A-t-il récidivé aussitôt sorti de garde à vue ? Ce lundi 24 mars, plusieurs médias ont rapporté que le conducteur de la BMW noire à l’origine d’un spectaculaire carambolage, samedi matin dans le XVe arrondissement de Paris, aurait été de nouveau interpellé au volant d’une voiture. Or, il n’est pas concerné par cette seconde interpellation, comme CheckNews en a obtenu la confirmation.
Lundi matin, William Molinié, rédacteur en chef adjoint à Europe 1, rapportait ainsi, dans une publication sur X : «Accrochez-vous… Le conducteur du véhicule qui a refusé d’obtempérer samedi matin à Paris, provoquant un carambolage monstre et des blessures à dix policiers, a à nouveau été interpellé peu après minuit à bord d’un véhicule, avec le même passager, dans le VIe arrondissement.» Son tweet a dans la foulée été suivi d’un article du JDD, autre média de la galaxie Bolloré, dont le titre indique : «Le conducteur à nouveau interpellé… moins de 24 heures après les faits.» «L’individu a été arrêté une nouvelle fois, dans la nuit de samedi à dimanche, pour conduite durant une rétention du permis de conduire», lit-on dans ce papier qui se contente de citer William Molinié.
Réactions indignées
Une heure après la publication X du journaliste d’Europe 1, le Parisien renchérissait en titrant : «A peine sortis de garde à vue, le conducteur et un passager à nouveau arrêtés.» Depuis, le titre a été modifié, mais il est encore visible dans un tweet de la rubrique Faits divers du Parisien. Et on lit toujours dans l’article : «Cette fois-ci, le conducteur avait eu la bonne idée de reprendre le volant sans permis de conduire.» Une formule suggérant qu’il s’agit bien du même conducteur, interpellé samedi pour refus d’obtempérer, puis de nouveau, selon le papier, «dans la nuit de dimanche à ce lundi» pour conduite sans permis. A noter que le Parisien et le JDD ne datent pas les faits au même moment, le second évoquant une interpellation survenue «dans la nuit de samedi à dimanche».
Du côté des syndicats policiers, ces révélations ont suscité des réactions indignées. «21 mars : refus d’obtempérer, dix policiers blessés. 24 mars : les deux mis en cause interpellés. Libres entre-temps. Sans permis. Fausses identités. Combien de policiers faut-il blesser pour être incarcérés ?» a commenté Alliance Police nationale, sur X toujours. «Ce que cela montre, c’est que la police et la justice ne leur font absolument pas peur», déplore le dirigeant d’un autre syndicat auprès de CheckNews.
Problème : l’information est en partie fausse. L’homme qui se trouvait au volant de la voiture à l’origine de l’accident survenu samedi à l’aube ne fait pas partie des deux personnes nouvellement interpellées dans la nuit de dimanche à lundi, selon les informations de CheckNews.
Le conducteur déféré en comparution immédiate
Pour rappel, un conducteur et ses deux passagers ont été arrêtés samedi, vers 05h45, dans le secteur de la gare Montparnasse, après avoir provoqué un accident lors duquel trois véhicules de police se sont encastrés les uns dans les autres, et dix policiers ont été légèrement blessés. Les forces de l’ordre avaient pris en chasse la BMW après qu’elle avait refusé de se soumettre à un contrôle routier et pris la fuite. Après un passage par l’hôpital pour des blessures superficielles, les trois mis en cause étaient placés en garde à vue, tandis que le parquet de Paris ouvrait une enquête pour «refus d’obtempérer aggravé par la mise en danger de la vie d’autrui et blessures involontaires». On apprenait ensuite, par la voix du préfet de police Laurent Nuñez, que les trois individus interpellés sont respectivement âgés de 19, 22 et 30 ans, et que deux d’entre eux étaient auparavant déjà défavorablement connus des services de police.
Contactée par CheckNews, la préfecture de police indique que ce lundi matin, autour de 00h15, «les policiers ont procédé au contrôle d’un véhicule avec deux individus à bord. Après les vérifications effectuées, ils ont interpellé le conducteur pour conduite malgré une rétention du permis de conduire. Le passager a également été interpellé, l’identité communiquée aux policiers étant imaginaire». Les vérifications ont également permis de constater que les deux individus à bord n’étaient autres que les deux passagers présents dans la BMW à l’origine du carambolage samedi, comme l’indiquent deux sources policières jointes par CheckNews.
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Ce que vient de confirmer le parquet de Paris, ce lundi après-midi : après avoir «été remis en liberté, aucune infraction n’étant retenue contre eux», les passagers «ont tous deux été de nouveau interpellés» peu après minuit. Interrogé sur la raison de la rétention du permis de conduire imposée à l’individu qui se trouvait au volant cette nuit, laquelle a donc fondé son interpellation, le parquet n’a pas pour l’heure fourni plus de précisions.
Quant au conducteur de la BMW qui a causé l’accident de samedi au petit matin, identifié par le parquet comme un homme de 30 ans nommé Alan M., il a été déféré en comparution immédiate ce lundi. Or, le déferrement intervient en principe à l’issue d’une garde à vue, ce qui implique qu’Alan M. ait été maintenu en garde à vue jusqu’à sa présentation devant la justice ce jour. «Il lui est reproché les infractions de refus d’obtempérer aggravé par la mise en danger, délit de fuite, défaut de maîtrise et conduite sous l’empire alcoolique», énumère le parquet, qui omet de préciser si le prévenu a reconnu sa culpabilité.