Question posée sur Twitter, le 11 septembre
Vous nous interrogez sur les propos d’Aurore Bergé en réaction à la mise en examen vendredi de l’ancienne ministre de la Santé, Agnès Buzyn pour «mise en danger de la vie d’autrui», après son audition par la Cour de justice de la République (CJR), seule instance habilitée à juger les ministres dans l’exercice de leurs fonctions. «Cette décision crée un précédent dangereux. Nous sommes au cœur d’une pandémie mondiale. Elle n’est pas derrière nous. Ceux qui ont porté plainte contre Agnès Buzyn sont aujourd’hui les premiers à appeler les Français à ne pas se protéger, à ne pas se faire vacciner. Qui met les Français en danger ? Qui les envoie en réa ?» a critiqué la députée LREM dans une série de tweets.
16 500 plaintes
Contactée par CheckNews, Aurore Bergé explique qu’elle fait référence à Fabrice Di Vizio. Cet avocat médiatique, figure des antivax, est par ailleurs engagé dans ce qu’il appelle lui-même un «harcèlement judiciaire» contre le gouvernement pour sa gestion du Covid. Il a d’ailleurs salué la mise en examen de l’ancienne ministre de la Santé sur Twitter. «Agnès Buzyn mise en examen devant la cour de justice de la république ! Alors ? Ma plainte ? Toujours inutile et pour le buzz ? Les autres plaintes sont sur le site de l’ADSPE», a-t-il ironisé.
Depuis la fin du mois d’août, Fabrice Di Vizio a lancé un système de plainte facilité via l’association de défense de la santé publique et environnementale (ADSPE). Pour deux euros, sur le site de l’association, il est possible de télécharger un modèle type de plainte contre Jean Castex, Olivier Véran et Jean-Michel Blanquer. Une plainte contre Jean-Baptiste Djebbari, le ministre chargé des transports sera aussi «bientôt disponible». D’après nos informations, ces actions, qui portent davantage sur les vaccins et le pass sanitaire, n’ont pas encore été examinées. Depuis le début de la crise, la CJR a reçu environ 16 500 plaintes dont l’immense majorité au cours des dernières semaines sur le modèle des recours proposés par l’ADSPE.
«Anciens malades»
Pour autant, Fabrice Di Vizio n’est pas étranger à la procédure visant l’ex-ministre de la Santé, puisqu’il défend plusieurs des médecins requérants, comme les trois médecins qui avaient déposé plainte au nom du «Collectif C19» contre Edouard Philippe et Agnès Buzyn en septembre 2020. La procédure compte toutefois d’autres plaintes. En tout, 16 missives ont été jugées recevables sur environ 200 (principalement sur les masques, la tenue des élections et les transports) examinées entre mars 2020 et juillet 2021. Parmi elles, celles d’«un syndicat de surveillants pénitentiaires, d’un syndicat de police, des proches de malades notamment décédés, et d’anciens malades», nous précise une source judiciaire. Par exemple, Christophe Zamboni, 41 ans, «sidérurgiste, père de famille, ceinture noire de karaté à l’époque», comme le décrit à CheckNews son avocat Bertrand Mertz, qui a décidé de porter plainte après être tombé gravement malade en mars 2020. Les services de santé mettront six jours à le prendre en charge dans un état grave, rapporte maître Mertz. D’après l’avocat, son client «n’a aucune motivation politique et veut juste comprendre pourquoi il n’a pas été soigné».