Objet d’innombrables bobards et approximations lors de la réforme des retraites, la revalorisation de 100 euros du minimum contributif, qui va s’appliquer à la rentrée pour les nouveaux retraités, continue d’être l’objet de nombreuses incompréhensions.
Ainsi, à en croire plusieurs articles publiés ces deux dernières semaines, 200 000 retraités modestes liquidant leur pension après le 1er septembre bénéficieront cette année, grâce à la réforme des retraites, d’un gain de 100 euros. CNews affirme ainsi : «Alors que la réforme des retraites entrera en vigueur le 1er septembre prochain, de nombreux ménages attendent la future revalorisation des pensions, qui sera de 100 euros. Cette revalorisation de 100 euros brut par mois concernera près de 200 000 personnes chaque année.»
Cette présentation est (hélas) fausse. A l’origine, on trouve un communiqué du ministère du Travail daté du 11 août. Le texte fait état des décrets pris pour l’application de la mesure et avance : «Ces décrets revalorisent le minimum de pension à hauteur de 100 euros par mois pour les personnes partant en retraite à compter du 1er septembre 2023. Cette mesure s’appliquera aux salariés, aux artisans-commerçants ainsi qu’aux agriculteurs. Environ 200 000 nouveaux retraités en bénéficieront chaque année, soit environ un départ sur quatre.»
«Pension minimale proratisée»
Comme CNews, divers médias (comme ici ou là) ont repris ce communiqué en affirmant (ou suggérant) que 200 000 personnes touchant une petite retraite bénéficieraient dès la rentrée d’une hausse de 100 euros de leur pension. Sauf que la revalorisation de 100 euros du «minimum de pension» citée par le communiqué n’implique pas forcément une revalorisation de 100 euros des petites pensions.
En année pleine, environ 200 000 nouveaux retraités (soit 1 sur 4) devraient bien voir, du fait de la réforme, leur pension revalorisée d’un maximum de 100 euros. Mais cela ne veut pas dire que tous verront leur petite retraite augmenter de ce montant. «Notamment, précise le ministère du Travail, car cette pension minimale est proratisée en fonction de la durée validée, et le montant alloué écrêté lorsque la pension devient supérieure à la pension minimale.» Selon l’étude d’impact qui accompagnait le projet de loi réformant les retraites, le gain moyen, pour les futurs retraités (alors évalué à 180 000 par an en année pleine), s’établissait à 400 euros par an, soit 33 euros par mois.
«Un gros tiers»
Lors des débats, le ministre du Travail Olivier Dussopt avait d’ailleurs produit à plusieurs reprises des éléments chiffrés sur le sujet. Le ministre avait ainsi déclaré : «Sur les 800 000 nouveaux retraités par an, 200 000 auront une pension revalorisée. Sur ces 200 000 personnes qui auront une pension meilleure grâce à la réforme, un gros tiers aura une revalorisation supérieure à 70 euros.»
Olivier Dussopt avait aussi avancé des données plus précises à propos des nouveaux retraités bénéficiaires du gain maximum (soit, donc, 100 euros), brandissant un tableau sur les personnes «bénéficiant d’un gain d’au moins +100 euros de la revalorisation des minima de pension en flux par génération». II y était fait état de 13 289 bénéficiaires pour la génération 1962, et 39 188 bénéficiaires pour la génération 1972. En clair, en année pleine, ce ne seront pas 200 000, mais entre 10 000 et 40 000 retraités modestes qui devraient bénéficier d’un gain de 100 euros (par rapport à ce qu’elle aurait été sans la réforme).