L’élection à la présidence argentine, dimanche 19 novembre, du candidat libertarien et d’extrême droite, Javier Milei, a beaucoup fait réagir. Parmi les vidéos montrant les esclandres de cet économiste devenu homme politique, des images, notamment relayées par plusieurs députés de gauche sur X, le montrent en train d’agiter frénétiquement une tronçonneuse devant une foule d’admirateurs. «Le nouveau président [Javier] Milei agitait régulièrement une tronçonneuse pour symboliser ses coupes à venir dans les dépenses publiques. “Anarcho-capitaliste”, climatosceptique, anti IVG, admirateur de Bolsonaro [et] Trump…», écrit ainsi la députée insoumise Clémentine Autain. Ces images ont été tournées lors de son passage à Olavarría, une ville de la province de Buenos Aires, pendant la campagne, le 15 septembre. «Le candidat libertaire [...] a salué des centaines de personnes, a dédicacé des dollars et a même osé démarrer la tronçonneuse au milieu de la foule», décrit le média argentin Perfil.
Le nouveau président 🇦🇷 J. Milei agitait régulièrement une tronçonneuse pour symboliser ses coupes à venir dans les dépenses publiques.
— Clémentine Autain (@Clem_Autain) November 20, 2023
"Anarcho-capitaliste", climatosceptique, anti IVG, admirateur de Bolsonaro/Trump…
Soutien aux https://t.co/WRXdCgdjiW qui lui résisteront. pic.twitter.com/GxIvw6aYOp
La patronne du FMI espère "collaborer étroitement" avec Javier Milei, le nouveau président argentin. Pour l'ordre établi, du moment que l'extrême droite est pro-business, tout roule ! pic.twitter.com/FYjbK7ylIh
— François Ruffin (@Francois_Ruffin) November 20, 2023
Ce geste est devenu un gimmick particulièrement apprécié de ses supporters, qui l’ont reproduit pendant la campagne, en signe de soutien, et le soir du second tour pour célébrer sa victoire. Lors de son passage en campagne dans d’autres villes, le candidat du parti La Libertad Avanza («la Liberté avance») a agité la tronçonneuse à plusieurs reprises, comme le 12 septembre, à la Plata, le 24 septembre à Corrientes, dans le nord du pays ou encore, de retour dans la province de Buenos Aires, à San Martín le 25 septembre. Le 9 octobre, à l’issue du débat opposant les prétendants à la tête de l’Etat, le journaliste Carlos Alvarez lui offrait une tronçonneuse, sur un plateau TV, lui demande de ne pas «l’utiliser» contre les retraités. Ce que le candidat a promis de ne pas faire.
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La machine tranchante est évoquée par Javier Milei depuis les prémices de sa course à la présidentielle, comme mot d’ordre pour résumer son programme ultralibéral. Dans une vidéo mise en ligne le 15 mars, par un compte de soutien sur Instagram, Javier Milei apparaît déjà avec une figurine de sa personne tenant l’outil en main. Il y évoque son «plan tronçonneuse». «C’est parce que nous allons passer les dépenses publiques à la tronçonneuse», explique-t-il, avant de se lancer dans une tirade provocatrice (diffusée en version coupée et montée) contre la classe politique argentine : «Tremblez, les politiciens ! Continuez de mentir aux gens. Bande de délinquants. Voleurs. Ils n’aiment pas notre plan car ils ne pourront plus croquer. Ils ne pourront plus voler. Ils devront travailler comme des gens honnêtes.»
«Privatisation de toutes les entreprises»
En juin 2022, lors d’une rencontre avec ses soutiens locaux organisée à Córdoba, alors qu’il n’était pas encore candidat, Javier Milei préparait déjà sa candidature à la présidence en présentant son fameux «programme à la tronçonneuse» : en finir avec «les travaux publics», en mettant en place un «système d’initiative privée à la chilienne», comme le rapporte Perfil. «Nous devons aussi mettre fin à cet oxymore qu’est l’entreprise publique», avait-il déclaré, pour mettre fin à la «bureaucratie des planqués et des parasites». «Nous devons aller de l’avant, avec la privatisation de toutes les entreprises. Regardez le désastre que le kirchnérisme [nom donné au mouvement péroniste des anciens présidents Néstor et Cristina Kirchner, ndlr] a causé à YPF», la compagnie pétrolière argentine. Et d’ajouter, toujours selon les propos rapportés par Perfil : «Mettons fin à cette plaisanterie, à cet oxymore : cette source de corruption ne devrait pas exister, nous devons tout laisser entre les mains du secteur privé.» Parmi ses propositions pour redresser le pays et mettre un terme à l’inflation hors de contrôle en Argentine, le candidat souhaite dollariser l’économie, en remplaçant le peso par la devise américaine, et supprimer à terme la banque centrale.
Selon une analyse d’El Pais, la tronçonneuse a été un peu moins présente à la fin de la campagne, après l’alliance nouée avec la candidate conservatrice Patricia Bullrich, éliminée au premier tour, et l’ancien président libéral Mauricio Macri. Javier Miliei a dû modérer son message, après avoir qualifié ses alliés de circonstance «d’assassins et de voleurs lors de la campagne du premier tour». Sa tactique a alors surtout consisté à viser le gouvernement actuel, incarné par son adversaire au second tour, Sergio Massa, ministre de l’Economie. «Je suis venu pour mettre fin au cycle des attaques, et faire table rase pour en finir avec le kirchnérisme. Au-delà de nos différences, nous devons comprendre que nous avons en face de nous une organisation criminelle», avait-il déclaré.