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Non, la présidente de l’Office français de la biodiversité ne s’est pas offert un repas à 4 000 euros aux frais du contribuable

Les agriculteurs en colèredossier
Dans le contexte de vives tensions autour de l’OFB, une capture d’écran montrant une supposée facture émise par le restaurant parisien la Tour d’argent circule sur les réseaux sociaux. Il s’agit d’un faux, comme le confirme à «CheckNews» l’établissement.
Les locaux de la direction régionale occitane de l'OFB à Toulouse, en novembre 2024. (Pat Batard/Hans Lucas)
publié le 23 janvier 2025 à 15h34

Depuis plusieurs jours circule sur les réseaux sociaux une prétendue copie d’une facture émise par le prestigieux restaurant parisien la Tour d’argent, à l’adresse de l’Office français de la biodiversité (OFB). Le document, où figure le nom de la présidente du conseil d’administration de l’établissement public, Sylvie Gustave-dit-Duflo, mentionne quatre repas, en date du 21 novembre 2024, pour un prix de 4 028 euros.

Sur X, anciennement Twitter, où la capture circule largement, l’intéressée, par ailleurs vice-présidente du conseil régional de Guadeloupe, à démenti l’authenticité du document, dénonçant une «campagne mensongère» la visant.

Interrogé par CheckNews, l’établissement confirme qu’il s’agit d’une «fausse information». «Je vous confirme que cette facture est une fausse et qu’elle n’a pas été émise par nos services», nous a répondu la directrice de la communication de la Tour d’argent.

Le faux document a notamment été partagé par deux députés du RN, Emmanuel Blairy et Jérôme Buisson, (qui ont depuis supprimé leur publication), ainsi que par le compte «J’aime les paysans» (qui compte 174 000 abonnés sur Facebook). CheckNews n’est pas parvenu à retrouver son origine.

L’OFB, dont le rôle est de contrôler le respect des lois et règlements du code de l’environnement, est depuis plus d’un an dans le viseur des syndicats agricoles. Libération avait recensé dernièrement une cinquantaine d’atteintes – dégradations de locaux ou atteintes aux agents notamment – ayant visé l’établissement public depuis le début de l’année 2024.

«Comme si les dealers demandaient aux policiers de ne plus venir dans les cités»

Les heurts se sont encore multipliés ces derniers jours, dans un contexte de relations tendues avec le gouvernement. Dans son discours de politique générale, François Bayrou avait parlé de «faute» en évoquant les contrôles des inspecteurs de l’environnement : «Quand ils viennent inspecter les fossés ou les points d’eau avec une arme à la ceinture dans une ferme déjà mise à cran par la crise, c’est une humiliation, donc une faute.» Une déclaration qui avait amené une large intersyndicale à appeler vendredi 17 janvier à «une mise en retrait totale» des agents.

Le lendemain de la déclaration du Premier ministre, un agent de l’OFB avait alimenté la polémique, en déclarant sur France Inter que si les agriculteurs ne veulent «plus nous voir dans leurs exploitations, c’est du même ordre que si les dealers demandaient aux policiers de ne plus venir dans les cités».

«Je tiens à rappeler que les propos tenus par certains représentants syndicaux n’engagent en aucun cas notre établissement», avait réagi le directeur général de l’OFB, Olivier Thibault, sur X.

Une rencontre est prévue vendredi 24 janvier à 18 heures, à Matignon entre la direction générale de l’OFB, l’intersyndicale de l’établissement public, et le cabinet du Premier ministre. Auprès de CheckNews, Sylvie Gustave-dit-Duflo affirme attendre du gouvernement un soutien clair pour l’action de l’établissement et de ses agents, «qui sont des fonctionnaires d’Etat».