Depuis vingt-quatre heures, de nombreux commentateurs, dont plusieurs responsables politiques LFI, réagissent à un extrait d’une interview du député apparenté LR Meyer Habib sur Radio J. Dans cette séquence, le parlementaire, élu de la huitième circonscription des Français de l’étranger, est interrogé sur un possible «bras de fer entre l’Egypte et Israël» autour de la question de la bande de Gaza. «Parce que l’Egypte, pour l’instant, refuse d’accueillir ces Palestiniens…» avance la journaliste. «La grande solidarité arabe, ironise Meyer Habib. Parce qu’ils savent aujourd’hui le cancer qu’est cette population. A qui on a tout donné. Israël est sortie de la bande de Gaza.» Le député conclut ensuite : «Les Israéliens, laissez les travailler, ils savent quoi faire.»
En octobre, aucun politique n’avait relayé la polémique
Hadrien Clouet, député de la première circonscription de la Haute-Garonne dénonce un «discours génocidaire». «Si c’est ce qu’il est capable de dire en public, je n’ose imaginer ce qu’il peut dire en privé, a de son côté estimé le député La France insoumise de l’Essonne Antoine Léaument. Les Palestiniens n’ont pas à aller en Egypte : ils sont chez eux à Gaza ! Ça suffit !»
La séquence n’est est fait pas nouvelle : elle date du 20 octobre, environ deux semaines après l’attaque du Hamas. Meyer Habib était l’invité d’Ilana Ferhadian, dans la matinale de Radio J.
Elle avait déjà été dénoncée par plusieurs médias ou internautes, dès octobre et novembre 2023. Mais aucun politique français n’avait alors relayé la polémique.
Fin décembre, le député avait été mis en cause pour une autre sortie : 39 députés de gauche, issus des groupes écologiste, socialiste et insoumis, avaient demandé, dans un courrier adressé à la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, la levée de son immunité parlementaire.
«Et ce n’est pas fini !»
En cause, des propos tenus dans l’hémicycle, concernant déjà la situation à Gaza. «Alors que la ministre [des Affaires étrangères, Catherine Colonna] était invitée à réagir à la mort d’un agent du Quai d’Orsay [à la] suite des bombardements israéliens sur un bâtiment d’habitation abritant des civils, le député Meyer Habib a prononcé distinctement, et par deux fois, les mots : “Et ce n’est pas fini !”», avaient dénoncé les auteurs du courrier, pour qui ces propos peuvent «s’apparenter à l’apologie de crimes de guerre». Yaël Braun-Pivet avait refusé cette demande, au motif que «les propos tenus par un parlementaire dans l’hémicycle de l’Assemblée sont couverts, conformément à l’article 26 de la Constitution, par le principe d’irresponsabilité», qui ne peut être levé que par la justice.
Meyer Habib avait répondu aux députés de gauche en dénonçant «leur pétard mouillé» qui n’était, selon lui, «qu’un contre-feu grossier pour tenter de faire oublier l’apologie du terrorisme répétée, le négationnisme et l’antisémitisme à l’œuvre dans leurs rangs depuis le 7 octobre».
A noter que les propos du 20 octobre concernant «le cancer» n’ayant pas été tenus dans l’hémicycle, mais dans une interview, ils ne sont en principe pas couverts par l’immunité parlementaire de Meyer Habib. Celle-ci concerne en effet les propos tenus par les députés dans l’exercice de leur fonction au parlement, et non ceux tenus dans le cadre d’interviews notamment, comme l’a estimé la Cour de cassation.