 (en bleu) et 2012 (en vert).
A noter que la rédaction de l’article ayant eu lieu dans la matinée du 10 janvier, il n’est pas possible de tenir compte de l’indicateur thermique national pour cette date. En effet, celui-ci est susceptible de changer puisqu’il s’agit d’une moyenne réalisée sur la base de multiples relevés réalisés pendant vingt-quatre heures.
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Dans le graphique ci-dessous, on retrouve la moyenne de l’indicateur thermique de tous les mois de janvier depuis 1930. Pour chaque année, les triangles bleus indiquent la valeur la plus basse à laquelle l’indicateur est tombé au cours de janvier. A partir des années 90, ils sont davantage regroupés autour de la moyenne, descendant de moins en moins bas, illustrant bien les dynamiques de réchauffement climatique. Des épisodes de froid continuent de se produire, seulement ils sont moins froids qu’avant les années 70.
Un «coup» de froid, mais pas de vague de froid
Selon Serge Zaka, agroclimatologue et vice-président de l’association Infoclimat, il est par ailleurs incorrect de parler, pour cette semaine, d’une «vague de froid» définie par Météo France selon deux critères spécifiques. Pour caractériser une vague de froid, il faut en effet que l’indicateur thermique national, calculé par Météo France comme la moyenne quotidienne de la température relevée dans 30 stations météo représentatives du territoire, soit inférieur à 0,9 °C sur au minimum trois jours, et inférieur à -2 °C au moins une journée.
Selon les prévisions, seule la première de ces deux conditions sera éventuellement remplie, puisqu’au pic de cette semaine de froid, mardi, l’indicateur thermique national s’établissait à +0,15 °C (et non pas en dessous de -2).
Non, il n'est pas prévu de vague de froid pour la semaine prochaine. Il faut 2 critères sur la température moyenne nationale :
— Asso Infoclimat (@infoclimat) January 6, 2024
- au moins 3 jours sous 0,9°C (acquis)
- dont au moins un jour sous les -2°C (non prévu)
Ces températures nous les avions 1 année sur 2 avant l'an 2000. pic.twitter.com/IWgUPrKMWR
D’après Météo France, la dernière vague de froid remonte à 2018 – selon ces critères – et celle d’avant à 2012. Pour l’agroclimatologue Serge Zaka, il ne s’agirait ici que d’un «coup de froid banal» qui ne «rentrera même pas dans l’histoire de la climatologie».