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Non, Jonathan Glazer, réalisateur de «la Zone d’intérêt», n’a pas «réfuté sa judéité» pour dénoncer les actions d’Israël à Gaza

Guerre au Proche-Orientdossier
Le discours de remerciement du réalisateur britannique, oscar du meilleur film étranger à la 96e cérémonie américaine, a fait l’objet d’incompréhensions et de vive critique sur les réseaux sociaux et dans certains médias.
Jonathan Glazer avec l'oscar du meilleur film international pour «la Zone d’intérêt», dimanche 10 mars à Los Angeles. (Jordan Strauss/AP)
publié le 12 mars 2024 à 15h37

Le discours de Jonathan Glazer, réalisateur britannique de «la Zone d’intérêt», qui a remporté l’oscar du meilleur film étranger, a été l’objet de nombreuses réactions, pour partie liée à une incompréhension. Nombreux commentateurs (mais aussi médias) ont rapporté que le réalisateur aurait «réfuté sa judéité» en raison de la situation à Gaza. «Un type qui a réalisé un film sur l’Holocauste “réfute” sa judéité parce que l’Etat créé pour empêcher que cela ne se reproduise se défend contre une nouvelle tentative d’Holocauste. S’il existe un panthéon des gens qui n’ont rien compris à la réalité, il est le premier à y figurer», écrit ainsi un avocat américain sur X. «Israël se moque que vous “réfutiez votre judéité”, ce qui ne nous empêchera pas de mettre fin au Hamas et d’empêcher un autre 7 octobre. Les terroristes se moquent de savoir si vous vous sentez juif, vous auriez été leur cible de toute façon», commente, de son côté, une chroniqueuse au Jerusalem Post. La polémique est également arrivée en France, notamment en raison d’un article de BFMTV titré «“Nous réfutons notre judéité” : lors des oscars, Jonathan Glazer dénonce les actions d’Israël à Gaza». Depuis le titre a été modifié.

De fait, comme l’ont remarqué plusieurs internautes, la déclaration initiale a été mal comprise. «La citation complète montre clairement que sa formulation, quelque peu maladroite ‚est à l’origine de la mauvaise interprétation», écrit le journal israélien Haaretz, qui a consacré un article sur le sujet.

Quels ont été les propos tenus par le réalisateur ? Après des remerciements d’usage, Jonathan Glazer a pris la parole et établi un lien entre le propos de son film (qui suit le quotidien du SS Rudolf Höss installé avec sa famille derrière le mur d’Auschwitz-Birkenau) et l’actualité à Gaza et en Israël : «Notre film montre là où a pu mener la déshumanisation la plus terrible. Et cela a forgé notre passé et notre présent. Aujourd’hui, nous nous tenons devant vous comme des hommes qui refusons que notre judéité et l’Holocauste soient détournés par une occupation qui a mené à une guerre impliquant tant d’innocents. Qu’il s’agisse des victimes du 7 octobre en Israël ou de celles des attaques incessantes qui se déroulent à Gaza, elles sont toutes des victimes de cette déshumanisation», a-t-il déclaré.

Il ne s’agit donc pas pour le réalisateur de «réfuter» sa judéité en réaction à ce qui se passe à Gaza, comme cela a été mal compris et rapporté, mais de refuser que sa judéité et l’Holocauste soient instrumentalisés dans le cadre du conflit en cours.