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Nouvelle-Calédonie : que sait-on des trois civils morts pendant les émeutes ?

La vague de violence en cours dans l’archipel a fait cinq morts. En plus des deux gendarmes, trois jeunes Kanaks sont décédés.
Un rassemblement d'habitants dans une rue de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, le mercredi 15 mai 2024. (Nicolas Job/AP)
par Anaïs Condomines, Juliette Bujko, Mathis Planès et Tanguy Patoux
publié le 16 mai 2024 à 16h20

Le bilan depuis le début des émeutes en Nouvelle-Calédonie s’élève désormais à cinq morts. Un gendarme a été tué ce jeudi matin en Nouvelle-Calédonie à la suite d’un «tir accidentel» d’un autre membre des forces de l’ordre, a annoncé le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin dans un message à l’AFP. Ce décès fait suite à celui d’un premier gendarme, mercredi, mais aussi de trois civils, à propos desquels les informations ont mis du temps à être communiquées.

Lors d’une conférence de presse donnée jeudi matin, Louis Le Franc, le Haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie a indiqué que trois Kanaks avaient été tués «par des particuliers». Les victimes sont deux hommes de 19 et 36 ans et une adolescente de 17 ans.

Impasse Balard

La première victime, Gibril Saïko Salo, 19 ans, était en première année de BTS, d’après le communiqué officiel de la commune de Maré. «Il se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment», écrit la maire. Le jeune homme aurait été blessé par balle, par «quelqu’un qui a certainement voulu se défendre sur un barrage», a expliqué Louis Le Franc devant la presse. Il serait décédé peu après son admission aux urgences dans la nuit de mardi à mercredi.

Lors d’une conférence de presse, Louis Le Franc a affirmé que cet évènement tragique aurait eu lieu impasse Balard, dans le quartier de Ducos à Nouméa. C’est dans cette même impasse que la jeune fille de 17 ans aurait perdu la vie, selon le Haut-commissaire de la République

Sur Facebook, plusieurs photos et vidéos des corps des victimes ont circulé, semblant étayer les déclarations de Louis Le Franc. Une vidéo, notamment, montre deux corps de part et d’autre d’une route. On y aperçoit les deux abribus de l’impasse Balard, ce qui permet de situer la scène à proximité du rond-point de Ducos. Des images montrent le corps d’un homme effondré sur le siège conducteur d’un pick-up. Une seconde le montre au sol, entouré par les secours. Quant au corps de la jeune fille, il est filmé au sol, de l’autre côté de la route.

Pour autant, d’après Médiapart, et contrairement à ce qu’à affirmé Louis Le Franc, le jeune homme aurait été tué à un autre endroit, « à proximité du rond-point de Tindu, dans le quartier du même nom, situé au Nord-Ouest de Nouméa. » L’homme inanimé que l’on voit dans un véhicule, impasse Balard, ne serait donc pas Gibril.

«Abandonné comme une vulgaire bête sauvage»

Mercredi soir, la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) a dénoncé la mort de Gibril Saïko Salo dans un communiqué. «Le plus inquiétant, ce sont les conditions dans lesquelles ce jeune homme a été abattu et surtout abandonné sur la route comme s’il s’agissait d’une vulgaire bête sauvage, ou pire d’un criminel récidiviste.»

Interrogé ce jeudi matin sur France 2, Gérald Darmanin a annoncé que le suspect du meurtre des deux jeunes victimes avait été interpellé. Le ministre a affirmé que ces dernières «venaient manifestement pour voler une voiture» et se seraient fait «tirer dessus à balle réelle». Une déclaration qui suppose que le jeune homme et la jeune fille ait été tué au même endroit, ce qui n’est donc pas établi à ce stade, des informations contradictoires circulant sur le sujet.

Concernant la troisième victime, un homme de 36 ans, «il est de Kaméré» a déclaré le Haut-commissaire – sans toutefois préciser s’il avait été tué dans ce quartier. A l’heure actuelle, CheckNews n’est pas en mesure de géolocaliser les images montrant la découverte d’un corps pouvant correspondre à cette victime.

Cette vague de violences a commencé lundi alors que l’Assemblée examinait une révision constitutionnelle visant à élargir le corps électoral à tous les natifs calédoniens et aux résidents depuis moins de dix ans pour les élections provinciales. Une «menace sérieuse pour notre vivre-ensemble» selon la CCAT, qui organise depuis plusieurs semaines la mobilisation en marge de ces discussions.

Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat avec le CFPJ pour le journal d’application de la promotion 66.

EDIT : MAJ le 20 mai à 20h40 avec mention de l’article de Médiapart affirmant que Gibril a n’a pas été tué impasse Balard, contrairement à ce qu’avait déclaré Louis Le Franc, et à ce que nous avions écrit dans une première version de ce article.