Une vidéo massivement partagée sur les réseaux sociaux montre des dizaines de navires filmés depuis le hublot d’un avion. La voix d’un homme décrit la scène en espagnol (avec un accent argentin ou uruguayen) : «Panama, depuis les airs et regardez la quantité de bateaux ! On dirait une bataille navale ! C’est spectaculaire !» Non datée, la vidéo est apparue le 19 août sur les réseaux sociaux, où elle a été reprise par plusieurs médias hispanophones et internationaux pour commenter la situation actuelle aux abords du canal de Panama.
‼️ 200 cargo ships are stuck waiting to cross the Panama Canal
— What the media hides. (@narrative_hole) August 20, 2023
Water shortages caused by the worst drought in 100 years have forced the canal operators to reduce the flow of traffic and it could have serious consequences for the global supply chain pic.twitter.com/ch6DHJhuEb
Grâce aux éléments visuels présents dans cette vidéo, notamment la présence d’une plage et la forme du rivage, CheckNews a pu déterminer qu’elle a bien été filmée au sud du Panama, côté Pacifique, puisqu’on reconnaît en partie l’île de Taboguilla.
Les données consultées sur le site de suivi du trafic maritime, Marine Traffic, ce mardi 22 août à 17 h 30 montrent plus de 90 cargos et pétroliers à cet emplacement. Les données disponibles en libre accès ne permettent pas de savoir depuis combien de jours ces navires attendent à cet endroit. Certains y sont depuis plus de vingt-quatre heures.
La présence de navires à cet endroit n’est pas inédite. Des vues du ciel disponible sur Google Earth ou sur le site de la société Maxar, spécialisée dans l’imagerie satellite, montrent que la présence de nombreux bateaux dans cette zone est courante à différents moments de l’année. Mais elle est plus massive depuis plusieurs semaines, en raison de la sécheresse.
Conséquences pour l’économie
Depuis plusieurs mois, les autorités panaméennes alertent en effet sur le risque de sécheresse qui touche la région et ses conséquences pour le fonctionnement sur l’activité du canal, où passent chaque jour des dizaines de navires chargés d’importantes cargaisons. Pour faire passer les bateaux de l’océan Pacifique à l’océan Atlantique (ou inversement), les bateaux sont hissés à la hauteur du canal par un système d’écluses, qui nécessite près de 200 millions de litres d’eau par navire. Cette eau provient de trois lacs artificiels, dont les réserves servent également à alimenter la population et dont le volume dépend des précipitations.
En raison de la sécheresse, l’autorité administrative du canal de Panama a mis en place des mesures de restriction pour limiter les dépenses d’eau. Ainsi les cargaisons et le nombre de navires passant par ses écluses sont désormais limités. Depuis la fin du mois de juillet, seuls 32 navires sont autorisés à traverser le canal chaque jour, contre environ 36 en temps normal. Le tirant d’eau (c’est-à-dire la hauteur de la partie immergée du bateau qui varie en fonction de la charge transportée) ne doit plus dépasser les 13,41 mètres. Ces mesures sont prévues jusqu’à la fin de la sécheresse et la reprise de conditions météorologiques favorable au trafic maritime.
La presse latino-américaine s’inquiète des conséquences pour l’économie que pourraient avoir ces restrictions, notamment sur le prix des matières premières, pétrole en tête. La presse souligne régulièrement que le canal accueille entre 3,5 % et 6 % du commerce maritime mondial.