Question posée par Martine le 24 octobre 2021
Le débat, en matière de chauffage des terrasses extérieures de bars, cafés, restaurants et brasseries, est revenu dimanche sur RTL, lors de l’émission du «Grand Jury». Invité, Eric Zemmour y a déclaré : «On veut supprimer les terrasses chauffées.» La France est en réalité déjà passée de la réflexion à l’interdiction.
La mesure est prévue dans la loi dite «climat et résilience». Porté par la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, le projet avait été déposé le 10 février à l’Assemblée nationale, et le texte final a finalement été adopté le 22 août. Mais les cafetiers vont encore pouvoir allumer braseros, rampes à infrarouges ou autres parasols chauffants encore un hiver, l’application de cette mesure ayant été reportée au printemps 2022.
Report décidé par les députés
Après que la métropole de Rennes a ouvert la voie en décidant de mettre fin aux terrasses chauffées dès le 1er janvier 2020, un premier pas au niveau national a été franchi en juillet 2020. Au sortir d’un conseil de défense écologique ayant réuni une dizaine de membres du gouvernement, Barbara Pompili a annoncé son intention d’«interdire le chauffage extérieur sur l’espace public, sur les terrasses, et imposer de fermer les portes de tous les bâtiments chauffés ou climatisés, ouverts au public».
Par la suite, la confusion a longtemps régné quant à la date d’entrée en vigueur de l’interdiction, destinée à supprimer une source d’émissions carbone. Barbara Pompili a d’abord laissé entendre, dans une interview estivale accordée au Courrier picard, que la mesure avait été repoussée d’un an pour tenir compte des conséquences économiques de la pandémie de Covid-19. «J’entends évidemment les difficultés des cafetiers et des restaurateurs et c’est pourquoi cette mesure ne s’appliquera pas cet hiver, mais l’année prochaine», avait précisé la ministre. Avant d’indiquer, sur son compte Twitter, qu’il s’agissait en fait du calendrier envisagé dès le début : «Pour que les choses soient claires : il n’y a AUCUN report dans l’application de l’interdiction du chauffage des terrasses. Nous avons toujours dit qu’au regard des difficultés du secteur dans un contexte de crise sanitaire, nous appliquerions la mesure après l’hiver 2020-2021.»
A lire aussi
Le report est en fait venu des parlementaires. Et plus précisément de la Commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi, qui a modifié en mars dernier la date inscrite dans le projet d’origine, afin de laisser une année supplémentaire aux bars et restaurants, établissements qui étaient encore fermés à ce moment-là. L’idée étant que ce délai rallongé puisse permettre d’offrir un «horizon plus favorable» aux professionnels du secteur, avait alors assuré Mickaël Nogal, député La République en marche (LREM) et corapporteur du texte.
Décret d’application à venir
Depuis, la loi a donc été adoptée avec cet amendement. Son article 181 dispose que «l’utilisation sur le domaine public de systèmes de chauffage ou de climatisation consommant de l’énergie et fonctionnant en extérieur est interdite», avec une entrée en vigueur prévue au 31 mars 2022. Un décret doit venir préciser les conditions de cette interdiction, comme l’indique une section du site du ministère de l’Intérieur portant sur la réglementation dans les bars et restaurants.
Sur ce point, le site du ministère de la Transition écologique rentre légèrement plus dans le détail, en expliquant que, «afin de tenir compte des contraintes de chacun, le projet de décret permettra d’identifier les cas nécessitant une attention particulière pour la mise en œuvre de l’interdiction ou l’accompagnement». Des accompagnements oui, mais pas d’exception, cette possibilité n’étant nullement envisagée dans le contenu de la loi.