Question posée par Guillaume, le 4 avril
Bonjour,
Vous nous interrogez au sujet d’une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, lundi. On y assiste à la violente agression d’un individu, dans un rassemblement d’une dizaine de personnes, au pied d’un immeuble à Bobigny (Seine-Saint-Denis). Tombé derrière une voiture sous les coups, l’individu se relève et se dirige vers les voies du tram. Il est alors heurté par le véhicule qui passe à ce moment-là, provoquant des hurlements. La vidéo est parfois accompagnée de commentaires faisant état du caractère antisémite de l’agression.
Sur Twitter, le candidat à la présidentielle Eric Zemmour, a relayé ces images en les qualifiant de «glaçantes» et en dénonçant un «silence assourdissant sur les faits».
Les faits remontent au 17 février 2022, et n’avaient dans un premier temps été rapportés que partiellement. Dans un article du Parisien, on apprenait qu’un homme avait été heurté par un tramway de la ligne 1 traversant Bobigny, au niveau de l’avenue Jean-Jaurès, et était décédé à la suite de ses blessures. Selon la RATP, «elle [la personne] a traversé la plate-forme des voies en dehors des traversées piétonnes». Une enquête a alors été ouverte pour homicide involontaire par le parquet de Bobigny. Il n’était fait état d’aucune agression avant l’accident mortel.
«Pourquoi la famille doit mener sa propre enquête ?»
Ce n’est que le 31 mars, sur Radio Shalom, que Gérald Cohen et Raphaël Cohen, respectivement le père et le frère de la victime, ont mentionné l’agression ayant précédé la mort du jeune homme, évoquant la vidéo qui circule aujourd’hui. «On a eu un témoignage déterminant d’une personne qui a pu filmer ce qui s’est passé et cette chose-là a pu relancer l’enquête d’une manière très importante», a déclaré le frère de la victime, expliquant que la famille avait reçu cet enregistrement après avoir lancé un appel à témoin «en distribuant des flyers».
Dans la même interview, la famille avait largement mis en cause le travail des enquêteurs : «Quelques jours après le décès de mon frère et sans avoir vu les caméras du tramway, l’enquêtrice qui m’a reçu me confirme que nous nous orientons vers un accident de la circulation. Ce qui est incompréhensible sans avoir vu les caméras», déplorait le frère de la victime. Dans la foulée, le père s’interrogeait : «Pourquoi la famille doit mener sa propre enquête et fournir les preuves à la police, à l’IGPN pour que l’enquête soit réouverte ? Si on n’avait pas fait d’appel à témoins concernant le massacre de mon fils, l’enquête serait passée à la trappe.» Selon le père, les «preuves recueillies ont été remises à la police au parquet et aux avocats».
Deuxième enquête
Selon les informations de i24NEWS, la famille n’est pas à l’origine de la diffusion de la vidéo sur les réseaux. «Nous avons pu nous entretenir avec le père de #JeremyCohen, très choqué par la diffusion de la vidéo à laquelle la famille était opposée. Il juge la diffusion des images de la mort de son fils d’une violence inouïe et regrette que sa dignité n’ait pas été respectée» a tweeté Noémie Halioua, journaliste de la chaîne.
Nous avons pu nous entretenir avec le père de #JeremyCohen, très choqué par la diffusion de la vidéo à laquelle la famille était opposée. Il juge la diffusion des images de la mort de son fils d'une violence inouïe et regrette que sa dignité n'ait pas été respectée. @i24NEWS_FR
— Noémie Halioua (@NaomiHalll) April 4, 2022
Dans un communiqué de presse envoyé ce lundi à la presse, le parquet de Bobigny a indiqué qu’une information judiciaire a été ouverte le 29 mars pour «violences volontaires en réunion ayant entraîné la mort sans intention de la donner». Selon le parquet, les éléments recueillis lors de la première enquête avaient permis d’établir que, «la victime avait subi des violences quelques instants avant l’accident». Une seconde enquête pour «violences volontaires en réunion» avait été ouverte, indique le communiqué qui assure que «les deux enquêtes étaient menées parallèlement». CheckNews n’est pas en mesure de confirmer que l’ouverture de la seconde enquête et de l’information judiciaire sont la conséquence de la réception d’éléments fournis par la famille.
Caractère antisémite en question
Dans l’interview à Radio Shalom, la famille déclare que Jeremie Cohen portait une kippa au moment où l’agression s’est produite. «Il y a une kippa qui a été retrouvée, ça, je peux vous le confirmer», assure le frère de la victime. Celle-ci n’est néanmoins pas visible sur la vidéo, très floue. Selon le père et le frère du jeune homme, celui-ci souffrait d’un handicap, «qui n’était pas visible physiquement».
Dans son communiqué de presse, le parquet ne fait pas mention d’un possible caractère antisémite et précise que «l’enquête se poursuit sous l’autorité d’un juge d’instruction et sur commission rogatoire confiée au service départemental de police judiciaire de Seine-Saint-Denis».