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Où en sont les démarches judiciaires de Brigitte Macron à propos de la rumeur la présentant comme née homme ?

L’avocat de la Première dame indique à «CheckNews» que les deux femmes à l’origine de la fake news, la présentant comme étant né Jean-Michel Trogneux, seront jugées en mars 2025 pour diffamation.
Brigitte Macron, en visite en Suède, le 31 janvier 2024. (Johan Nilsson/AFP)
publié le 19 mars 2024 à 16h53

Depuis la fin de l’année 2021, Natacha Rey, une femme issue des milieux complotistes se présentant comme «journaliste indépendante», affirme que Brigitte Macron ne serait pas une femme, mais qu’elle serait née homme sous l’identité de Jean-Michel Trogneux, son frère. Par conséquent, Emmanuel Macron cacherait à la France entière qu’il a épousé une personne trans, qui aurait eu recours à la chirurgie mais aussi à tout un complot au niveau de l’Etat pour masquer sa véritable identité.

Parue initialement dans la revue confidentielle Faits et documents, la rumeur a été popularisée grâce à une longue vidéo de quatre heures diffusée sur YouTube par la médium Amandine Roy en décembre 2021 et vue alors des centaines de milliers de fois. L’histoire a ensuite été reprise par ce qui se fait de pire en matière de relais et profiteurs des théories complotistes, sans qu’elle ne trouve écho dans l’opposition politique à Emmanuel Macron. Le bobard aux relents transphobes a cependant continué à proliférer dans ces sphères conspirationnistes, où plusieurs comptes influents, comme Mike Borowski ou Zoé Sagan, s’en servent pour attiser la haine contre Emmanuel Macron et son épouse.

«Il y a quand même des fadas»

Dernièrement, au mois de mars 2024, la rumeur est revenue sur le devant de la scène médiatique à deux occasions. Le 8 mars, lors de la journée de la lutte pour les droits des femmes, le reporter politique de TF1, Paul Larrouturou interroge le président Emmanuel Macron sur les pires attaques machistes ou sexistes, auxquelles il a pu assister en tant qu’homme politique. La question est également guidée sur le cas de son épouse Brigitte Macron.

Après avoir évoqué les «petits gestes du quotidien» qui sont «insupportables», le président de la République cite «les fausses informations et les scénarios montés avec des gens qui finissent par y croire. Et qui vous bousculent dans votre intimité. Je n’en dirais pas plus.» Le journaliste le relance en évoquant les gens «qui disent que votre femme est un homme ?». «Oui, c’est ça, il y a quand même des fadas», répond Emmanuel Macron.

Cette déclaration fait alors l’objet d’une dépêche AFP, reprise par de nombreux médias. A l’étranger, le journal britannique The Daily Mail y consacre un article intitulé «Emmanuel Macron, furieux, s’exprime enfin sur les allégations selon lesquelles sa femme Brigitte est née HOMME : Le président français évoque les conséquences sur l’“intimité” du couple – après que sa belle-fille a relancé la rumeur dans une interview.» Une référence à l’édition du 29 février du magazine Paris Match, dans lequel Tiphaine Auzière (fille de Brigitte Macron) indique qu’elle ne rend pas sur le réseau social X, en raison de la désinformation qui y règne. Elle glisse alors cette phrase : «J’ai une inquiétude sur le niveau de la société quand j’entends ce qui circule sur les réseaux sociaux à propos de ma mère qui serait un homme.»

Quelques jours plus tard, le 13 mars, la rumeur réapparaît de l’autre côté de l’Atlantique. Dans son podcast, la commentatrice politique américaine, Candace Owens, proche de Donald Trump, affiche l’article du Daily Mail et invite Brigitte Macron à prouver qu’elle n’est pas un homme en publiant des photographies de son enfance. Selon elle, le fait que la Première n’ait pas publié de telles photographies serait suspect et compromettrait la presse française qui aurait couvert l’identité secrète de Brigitte Macron. Une partie de l’extrême droite américaine s’empare du sujet, qui permet de diffuser des messages insultants à l’égard de la communauté trans et de nuire à l’image du président français.

Face à la rumeur grandissante sur les réseaux sociaux, le cabinet de Brigitte Macron avait indiqué à CheckNews en décembre 2021, que l’épouse d’Emmanuel Macron allait déposer plainte. Sollicité, l’avocat Me Jean Ennochi, qui défend Brigitte Macron assure que deux formes de poursuites ont été engagées, au début de l’année 2022.

Thèse fantasque

Une plainte au pénal pour diffamation «contre les deux dames à l’origine de la vidéo de quatre heures» a été déposée par Brigitte Macron et son frère Jean-Michel Trogneux. «Elle sera plaidée en mars 2025 devant la 17e chambre» du tribunal judiciaire de Paris, annonce l’avocat. «La plainte a été instruite par la doyenne des juges d’instruction. Elle a fait l’objet de recours devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris, qui a débouté ces dames. Ensuite le procureur a demandé le renvoi devant le tribunal correctionnel. Et la juge a rendu une ordonnance de renvoi. Ça a donc été envoyé à une première audience, fin janvier 2024. Elles avaient dix jours pour formuler une offre de preuve. Elles n’ont pas usé de cette faculté.» Dans sa dépêche du 8 mars, l’AFP citant une source proche du dossier, précisait que les deux femmes seront jugées le 6 mars 2025.

La seconde était une assignation au civil pour violation de la vie privée et au droit à l’image, déposée par Brigitte Macron, ses enfants et son frère. En mars 2023, l’AFP rapportait que le tribunal judiciaire de Paris avait annulé cette assignation après avoir estimé que les faits qu’elle dénonçait auraient dû être qualifiés de diffamation publique. «Parallèlement on avait fait une plainte au civil pour atteinte au droit à l’image et à la vie privée. Le juge nous a dit : cette procédure civile finalement, vous auriez dû aller directement en diffamation. On a dit très bien, puisqu’on était déjà allé en diffamation, on reste là-dessus. Nous n’avons donc pas fait appel», explique l’avocat de Brigitte Macron. Il défend que cette assignation avait été décidée car elle portait sur les photos de la famille de Brigitte Macron, qui avait été diffusées dans la vidéo de quatre heures des deux femmes à l’origine de la rumeur.

Interrogé sur la possibilité de nouvelles plaintes contre d’autres personnes ayant relayé cette thèse fantasque, Me Jean Ennochi indique que l’épouse du Président et son frère n’ont pas souhaité médiatiser davantage l’affaire et n’ont donc pas attaqué d’autres individus.