Menu
Libération
CheckNews
Vos questions, nos réponses
CheckNews

Non, la retraite moyenne de la RATP n’est (toujours) pas de 3 705 euros contre 1 400 euros dans le privé

Un visuel trompeur du Parisien, datant de 2019, continue inlassablement de circuler sur les réseaux sociaux.
Cabine du conducteur d'une rame de la ligne 6 du métro de Paris, en 2023. (Edouard Caupeil/Libération)
publié le 25 septembre 2024 à 16h22

C’est un marronnier des réseaux sociaux. Cela fait maintenant cinq ans que des internautes s’indignent en boucle du supposé traitement royal des retraités de la RATP, en partageant un visuel suggérant qu’ils perçoivent 3 705 euros en moyenne, contre 1 260 à 1 410 euros de retraite pour le régime général.

«Il est financé comment le régime de retraite de la RATP ?» commente ainsi un twittos indigné en commentaire d’une infographie signée le Parisien. Ce tweet très partagé, et vu près d’un million de fois, reprend effectivement une infographie, publiée le 13 septembre 2019 dans le Parisien (et depuis modifiée).

Selon le visuel publié à l’époque, les retraités de la RATP bénéficiaient d’une pension moyenne brute de 3 705 euros contre une fourchette allant de 1 260 euros (unipensionnés) à 1 410 euros (polypensionnés) pour les retraités du régime général. Soit un écart de 2 445 à 2 295 euros entre les retraités de la RATP et ceux du privé.

Comme nous l’avions expliqué plusieurs fois à l’époque (ici, ou encore ), ces chiffres étaient trompeurs, comparant en effet, côté RATP, une pension brute moyenne en équivalent carrière complète (une donnée ne correspondant pas aux retraites effectives) pour les nouveaux retraités de 2017 à une pension brute moyenne, côté régime général, de l’ensemble des pensionnés fin 2017 (donc pas seulement des nouveaux retraités de 2017). Et quelle que soit la nature de leur carrière (donc pas uniquement les carrières complètes). Bref, deux paramètres, et non des moindres, diffèrent entre les deux catégories que cette infographie met en regard. Ce qui vide la comparaison de toute signification.

Ecart deux fois moins important

Comme nous l’expliquions alors, il existait bien un écart entre la pension moyenne touchée par les retraités de la RATP et celle dont bénéficiaient les pensionnés du privé, dû aux différences de calcul des pensions mais aussi aux différences de qualifications entre les deux catégories. Mais il était en réalité deux fois moins important qu’affiché dans l’infographie du Parisien.

En comparant chaque catégorie et en retenant cette fois-ci l’ensemble des retraités, fin 2016, ayant eu une carrière complète, on arrivait, selon le rapport de la Cour des comptes de juin, à 3 000 euros de pension moyenne brute pour les retraités unipensionnés de la RATP, contre 1 820 euros pour les retraités unipensionnés du privé. Soit un écart de 1 180 euros, et non plus de 2 445 euros. Pour les polypensionnés, l’écart grandit un peu (1 380 euros), mais n’atteint toujours pas celui du Parisien (2 295 euros).

Par ailleurs, comme notre article le spécifiait, comparer une entreprise en particulier – en l’occurrence la RATP – à l’ensemble des retraités du secteur privé n’a pas grand sens, tant chaque entreprise a sa propre structure de qualifications, et donc de rémunérations, sur lesquelles sont ensuite calculées les retraites.

La Cour des comptes avait ainsi procédé à une comparaison entre, d’un côté, les pensions du secteur privé des transports, et de l’autre, les pensions de la SNCF-RATP. Certes, les chiffres étaient anciens (ils concernent les générations nées entre 1940 et 1946), mais ils montraient un vrai resserrement de l’écart entre niveaux de retraites, la différence entre la pension moyenne du secteur privé des transports et la pension moyenne accordée à la SNCF et à la RATP n’était plus que de 420 euros.