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Que sait-on de cette vidéo montrant des policiers israéliens frapper des juifs ultraorthodoxes à Jérusalem ?

La police israélienne indique être intervenue à Méa Shéarim, un quartier ultraorthodoxe juif et antisioniste de Jérusalem, pour effacer des slogans célébrant l’attaque du Hamas du 7 octobre et retirer des drapeaux palestiniens.
La vidéo a été tournée dans le quartier antisioniste de Méa Shéarim, à Jérusalem-Ouest. (instagram @popular.front)
publié le 3 novembre 2023 à 16h55
Question posée par Pierre-Nicolas le 2 novembre 2023

Une vidéo partagée jeudi 2 novembre par le compte Instagram anglophone Popular Front, qui dit «pratiquer des reportages locaux sur des conflits mondiaux», montre des policiers israéliens frapper un groupe de juifs ultraorthodoxes, reconnaissables à leurs tenues noires et leurs papillotes. Un agent de police pousse un habitant du quartier qui tombe au sol, puis va frapper un autre homme, jusqu’à l’enfermer derrière la grille d’entrée d’un immeuble. Selon Popular Front, ces images montrent «la police israélienne attaquant des juifs haredim antisionistes à Jérusalem-Ouest hier», soit mercredi 1er novembre. Ces images sont partagées pour accuser l’Etat d’Israël de s’en prendre violemment à la communauté juive ultraorthodoxe. Et de justifier ainsi la différence entre la critique d’Israël et celle contre la communauté juive.

Grâce au logo incrusté dans l’angle gauche de l’image, CheckNews a pu déterminer que cette vidéo a d’abord été partagée mercredi sur X (anciennement Twitter) par Betzedec, une ONG israélienne qui se dit spécialisée dans la couverture des violences policières. Depuis la création de ses comptes sur les réseaux sociaux en septembre 2020, Betzedec diffuse uniquement des vidéos de violences commises par des policiers, des militaires ou des agents de sécurité israéliens contre la communauté ultraorthodoxe juive.

Betzedec décrit les images partagées le 1er novembre ainsi : «Aujourd’hui, lors d’une descente de police visant à retirer les drapeaux palestiniens dans le quartier juif antisioniste de Méa Shéarim à Jérusalem, Les policiers israéliens ont été enregistrés en train d’attaquer les habitants et de les renverser sur la route, les tapant et les frappant au visage.» Et d’ajouter, dans un tweet suivant : «Assez de violences policières contre les juifs ultraorthodoxes.»

Des tags célébrant l’attaque du 7 octobre

Les éléments visuels disponibles sur cette image, notamment la plaque blanche de la yeshiva (un centre d’étude religieux) de Méa Shéarim en arrière-plan, confirment que les images ont été tournées dans le quartier de Méa Shéarim, à Jérusalem. La particularité de ce quartier est qu’il est peuplé par des juifs ultraorthodoxes, dont certains sont mêmes opposés à l’existence de l’Etat d’Israël. «Méa Shéarim est un bastion de certaines sectes ultraorthodoxes radicales. Un certain nombre de groupes présents dans le quartier, tels que Netouré Karta, sont fermement opposés à l’existence d’Israël et refusent de coopérer avec l’Etat», résume la version francophone du journal Times of Israël dans un article publié mercredi 1er novembre, qui explique que la police est intervenue pour effacer des graffitis célébrant les attaques meurtrières du Hamas commises le 7 octobre.

Dans deux tweets publiés mercredi, la police israélienne écrit que «les policiers du district de Jérusalem et les agents de la police des frontières ont travaillé dès le matin pour localiser et supprimer les graffitis haineux et soutenant l’action meurtrière de l’organisation terroriste Hamas du 7 octobre. Au cours d’une opération dans le quartier Méa Shéarim de Jérusalem, des troubles ont commencé, se traduisant par des jets de divers objets, notamment des œufs, de l’eau, des bouteilles et des pierres sur les policiers». La police ajoute que «les forces de l’ordre présentes sur place ont dispersé la foule qui scandait des slogans haineux à l’encontre de la police. A la fin des perquisitions, les drapeaux de l’Organisation de libération de la Palestine ont été retirés et, avec l’aide de la municipalité, les inscriptions nazies ont été effacées : 1 400 terroristes sionistes neutralisés”, “Sionistes = Nazis et bien d’autres encore».

«Enclave juive antisioniste»

Les messages de soutiens à la Palestine ne sont pas nouveaux dans ce quartier, puisque Google Street View montre que des slogans pro-palestiniens ou antisionistes figuraient déjà sur les murs du quartier en 2018 et en 2011. En faisant un tour du quartier grâce à la fonctionnalité de Google, on aperçoit les slogans «la Torah exige que toute la Palestine soit rendue à la souveraineté palestinienne», «le judaïsme rejette le sionisme», ou encore des drapeaux palestiniens accrochés en pleine rue et des drapeaux israéliens barrés. Plusieurs productions journalistiques consacrées à ce quartier, notamment ce reportage en français de la chaîne franco-israélienne i24 News, le présentent comme une «enclave juive antisioniste».

Les opérations de police dans le quartier sont courantes. D’autres images diffusées par Betzedec montrent que des policiers étaient intervenus en juillet pour retirer des drapeaux palestiniens flottant au-dessus des habitations de Méa Shéarim.