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Que risque la spectatrice à l’origine de la chute collective dans le Tour de France ?

Tour de France 2021dossier
La spectatrice mise en cause est actuellement recherchée dans le cadre d’une enquête pour «blessures involontaires». Elle est également visée par une plainte au civil, déposée par l’organisateur du Tour.
Quelques instants avant la chute collective sur la première étape du Tour de France, samedi. (Capture d'écran via France 2)
publié le 27 juin 2021 à 12h52
Question posée par Sylvain le 26 juin,

Bonjour,

Votre question porte sur l’impressionnante chute survenue sur la première étape du Tour de France, samedi 26 juin entre Brest et Landerneau (Finistère). D’abord peu claires en direct, les circonstances de l’incident apparaissent en réalité sans équivoque sur des images passées au ralenti : c’est une pancarte, tenue par spectatrice tournant le dos au peloton, qui a causé la chute d’un premier coureur, Tony Martin, entraînant de nombreux autres derrière lui. Résultat : de longues minutes d’anarchie et l’abandon, plus tard, de l’allemand Jasha Sütterlin (Team DSM). Plus précisément, vous demandez à CheckNews ce que risque la spectatrice à l’origine de cette chute.

Ce n’est pas la première fois que ce type de scène vous interroge. En 2018, CheckNews se penchait déjà sur cette question alors que l’Italien Vincenzo Nibali était contraint d’abandonner la course. Il avait chuté après avoir accroché, avec le guidon de son vélo, la sangle de l’appareil photo d’un spectateur.

L’Union cycliste internationale (UCI), qui réglemente le cyclisme international, nous présentait alors les différents types d’actions pouvant faire suite à ce type d’incidents. Les réponses apportées peuvent être de trois sortes : disciplinaire, civile et pénale.

Mesures de sécurité suffisantes

Sur le volet disciplinaire, d’abord. En ce qui concerne la personne à l’origine de la chute, c’est assez simple : «Si le spectateur n’est pas un licencié de l’UCI, il n’est pas soumis aux règlements de la Fédération et ne peut pas être sanctionné à ce titre», indique l’institution. Mais dans le cadre d’une action disciplinaire, l’organisateur du Tour, en l’espèce le groupe Amaury Sport Organisation (ASO) peut lui aussi se voir réclamer des comptes.

En effet, l’article 12.4.014 du règlement UCI, portant sur les défauts de sécurité, prévoit bien que «tout organisateur répond de l’ordre et de la sécurité sur le parcours de la course et dans ses abords immédiats. Il répond de tout incident et est passible de mesures disciplinaires, à moins qu’il ne puisse prouver que les mesures organisationnelles concrètement mises en œuvre correspondaient aux normes de sécurité applicables en la matière et que, compte tenu des circonstances concrètes, elles étaient suffisantes sur les plans qualitatif et quantitatif». Questionnée pour savoir si elle avait saisi l’UCI, comme elle le fait normalement après chaque incident d’envergure, l’Association internationale des groupes cyclistes professionnels (AIGCP) n’a pas donné suite ce dimanche.

Une plainte sur le plan civil

Sur le plan civil, ensuite, l’UCI avait indiqué à CheckNews que «toute personne ou entité ayant subi un préjudice économique du fait de la chute serait légitime à demander réparation. Cela pourrait donc inclure l’équipe et l’organisateur suivant le cas de figure». C’est en effet précisément sur ce plan qu’a décidé d’agir l’organisateur de la course. Ce dimanche, le groupe Amaury Sport Organisation (ASO) a confirmé à CheckNews avoir porté plainte contre X.

Il reste enfin le volet pénal. Le cadre d’action est ici restreint puisque «seul le coureur blessé dispose a priori d’une action à l’encontre du spectateur l’ayant fait tomber» explique encore l’UCI. Contacté par CheckNews afin de connaître ses intentions, le groupe néerlandais Jumbo Visma, qui représente le cycliste Tony Martin, n’a pas encore donné suite. Mais le parquet de Brest a d’ores et déjà ouvert une enquête judiciaire pour «blessures involontaires avec incapacité n’excédant par trois mois, par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence», comme l’indique la gendarmerie du Finistère sur Facebook. Un délit passible d’une peine maximale d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende.

La gendarmerie du Finistère a également lancé un appel à témoin, car pour l’heure, la spectatrice mise en cause demeure introuvable. Elle aurait «quitté les lieux avant l’arrivée des enquêteurs» affirment les autorités.

correction
EDIT lundi 28 juin 9h : retrait de la phrase "dans le cadre d'une procédure civile uniquement".