Le soir du jeudi 19 octobre, un bâtiment de l’église orthodoxe grecque Saint-Porphyre de Gaza a été détruit à la suite d’une frappe dans le quartier de Zeitoun. Dans un communiqué publié jeudi, le patriarche orthodoxe de Jérusalem «a exprimé sa plus ferme condamnation des frappes aériennes israéliennes qui ont touché l’enceinte de son église dans la ville de Gaza». Bâtie autour de 1150, l’église Saint-Prophyre est la plus ancienne église encore active à Gaza. Le responsable religieux a qualifié l’attaque de «crime de guerre», rappelant que les églises servent d’abri «pour protéger les citoyens innocents, en particulier les enfants et les femmes qui ont perdu leur maison à cause des frappes aériennes israéliennes sur les zones résidentielles au cours des treize derniers jours».
Israël reconnaît être à l’origine de la frappe aérienne
Accusant également Israël d’avoir attaqué «des centaines de personnes déplacées à l’intérieur de l’église orthodoxe grecque de la ville de Gaza», le ministère gazaoui de l’Intérieur observait que la frappe a causé «un grand nombre de martyrs et de blessés», dans un communiqué diffusé à 22 h 30. L’agence de presse turque Anadolu rapporte ce vendredi 20 octobre que le porte-parole du ministère gazaoui de la Santé, Ashraf Qudra, a déclaré qu’au moins 16 chrétiens palestiniens figuraient parmi les personnes tuées lors de l’attaque israélienne contre l’église grecque orthodoxe. CheckNews est dans l’incapacité de confirmer ces chiffres. Plusieurs photographies prises jeudi soir montrent des personnes transportées sur des brancards à proximité de l’église. D’autres vidéos montrent des Palestiniens dans un hôpital, dont un homme se présentant comme un chrétien à Gaza, victime de la frappe.
Vendredi matin, un porte-parole de l’armée israélienne a expliqué à l’AFP que ses avions de combats ont touché un centre de commandement et de contrôle impliqué dans le lancement de roquettes et de mortiers en direction d’Israël, qui se trouvait à proximité de l’église. «A la suite de la frappe de l’IDF [l’armée israélienne, ndlr], un mur d’une église de la région a été endommagé», a reconnu l’armée israélienne, ajoutant que l’incident et le nombre de victimes sont «en cours d’examen».
Une annexe détruite
A partir des images filmées et photographiées sur place, jeudi soir et ce vendredi matin, CheckNews a pu déterminer que ce n’est pas l’église mais une annexe qui a été détruite. Travaillant pour l’agence de presse turque Anadolu, le photographe palestinien Ali Jadallah a pris plusieurs photos, disponibles dans les banques d’images, et diffusé sur son compte Instagram des vidéos des dégâts. On y voit des personnes pleurer autour des décombres et aussi un prêtre, identifiable à son col, dire en arabe : «C’est interdit de frapper les églises.»
Parmi les ruines photographiées, on distingue une plaque en arabe sur laquelle figure le nom de «l’église Saint-Porphyre de la communauté arabe orthodoxe à Gaza». Deux clichés de cette même plaque ont été publiés sur Google Maps par des visiteurs il y a un mois – où l’on retrouve également la porte d’entrée en métal – et treize ans. Le mur qui s’est effondré correspond donc à une entrée de l’église donnant sur la rue Al-Cheikh Mansour.
Les images prises par le photographe Ali Jadallah ne montrent pas de dommages sur l’église ni dans le cimetière et la cour. D’autres images prises ce vendredi matin par le photographe de l’AFP Dawood Nemer montrent l’ampleur des dégâts : l’édifice annexe est complètement en ruine. La légende présente le bâtiment détruit comme étant «l’annexe de l’église grecque orthodoxe» Saint-Porphyre. La plaque de l’entrée de l’église a également été photographiée parmi les décombres.
Cette église avait déjà fait l’objet d’articles de fact-checking rapportant qu’une fausse rumeur diffusée le 9 octobre affirmait qu’elle avait été détruite par une frappe israélienne.