Une vidéo partagée sur les réseaux sociaux accuse la journaliste roumaine, Cristina Cileacu, de mettre en scène les dangers des bombardements du Hamas contre Israël. Dans cette courte vidéo, la reporter de la chaîne Digi24 est allongée sur le sol derrière une voiture et poursuit son direct.
La propagande #hasbara sioniste bat son plein..
— حمید (@Jarod211) October 23, 2023
Une journaliste roumaine en Israël « couchée à terre pour se protéger des roquettes du Hamas… »
Seul hic ? 🎬
On peut voir en arrière-plan ds gens marchaient & faire du vélo.
Ces gens st psychopathes manipulateurs et maniaques🤡 pic.twitter.com/ghlEGowi8R
Certains internautes lui reprochent d’avoir simulé le danger, en faisant remarquer que l’on voit en arrière-plan des personnes qui marchent tranquillement ou qui circulent à vélo. La journaliste a également fait l’objet de moqueries dans son propre pays, notamment de la part de Victor Ponta, ancien Premier ministre de Roumanie et actuel conseiller économique international du Premier ministre. Sur Facebook, l’homme politique a accusé la journaliste d’être une impostrice et a appelé à sa démission.
«Ils sont assez proches de nous en ce moment»
La chaîne s’est défendue de toute manipulation, renvoyant vers son direct du 22 octobre. La séquence non tronquée permet de voir que la journaliste commence son direct à Ashkelon debout, à 11h02 (la séquence a ensuite été rediffusée, ce qui explique l’heure de 12h01 sur la vidéo partagée sur les réseaux sociaux). La journaliste se trouve alors au croisement des rues Ben Gourion et Sderot Yitzhak Rabin, à Ashkelon. Cristina Cileacu raconte que des hélicoptères continuent de survoler la ville et que «les explosions ont cessé depuis l’intervention précédente de notre collègue Valentin Stan, mais l’intensification des bombardements se fait sentir». Elle fait alors référence au direct de son confrère qui, à 10h40, a également effectué un duplex pour la chaîne depuis Ashkelon, interrompu par le bruit des hélicoptères. Selon le canal Telegram de l’armée israélienne, un message publié à 10h16 avertissait la population que «des sirènes ont retenti dans la ville d’Ashkelon et dans la zone entourant la bande de Gaza».
A 11h04, des sirènes retentissent et la reporter se met à plat ventre tout en continuant son direct. Tandis qu’un homme en noir, en arrière-plan, s’accroupit près d’un arbre, elle dit : «La sirène d’alarme vient de se déclencher à nouveau», puis lance à son caméraman : «Vali, approche-toi de la voiture, couche-toi ! Voyons comment nous nous débrouillons avec les vestes, j’espère que l’alarme se coupera. La recommandation est de rester à terre si vous n’avez nulle part où courir et c’est ce que nous faisons en ce moment… On entend les tirs d’obus, l’alarme sonne toujours, c’est la seule chose à faire, se baisser et attendre que les tirs s’arrêtent. Ils sont assez proches de nous en ce moment.»
Durant trente secondes, les sirènes sonnent, on entend également un bruit d’explosion. Une fois l’alarme terminée, on peut voir deux vélos continuer leurs courses ainsi que deux hommes, dont celui qui s’était accroupi en arrière-plan, qui reprennent leur marche. La journaliste poursuit son direct à plat ventre, indiquant qu’«il semble [que les tirs] se soient arrêtés. L’infanterie israélienne intercepte également tous ces bombardements. Nous allons rester ainsi pendant un petit moment, car on ne sait jamais exactement quand les bombardements s’arrêtent… Enfin, ça y est, c’est calme, essayons de nous lever.» Cristina Cileacu et son caméraman se relèvent. Au total, la reporter est restée cinquante secondes au sol.
«Il faut s’allonger et mettre les mains sur la tête pour la protéger»
Les images isolées sur les réseaux sociaux ne montrent que les instants durant lesquels la sirène ne retentit plus et que la journaliste continue son direct au sol.
Le comportement adopté durant ce direct par Cristina Cileacu et son caméraman correspond aux recommandations faites par le portail national d’urgence d’Israël en cas de bombardement. «Lorsque l’on se trouve à l’extérieur lors d’une attaque à la roquette et qu’il n’y a pas de bâtiment à proximité, il faut s’allonger et mettre les mains sur la tête pour la protéger. La raison : cela réduit le risque d’être touché par des éclats d’obus» lit-on sur son site.
Dans son article revenant sur les accusations de fake news contre sa reporter, la chaîne Digi 24 a confronté le Premier ministre roumain, Marcel Ciolacu, aux propos de son conseiller. «Les opinions personnelles exprimées par Monsieur Ponta n’ont rien à voir avec le travail du gouvernement. Je suis désolé pour la situation que vit Madame Cristina Cileacu, dont le professionnalisme n’a jamais été mis en cause», a répondu le chef du gouvernement, selon la chaîne.